Et si nous devenions peu à peu tous des cyborgs ?
Et si la prothèse devenait un outils de performance ?
Et si Nike et Google changeaient de façon insidieuse nos corps ?
Et si l'exo-squelette devenait bientôt un moyen de transport banal ?
Et si le robot devenait le modèle auquel nous devrions ressembler ?
Bref et si nos rapports aux corps étaient complètement en train de se modifier ?
Et si cela changeait radicalement nos façons de penser la ville et ses mobilités ?
C'est pour débattre de ces questions, et de quelques autres, que nous avons invité :
Jean-Michel Besnier, Professeur de Philosophie à l'Université Paris-Sorbonne (Paris IV), chercheur au CREA (CNRS / Ecole Polytechnique) et auteur de "Demain les posthumains : Le futur a-t-il encore besoin de nous ?"
Voilà comment se présentent ses interrogations sur la question :
« Clones, robots, cyborgs, organes artificiels... : la science-fiction d'hier devient notre réalité et l'on se demande déjà comment préserver une définition de l'humain.
Chez ceux que les machines fascinent, Jean-Michel BESNIER perçoit une forme de lassitude - voire de honte - d'être seulement hommes. Aux autres qui, au nous d'idéaux humanistes, refusent les progrès techniques, il reproche en revanche leur inconséquence : n'ont-ils pas cru que la liberté humaine consistait à s'arracher à la nature - ce que la technique permet d'obtenir effectivement ?
Les métaphysiciens de toujours souhaitent que l'Esprit triomphe de la Nature.
Les visionnaires d'aujourd'hui, proclamant l'avènement du posthumain, annoncent la réalisation concrète de cette ambition. Grâce à son ingéniosité, l'homme n'aura bientôt plus le souci de naître : il s'autoproduira. II ne connaîtra plus la maladie : des nanorobots le répareront en permanence. Il ne mourra plus, sauf à effacer volontairement le contenu téléchargé de sa conscience.
Mais comment vivrons-nous dans ce monde-là ?
Quelle éthique nous mettra en harmonie avec une humanité élargie, capable d'inclure autant les animaux que les robots ou les cyborgs ?
Quels droits, par exemple, devrons-nous accorder à ces robots chargés, là où les hommes sont défaillants, de rendre nos fins de vie plus humaines ?
Les utopies posthumaines nous obligent à affronter ces questions, à évaluer nos dispositions à engager le dialogue avec cet autre, hier animal ou barbare, aujourd'hui machine ou cyborg. N'est-ce pas là justement, aujourd'hui comme hier, que se joue la grandeur de l'humain ? »
En introduction, François Bellanger a présenté "BODY".
Et pour continuer à réfléchir sur la question, vous pouvez toujours consulter Body.
Les Ateliers Transit-City ont lieu au Pavillon de l'Arsenal
de 8h45 à 11h