Ce texte le voici
Nous croyons tout savoir, nous avons l’illusion de tout comprendre, nous imaginons tout connaître. Chaînes d’infos en continu et innombrables magazines nous expliquent chaque jour le monde. Des sites web spécialisés par milliers font leur raison d’être d’une information avec laquelle nous pensons compléter le spectre de notre compréhension de ce monde.C'est un texte d'Olivier Séguret, publié dans Libération (in extenso là) à propos du film de Rabah Ameur-Zaïmeche, "Dernier Maquis".
Nous n’avons aucune excuse : une profusion de médias, de livres, de débats est là pour répondre à ce qui doit bien être une soif d’apprendre, savoir, comprendre. Mais en fait, un seul wagon du métro au matin et c’est le monde entier qui vous retourne comme une claque cette prétention. Nous vivons dans la plus crasse et élémentaire des ignorances à l’égard des peuples, sinon du peuple. Pourtant, nous en côtoyons toute une Babel. Et nous partons sans cesse en découvrir d’autres.
On visite aujourd’hui bien plus de pays et de peuples qu’autrefois et pourtant, nous ne savons toujours pas qui sont ces gens dans l’autobus. Les échanges (économiques, sexuels, musicaux) n’ont jamais été aussi nombreux, mais c’est comme si notre sensibilité décroissait à mesure de cette fréquence. Comme si notre savoir sociologique, culturel, politique, éventuellement touristique, n’avait aucune valeur. Plus on en sait, moins on y pige. Alors imaginez : une simple petite entreprise de banlieue avec son personnel ouvrier d’origine presque exclusivement immigrée... Y a-t-il plus proche et plus grand inconnu ? Question subsidiaire : mais au fait, si notre niveau en connaissance de l’autre est si mauvais, est-ce parce que nous sommes irrémédiablement nuls, ou parce que l’on se fait refourguer depuis toujours un enseignement, une information, de très mauvaise qualité ?