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Sunday, February 14, 2010
DEPARTURES 93 ou LE MAUVAIS RETOUR DES ANNÉES 50
En matière de prospective, cela faisait plusieurs années que le mythe de la fusée est mort. Au Japon, on trouve même des bouquins sur la fin de cette histoire et l'épuisement de l'esthétique qui lui fut longtemps associée. L'évolution des derniers trains japonais semblait confirmer cette tendance, les imaginaires de confort et d'espaces ayant largement pris le dessus sur celui du toujours plus vite. (voir "les nouveaux imaginaires des trains japonais" et "et si la vitesse c'était fini ?").
En matière de transport aérien, l'absence de successeur au Concorde depuis 2000, et l'échec de Boeing en 2003 avec son Sonic Cruiser (image là) allaient dans le même sens et montraient clairement que le rêve de vitesse supersonique, voir subsonique, n'avait plus grand sens pour des compagnies aériennes qui devaient faire face à de nouveaux défis.
Les économies d'énergie, la pollution atmosphérique, (lire là et là), voir la viabilité même du transport aérien comme transport de masse à l'horizon de 2050 (là), sont aujourd'hui des questions beaucoup plus centrales pour le futur de ce secteur que d'offrir la possibilité à une minorité de traverser l'Atlantique en 3 heures.
Mais c'était sans compter avec la volonté de certains acteurs du transport aérien de reprendre la main sur ce secteur qui ne fait plus rêver grand monde. C'est en tout cas avec cet objectif de réenchanter le voyage en avion, que la compagnie Finnair a lancé récemment son projet Departure 2093 qui a pour ambition d'imaginer le futur à l'horizon de ... 2093.
Alors que ce type de démarche prospective aurait pu - et aurait du - susciter un riche débat avec les points de vue de nombreux acteurs et le développement de nombreux scénarios, notamment de rupture, on a droit à une longue litanie très langue de bois de cadres supérieurs de la compagnie finnoise, venant nous expliquer que demain tout sera beau, merveilleux et que tous les défis énergétiques et environnementaux auront été réglés. Cette démarche se révèle donc, en fait, qu'une mauvaise propagande en faveur de l'avion qui serait tout à la fois populaire (faux aujourd'hui à l'échelle de la planète), écologique (faux évidement - voir là), un bon business (faux encore, seules les compagnies low cost gagnent actuellement de l'argent) et qui offrirait aux passagers une belle aventure (faux encore et toujours, la notion d'aventure gratifiante ne pouvant sans doute que s'appliquer - et encore - que pour les voyageurs de Business et First).
Le summum est atteint dans la page Future fleet qui n'est - comme le montrent les illustrations ci-dessus - qu'un catalogue d'avion sortis tout droit de Flash Gordon ou des Thunderbirds. Pas forcément très crédible, ni très intéressant, ce genre d'images n'apportant pas grand chose à la réflexion prospective.
Departures 93 n'est qu'un mauvais retour des années 50, mais fait sans talent, ni imagination, et surtout complètement à côté de la plaque. Ou quand Finnair imagine l'avenir en se référant encore au mythe pourtant très éculé, de la jet set. Dommage.
Pour ceux qui veulent aller plus loin sur le sujet, vous pouvez toujours télécharger le "Global Market Forecast 2009-2028" d'Airbus dans lequel vous pourrez trouver les trois modèles ci-dessous. Ca fait évidement beaucoup moins Star Trek, mais c'est beaucoup plus intéressant car on y décèle réellement à quoi pourrait ressembler les avions de demain, notamment avec des hélices.