Friday, October 31, 2014

ET SI HANGZHOU PENSAIT DIFFÉREMMENT ...

Hangzhou c'est, aujourd'hui, un plus de 8 millions d'habitants et dix millions très bientôt. C'est donc une croissance annoncée qui va forcément fragiliser encore un peu plus l'éco-système exceptionnel mais très fragile de zones humides qui entourent la ville. 

Cette contrainte pourrait être une occasion unique de tenter de développer une nouvelle approche de ces zones humides en imaginant un urbanisme lacustre. C'est en tout cas ce que propose Gabriel Munoz Moreno avec son projet RE-Generator

Cela n'a évidement aucune chance de voir le jour, mais l'idée est pas inintéressante notamment dans le cadre des nouvelles relations que les villes vont devoir déployer dans leurs rapports aux océans et à la montée des eaux - voir  et .

Thursday, October 30, 2014

QUAND LE CAIRE, NEW-YORK, PARIS ET RIO SERONT MÉCONNAISSABLES

Une ville du Caire dominée par de nouveaux ziggurats verticaux et menacée par la montée des eaux.

Une ville de New-York devenue la ville d'un tiers monde néo-asiatique.

Une ville de Paris métamorphosée en un Coruscant que n'aurait pas renié Nouvel - voir .

Une ville de Rio de Janeiro ressemblant à un Manhattan tropical.

Ces images valent ce qu'elles valent, mais elles ont le grand mérite de nous proposer des visions de futurs crédibles, à défaut d'être forcément très désirables

Elles viennent du trailer visible  de "Civilization - Beyond the Earth". 

Ça permet de réfléchir un peu autrement - plus,  sur le sujet.

Wednesday, October 29, 2014

LA CHINE DE DEMAIN ?

La Chine c'est quoi ?

- une dictature (oui, désolé de le rappeler, mais bon...)
- un énorme marché (notamment pour mes clients qui m'envoie là-bas)
- un urbanisme retrograde
- une architecture globalement très très pauvre
- une nature totalement bousillée
- et un air polluée dans toutes les grandes métropoles.

Bon, d'accord c'est un peu brut comme vision, mais il faut dire c'est surtout cela que l'on voit et que l'on vit quand on s'intéresse à l'urbanisme et aux nouveaux modes de vies urbains chinois.

A Transit-City, on a conduit assez de missions en Chine pour savoir que le pays ne se réduit évidement pas à cela, mais que c'est cela qui saute aux yeux quand on étudie les villes chinoises. L'urbanisme de Beijing, c'est le plan Voisin sur des hutongs. Et dans les autres villes, c'est pas forcément beaucoup mieux - ,  ou .

On peut être fasciné par la rapidité de cette croissance urbaine - voir - mais on est pas obligé de l'être par le résultat. Surtout qu'a priori on est juste au début de l'histoire - voir "Quel type de super-city les Chinois préparent-ils ?" - et qu'aucune zone du pays, même les plus rurales, ne devrait être épargnée.
« Pour la première fois de l’histoire, plus de Chinois vivent aujourd’hui dans des bourgs et des villes que dans des villages. Après avoir atteint 51 % en 2011, l’urbanisation chinoise s’accélère. Convaincus que l’urbanisation est la clé du développement social et économique actuel du pays, les dirigeants chinois ont récemment annoncé un objectif de 70 % de population urbaine en 2025, ce qui représenterait 900 millions de Chinois vivant en ville. (…)En réalité, le phénomène d’urbanisation des zones rurales est en cours depuis quelque temps. Simultanément à la phase d’industrialisation des zones rurales du littoral et à proximité des grandes villes, de nombreux « villages » ont poussé pour accueillir plus de 30 000 ouvriers. Aujourd’hui, beaucoup de ces villages, en particulier dans le delta de la rivière des Perles, sont devenus des nœuds quasi-urbains au sein d’agglomérations qui ne cessent de s’étendre. Même au cœur de la Chine agricole, un nombre important de villes de district s’agrandissent, poussées par la concentration de services publics dans les chefs-lieux et le développement de l’industrie dans les provinces intérieures de la Chine. 
Parallèlement, sur une grande partie du territoire et dans le cadre du programme de « Construction d’une nouvelle campagne socialiste » lancé en 2006, la politique du gouvernement encourage des villages entiers à démolir leurs habitations et à emménager dans de nouveaux et denses ensembles, parfois même en fusionnant plusieurs villages, afin de fournir des supermarchés, bibliothèques, etc., à l’image de la vie urbaine. Toutes ces formes d’urbanisation rapide façonnent une nouvelle Chine rurale, transformant ses paysages, sa culture et ses structures sociales… » - in "L'Urbanisation de la Chine rurale"
Après la question c'est, comment on raconte cela ? Comment on raconte cette vague urbaine qui n'est pas très éloignée de ce que s'apprête à vivre l'Inde - Voir "14 Delhis, 18 Mumbais or 30 Bengalores".

L'une de mes hypothèses est qu'il faut probablement passé par la fiction ou par l'art pour essayer de figurer ce qui l'est difficilement. C'est pour cela que je voulais vous proposer ces photos et ces peintures de Yang Yongliand - voir son travail, .

On est pas obligé d'aimer le style, mais tout y est. Et ce n'est, malheureusement, pas forcément très joyeux.

Sur la façon dont on essaie de penser la Chine de demain au sein de Transit-City, voir, entre autres :

QUEL GRIS FAIT-IL ?

