La M 25, aussi connue aussi sous le nom de London Orbital, est une autoroute qui fait le tour du Greater London et qui est parcourue chaque jours par près de 200 000 voitures.
Certains préfèrent parcourir ce méga périphérique ... à pied. Ce fut notamment le cas, il y a quelques années, de l'écrivain et cinéaste britannique Iain Sinclair , qui a tiré de cette aventure un petit chef d'oeuvre ; London Orbital.
Voilà comment son éditeur français, les éditions Incultes, présente sa démarche "Sinclair est parfois seul, parfois accompagné de plasticiens ou de musiciens (Bill Drummond, du groupe d’acid house KLF). Il décrit les parkings, les stations-service, les supermarchés et les banlieues-dortoirs, mais aussi les champs et les décharges, cherchant les traces de présences disparues et de cultes anciens, de lieux qui ouvrent sur d’autres lieux. La méthode Sinclair est toujours la même : cerner le réel et réduire la focale jusqu’à ce que des formes nouvelles apparaissent. D’une œuvre sans cesse approfondie se révèle peu à peu la psychogéographie d’un lieu : Londres, la tentaculaire."
Extraits
"Je dois l’admettre : je développais une obsession malsaine pour la M25, l’autoroute orbitale de Londres. Le triste opercule qui agit comme un prophylactique entre chauffeurs et paysage. Cette sinistre ceinture, inaugurée par Margaret Thatcher le 29 octobre 1986, était-elle la véritable clôture gardant le périmètre ? Ce saut-de-loup conceptuel délimitait-il la frontière de ce qu’on appelle Londres ? Ou était-ce un garrot financé par le ministère des Transports et l’Agence des autoroutes afin d’étrangler le souffle vital de la métropole ?Pour en savoir plus sur le travail de Sinclair, voir le très très bon papier "London’s hidden reverse" qui résume très bien l'ouvrage avec cette question toute simple : "La M 25 a-t-elle été construite pour renfermer, refréner l’expansion et contrôler la ville ou pour protéger, isoler le reste du pays ?"
Cette histoire de périphérique hante les ministères depuis les années 1930, quand on s’était aperçu que les voitures prenaient possession de la planète. L’idée de départ, c’était : les voitures au service de la population, des routes bordées de verdure, des rampes s’élevant droit au ciel (Une question de vie ou de mort, de Michael Powell). Rubans d’asphalte sinuant entre lacs et parcours de golf. Maillage de sillons orbitaux de plus en plus excentrés en partant du quartier des bâtiments royaux (palais, parlement) vers les faubourgs d’Hampstead et Holland Park. Puis les banlieues elles-mêmes, les impénétrables Stanmore, Totteridge, Ponders End. Jusqu’au néant de la ceinture verte, le grand nulle-part à la lisière d’Epping Forest; un territoire défini par les châteaux d’eau rouges italianisants des asiles victoriens et édouardiens. Et pourquoi s’arrêter en si bon chemin? Pourquoi ne pas décider d’abandonner les aéroports et d’incorporer leurs immenses pistes d’aviation dont le vrombissement s’entendait jusqu’à Cambridge, Winchester et Canterbury ?
Le ruban coupé en octobre 1986 préfigurait d’autres rubans, d’autres guirlandes, les gyrophares bleu et blanc qui allaient convertir le centre-ville en carnaval nécrophile : le mauvais karma des profanations terroristes, des guerres de clochers."
Une question que l'on pourrait bien évidement aussi se poser concernant tous les ring roads qui entourent les principales métropoles mondiales, et dont vous trouverez la carte ci-dessous, récupérée là avec des commentaires en lien avec "London Orbital". A lire, donc.
Evidement devant cette carte, même si les anneaux sont à l'extérieur de la ville et non au coeur, on ne peut pas ne pas penser au projet Stadium Tower.