"Baudelaire fut toute sa vie fortement attiré par les ports, les quais, les gares, les trains, les bateaux et les chambres d'hôtel : il se sentait plus à l'aise dans ces lieux transitoires que dans son propre logis. Quand il était oppressé par l'atmosphère confinée de Paris, quand le monde lui semblait "monotone et petit", il partait ("partir pour partir) et allait dans une port ou une gare. (...)
Dans un essai sur le poète, T.S. Eliot écrit que Baudelaire avait été le premier artiste du XIX° siècle à exprimer la beauté des lieux et des engins de voyage modernes. "Baudelaire a inventé une nouvelle sorte de nostalgie romantique, suggère-t-il, la poésie des départs, la poésie des salles d'attente." (...)
"En 1906, à l'âge de vingt quatre ans, Edward Hopper alla à Paris et découvrit la poésie de Baudelaire, qu'il allait lire et réciter toute sa vie. Une telle attirance n'est pas difficile à comprendre : elle provenait d'un intérêt commun pour la solitude, la vie urbaine, la modernité, le réconfort de la nuit et des lieux du voyage. En 1925, le peintre acheta sa première voiture, une Dodge d'occasion, et se rendit de New-York, où il habitait, jusqu'au Nouveau-Mexique, et dès lors passa plusieurs mois sur la route chaque année, dessinant et peignant en chemin, dans les chambres d'hôtel, à l'arrière de voitures, en plein aire et dans les cafétérias. (...)
La solitude est le thème dominant. Les personnages de Hopper ont l'air d'être loin de chez eux, toujours seuls, ils lisent une lettte assis sur un lit d'hôtel ou boivent dans un bar, regardent par la fenêtre d'un train en mouvement ou lisent un livre dans un hall d'hôtel. Leur expression est soucieuse et pensive ; ils viennent peut-être de quitter quelqu'un ou d'être quittés, ils cherchent du travail, de la compagnie ou du sexe, un peu perdus dans des lieux de passage"
Versions contemporaines, là.