Thursday, November 05, 2009

PEAK LEVEL OF OCCUPANCY

Depuis dimanche paraît dans les différentes éditions du Times of India et en pleine page, l'annonce ci-dessus, composée au trois-quart d'une photo aérienne en noir et blanc d'un bidonville.

Le bandeau en bas de page, très coloré lui, qui présente une ville moderne, permet de rapidement comprendre la mécanique très basique de l'annonce. On a clairement à faire à une pub d'un promoteur immobilier vantant les mérite d'une nouvelle ville, Lavasa, comme il en émerge tant en Inde aujourd'hui. Sauf que ce promoteur a enrobé, de façon d'ailleurs très intelligente et assez riche, son projet d'un alibi de réflexion de prospective urbaine.

Ce texte est probablement l'analyse la plus synthétique et la plus juste sur le défi urbain auquel va devoir répondre l'Inde dans les vingt à trente ans qui viennent. Le voici en version beaucoup plus lisible.

"India has the 2nd largest
urban system in the world.

310 million people live in
5,161 cities and towns.

That's like cramming
the entire population of America
into a third of the place.

Most Indian cities are
probably operating a their peak levels
of occupancy. Perhaps in some cases,
it's a miracle they still work.

To make matters worse, in the next 30 years
almost 400 million people will migrate to
these cities. That's about 20 Australias for you.

And by 2030, India's urban population is
estimated to reach a staggering 575 million.

It's about time somebody asked the question :
In the years to comme, where will India live ?

How wille India live ?
"

Voir le site Lavasa Future Cities qui donne toute l'ampleur de la démarche marketing qui entoure le lancement de cette ville, et dont les bandeaux ci-dessous synthétisent bien l'esprit, fondé sur le noircissement de la situation actuelle.

Face à ce sombre, mais bien réel état des choses, voir ci-dessous ce que promet Lavasa ... une véritable ville suisse à trois heures en voiture de Mumbai.

Sur la pertinence de la réponse apportée au défi de la croissance urbaine de l'Inde, on peut évidement avoir quelques doutes, tant ce genre de projets ne concerne qu'une extrême minorité d'Indiens, ceux de la classe moyenne très supérieure.

Reste que Lavasa est le symbole presque caricatural mais aussi l'excellent reflet de la logique de développement urbain qui a cours actuellement dans le sous-continent.

L'idée n'est pas de tenter de restaurer les centres anciens (trop compliqué, trop de pauvres, et difficile dans une "démocratie" de faire comme en Chine en rasant tout ... ) mais de développer, dans de plus ou moins lointaines périphéries, des villes totalement neuves et déconnectées de leur environnement. C'est, en gros, le summum des gated communities dont l'esprit correspond complètement à l'organisation sociale de la société indienne fondée sur la notion de castes et le refus du mélange.

On a là, clairement, une partie de la réponse à la question que nous nous posions il y a quelques mois, de savoir si les villes privées et fortifiées allaient devenir une banalité ?

Et c'est, notamment, pour aller plus loin sur cette question des nouvelles formes de la croissance urbaine, que nous organisons le 27 novembre prochain un Atelier sur le thème Et si c'était en Inde que s'inventait une partie de notre avenir urbain ?

PS / Et pour prendre le total contre-pied des analyses des promoteurs de Lavasa concernant les limites du peak level of occupancy, voir le stimulant Learning From Dharavi, sur le plus grand bidonville de Mumbai. (voir aussi et )