Tenter de faire de la prospective sur la mobilité suppose de s'interroger sur les nouveaux imaginaires mobiles.
Tenter de comprendre comment le sport peut nourrir ces imaginaires mobiles, suppose d'essayer de comprendre les nouveaux imaginaires du sport.
Le sport a formidablement changé - voir là - et a radicalement modifié la pensée sur la mobilité et va encore plus le faire dans les années qui viennent - voir là, entre autres.
L'une des question qui sous-tend ce post est : où regarder pour comprendre quels pourraient être les nouveaux imaginaires du sport dans la décennie à venir ?
L'une des hypothèses que pose ce post est : et si les Peaux Rouges redevenaient des références ?
Ou dit autrement : et si dans la foulée du trail et de l'ultra-trail, la culture indienne venait renouveler les imaginaires d'une sportivité en constante recherche de nouveautés ?
Cette hypothèse s'appuie évidement sur une histoire : celle du rôle de la course dans la culture indienne - voir, par exemple, là.
Cette culture fut symbolisée au XX° siècle par des coureurs comme le Cherokee Andy Payne, vainqueur en 1928 de la mythique Trans-American Footrace, ou Billy Mills, Makata Taka Hela de son nom, vainqueur d'un 10 000 mètres d'anthologie au JO de Tokyo de 1964 - film, là. Une victoire qui paradoxalement allait marquer le commencement du déclin de la culture de la course dans les populations indiennes des Etats-Unis et du Canada.
Certains tentèrent bien de faire revive cette culture ancestrale en la magnifiant, notamment Peter Nabokov dans les années 80 avec son "Indian Running", mais globalement tout cela ne correspondait plus à aucune réalité indienne - plus là.
La banalisation du jogging au cours des années 90 avait, en effet, peu à peu sorti la course de l'univers des grands espaces sauvages pour en faire un sport totalement urbain.
Et au début des années 2000, la resurgence très forte et concomitante du barefoot ou de l'ultra-trail ne profitat pas non plus vraiment aux indiens. Et pour cause ... ils ne couraient plus, une bonne part de la population indienne souffrant d'obésité et d'alcoolisme.
La grande référence culturelle et ethnique devenait alors les coureurs des hauts plateaux africains, kenyans ou éthiopiens, mais certainement plus les indiens.
L'admirable livre de Christopher McDougall "Born to run" consacré à la culture de la course chez les Tarahumara ne changea pas grand chose, noyé qu'il fut dans une production de bouquins sur les vertus supposées du barefoot.
Cette renaissance de la course légère était dans le même temps captées par des marques comme Vibram - voir "Le nu comme idéal ?" -, Havaianas - voir là - et l'incontournable Nike - voir là ou là.
Mais les choses sont peut-être en train de changer.
Le basculement a commencé en 2000, quand Sam MacCracken, l'un des patron d'origine indienne de Nike, eut l'ambition de vanter un mode de vie plus sain auprès des trois millions d'indiens vivant en Amérique du Nord.
C'est dans ce cadre que la marque au swoosh lançait en 2007 à la fois sa première campagne de communication pour inciter les indiens à refaire du sport - voir le film, là -, mais aussi sa Air Native, première chaussure conçue spécialement pour les native american.
Parallèlement Nike mettait sur pied sa N7 Foundation destinée à financer un certains nombre de programmes et d'équipements sportifs et éducatifs dans les réserves indiennes et à soutenir les athlètes indiens.
Depuis la machine marketing qu'est Nike s'est mise en branle en lançant sur le marché plusieurs lignes de produits aux couleurs indiennes, reprenant là un filon ethnique que la marque développe actuellement dans un pays comme la Chine - voir là.
Si c'était le cas, la culture indienne sortirait alors enfin d'un certain folklore symbolisé par un esthétisme pour touristes, pour devenir une vraie démarche de fond associant sport et écologie, deux domaines a priori très porteurs des années à venir.