Monday, November 02, 2009

QUAND LE FROID NOUS MANQUERA

Cela fait plusieurs années qu'au sein de Transit-City nous travaillons sur les nouveaux imaginaires climatiques, et plus particulièrement sur cette hypothèse qu'avec le réchauffement climatique, le froid allait devenir de plus en plus désirable, et tenter de savoir quelles conséquences cette nouvelle attente pourrait avoir sur nos villes et modes de vies. J'avais déjà rapidement évoquer ce sujet dans Plage réfrigérée et nous avions fait un Cahier titré Shopping Antartica, dont les deux slides ci-dessous sont extraits. Dans ce même Cahier qui illustre un certain nombre de liens entre imaginaire climatique et imaginaire de consommation, nous nous étions demandé si, demain, vendre un univers du froid et de l'extrême fraîcheur dans des villes surchauffées, ne deviendrait pas un véritable avantage pour les centres commerciaux ou les hyper-marchés. Depuis cinquante ans aux Etats-Unis, et depuis 20 ans dans des villes comme Bangkok ou Singapore, l'air climatisé des shopping mall est un élément important de leur succès, et nous avions imaginé à quoi pourrait ressembler un centre commercial igloo, que nous avions nommé BelowZero. Plus récemment, sollicité pour une intervention dans un colloque prospectif sur le tourisme dans 20 ans, j'avais conclu mon intervention avec le slide ci-dessous. Je ne peux pas dire que j'avais rencontré un franc succès. Beaucoup m'avaient même regardé avec une certaine comisseration. Vous vous doutez donc un peu de ma réaction quand, hier soir en allumant la télé ici à Mumbai, ou il fait près de 35° degrés, j'ai découvert que les chinois venaient de déclencher artificiellement des chutes de neige sur Beijing. (voir : Scientists 'cause' Beijing snow) Ainsi, ce que nous nous étions amusés à imaginer à vingt ou trente ans, se réalise dès aujourd'hui. Et non pas à l'échelle d'un centre commercial, mais à l'échelle d'une ville entière. Alors j'ai bien compris que les chinois n'ont pas fait cela pour répondre à une demande de froid des pékinois, mais bien pour faire face à un manque cruel d'eau du à une sécheresse liée au réchauffement climatique. Reste que dans l'esprit - accélérer la venue du froid et/ou de la neige pour répondre à un manque - la démarche est la même que celle que nous avions imaginé, mais encore plus ambitieuse, et peut-être dangereuse. Qu'est-ce qui nous interdit de penser que, dans dix ou quinze ans en pleine période caniculaire sur l'Europe, nos enfants ou petits enfants ne nous demanderont pas "Et quand qu'est-ce qu'ils vont enfin déclencher les chutes de neige ?" J'ai bien conscience que ce post est beaucoup trop court et probablement - et une nouvelle fois - écrit trop vite par rapport à l'enjeu qu'il traite, mais je voulais juste marquer le coup rapidement. Voilà, c'est fait. Et juste une dernière question pour finir : et si notre avenir urbain c'était aussi l'image ci-dessous ? Et parallèlement : Snows of Kilimanjaro could vanish in 20 years: Study