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Friday, June 18, 2010
NAIROBI, A DANISH CITY ?
Pour rebondir sur un récent post sur les nouvelles banlieues des villes africaines ( là ), je voulais vous proposer ces quatre photos qui en disent plus que bien des discours sur les nouvelles logiques d'urbanisation actuellement en cours sur le continent noir ... et ailleurs.
Les deux premières photos montrent le très sélect Royal Nairobi Gulf Club, situé dans l'est de la capitale kenyane. Dans celle du haut, on y voit une résidence privée jouxtant le parcours, comme on en voit souvent aux Etats-Unis. Dans celle juste en dessous, on voit ce même parcours de golf, mais cette fois-ci entouré d'un tissus urbain totalement différent, puisqu'il s'agit d'un des plus grands bidonvilles d'Afrique, celui de Kibera. Un bidonville terrible de pauvreté et de violence qui abrite près d'un million d'habitants (soit plus d'un tiers de la population de Nairobi !!! ), et dont je vous avais déjà parlé là à propos du bouleversant "I Want to Be a Pilot".
La pire des pauvreté côtoie d'à peine quelques mètres la plus grande des richesses.
Aujourd'hui plus de 50% des Kenyans vivent sous le seuil de pauvreté et 25 % avec moins d'un dollar par jour.
La situation économique et sociale du Kenya, et donc loin d'être comparable à celle des pays développés, notamment européens. Difficile dans ce contexte d'imaginer penser le futur de Nairobi avec des codes urbains et des références de pays riches.
Et pourtant cette évidence n'est visiblement pas partagée par tout le monde.
Preuves en sont les images ci-dessous. Elles sont tirées de "Nairobi Vision", un document d'urbanisme réalisé par le cabinet danois Henning Larsen Architects dans le cadre d'un concours organisé par la Nairobi Greater Metropolitan Region sur l'avenir de l'agglomération. Rassurez-vous, ce cabinet n'a pas gagné !
En découvrant ces images, j'avoue avoir été stupéfait par leur totale déconnection avec le réel. Oser proposer comme solution aux problèmes de Kibera une trame verte, relève d'une telle indigence qu'on a envie d'envoyer ces braves Danois y vivre ne serait-ce qu'une petite semaine ! Et que dire de ces éco-quartiers surréalistes, avec leur architecture et leur circulation tout droit issue de villes aussi riches et développées que Copenhague ou Munich ?
Certains architectes ont toujours autant de mal à comprendre que les nouvelles logiques du capitalisme font que la croissance ne profite qu'à une minorité, et que les grandes métropoles de demain ressembleront plus à Lagos ou Rio qu'à Stockolm ou Genève.
Il suffit de regarder ce qui se passe à Mumbai, Sao Paulo ou Caracas. C'est triste à dire, mais c'est plutôt là que s'écrit une bonne part du futur urbain dans de nombreux pays en voie de développement.
Aujourd'hui un milliard de personnes vivent dans des bidonvilles, il seront deux milliards en 2030.