Tuesday, October 28, 2014

LE MASQUE COMME SYMBOLE D'UNE NOUVELLE SPORTIVITÉ CHINOISE ?

Un soleil blafard caché par des nuages de pollution, des joueurs de foot équipés de masque... une image pour prolonger mon précédent post sur l'émergence du masque comme nouvel accessoire de sport en Chine.

Et on peut prolonger la réflexion en imaginant que demain ces masques anti-pollution deviennent de vrais accessoires de mode comme le propose Freehand Profit dans la lignée de Zhijun Wang.

En Chine, ce retour du masque ne serait que le prolongement d'une longue histoire qui fait déjà sa réapparition dans le monde du sport depuis quelques années. Aujourd'hui ces codes inspirent surtout le monde automobile, mais rien ne dit que, demain, les Chinois ne se les réapproprient pas pour développer de nouvelles offres de mobilité.

Le retour de ces références vestimentaires et symboliques nourrissent déjà les imaginaires d'une nouvelle sportivité chinoise.

A terme ces nouveaux rapports au corps pourraient déboucher sur une créativité chinoise originale et innovante. On peut toujours rêver qu'un jour la Chine se mette enfin à innover réellement et cesse de courir derrière l'Occident et le Japon.

Monday, October 27, 2014

CHINE : ET SI LE MASQUE ANNONÇAIT UNE RÉVOLUTION URBAINE ?

Beijing est devenue une ville épouvantable. 

Pensée et faite depuis une vingtaine d'années pour la voiture - et -, elle est en permanence embouteillée et totalement irrespirable les 2/3 de l'année - et . Et ce alors que la ville bénéficie depuis longtemps d'une tradition de petits véhicules légers et peu polluants - voir .

Beijing symbolise à elle seule l'échec du Parti communiste chinois à inventer un nouveau modèle urbain qui ne soit pas une mauvaise copie de ce que fait l'Occident depuis 70 ans - voir "La Chine est-elle encore chinoise ?

Aux question que nous nous posions il y a quelques années, "Et si la Chine se démarquait du modèle occidental ?"  ou "Ville et mobilité - la Chine peut-elle inventer de nouveaux modèles ?", la réponse est aujourd'hui clairement, non. On peut le regretter, mais c'est comme cela. Les rares tentatives d'innovations viennent, en général, d'étudiants d'origine chinoise vivant en Occident - voir .

Et pour l'instant, rien n'indique que les autorités pékinoise ou le gouvernement central soient en train d'essayer de développer un modèle alternatif moins polluant et surtout beaucoup plus viable. 

Dans ce contexte, la question est simple : dans le cadre d'une dictature ou toute contestation est lourdement réprimée, quelle attitude de la population pourrait amener le pouvoir à repenser sa politique urbaine à Beijing et en Chine de façon plus globale ? 

Hypothèse sous forme de question : Et si c'était le sport en général et la course à pieds en particulier, qui devaient conduire à cette contestation silencieuse ?

Je m'explique. Que la pollution empêche des sportifs isolés de pratiquer leur sport favori, ce n'est pas très grave pour le pouvoir. Ces joggeurs restent chez eux, et on en parle plus. Ils ne font pas masse.

Mais quand ce sont plusieurs milliers de coureurs réunis à l'occasion d'un marathon qui affirment que leur ville est irrespirable en se mettant un masque sur le nez, c'est totalement différent et surtout beaucoup plus gênant pour le pouvoir politique. C'est pourtant bien ce qui s'est passé lors du tout récent marathon de Beijing - voir  

Tous ces coureurs renvoyaient, en effet, au pouvoir son incapacité à gérer de façon"harmonieuse" la croissance urbaine. Il n'est pas anodin de signaler que les photos des coureurs masqués sont censurés sur le net chinois !!! Preuve que le pouvoir a compris qu'il y avait dans celles-ci un potentiel de contestation politique important.

Je serai même tenter d'affirmer que cette course fut la première grande manifestation anti-gouvernementale organisée depuis les rassemblements de la Place Tien'anmen de 1989. 

Face à ces images, il y a deux possibilités :

- soit on se dit qu'elles seront sans suite et qu'elles sont juste la preuve que certaines personnes aiment tellement le marathon qu'elles sont prêtes à le faire avec un masque.

- soit on se dit que ces masques anti-pollution sont le début d'une révolution silencieuse destinée à affirmer le mécontentement des citadins chinois face à la dégradation de leur cadre de vie. Rien de violent, rien d'illégal, juste une affirmation active et sportive que le développement chinois actuel n'est pas viable très longtemps. 

Et ces masques "contestataires" seraient encore probablement plus déstabilisants et symboliques s'ils étaient fait à partir de chaussures de sport, comme l'imagine le très talentueux designer chinois Zhijun Wang - voir . Le pouvoir ne pourrait pas reprocher grand chose à ceux qui les portent, si ce n'est qu'ils aiment le sport et que le capitalisme occidental a trouvé un nouveau moyen de faire encore un peu plus d'argent avec un nouvel accessoire de course.

On serait dans la lignée de certaines grandes campagnes publicitaires de Nike et Adidas .
On retrouverait aussi la capacité développée par certaines marques de sport à interroger les modèles de développement économique comme l'a fait Nike au milieu des années 70 aux Etats-Unis - voir  - ou, plus récemment, Mizumo, toujours aux Etats-Unis, avec sa campagne "What If Everybody Ran ?"