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Saturday, November 13, 2010
VOITURE ÉLECTRIQUE : QUI VA PRENDRE LE POUVOIR ?
Si la voiture électrique ne va pas - et loin s'en faut - tout régler en matière d'environnement (voir là), le business modèle qui lui est lié va peut-être lui totalement chambouler le paysage des acteurs de la mobilité automobile dans la décennie à venir.
Dans le cadre nos actuelles réflexions sur les nouveaux principes d'innovations en matière automobile, nous avions récemment émis l'hypothèse que le moteur électrique serait peut être le moyen de radicalement modifier la façon de concevoir la voiture, et ce notamment à travers l'exemple de Trexa, mais aussi le jeu des acteurs de la mobilité, et de la ville de façon plus générale, si les smart grid se mettaient peu à peu en place. ( Voir les deux visuels issus d'un nos récents Cahier Transit-City)
Cette hypothèse que les opérateurs de réseaux énergétiques remettent tout à plat n'est pas nouvelle et avait même plus particulièrement ressurgi en 2007 au moment du lancement de Better Place. Nous avions, à l'époque, abordé cette question là, en faisant une comparaison avec les réseaux de téléphonie mobile.
Cette question de savoir qui des opérateurs de réseaux ou des constructeurs automobiles seront les grands gagnants de la mobilité électrique, est réapparue de façon très net avant hier quand la filiale du conglomérat américain General Electric, Capital Fleet Services spécialisée dans le financement et la location de flottes automobiles, a annoncé son intention d'acheté d'ici 2015 pas moins de 25 000 véhicules électriques.
Mais au delà de cette annonce, ce qu'il faut surtout retenir du communiqué (là), c'est la volonté de GE de devenir un opérateurs à part entière de la mobilité électrique de demain "GE owns one of the world’s largest fleets, operates a leading global fleet management business, and offers a portfolio of product solutions including charging stations, circuit protection equipment and transformers that touch every part of electric vehicle infrastructure development. This enables GE to lead wide-scale electric vehicle adoption and generate growth for its businesses."
Comme le souligne très justement Gabriel Plassat de l'Ademe sur son excellent blog "cette annonce montre que de « nouveaux » industriels pourraient se placer comme unique interlocuteur du client final, le constructeur devenant un sous-traitant. GE est, en effet, en position forte en matière d’achat de véhicule, de gestion de flotte, d’infrastructures (stations de charge) et de réseaux d’énergie (smart grids). Ainsi dans l’écosystème complet et complexe de la mobilité électrique, GE possède de nombreuses cartes maitresses que sont loin de posséder les constructeurs.
GE, grâce à cet investissement sans précédent, va vraisemblablement acquérir une expérience majeure en matière d’usage des véhicules par les utilisateurs, de leurs charges, des conséquences sur les réseaux, et sur l’endommagement des batteries. Ainsi GE pourrait devenir un des premiers à maîtriser le 4ème pilier : l’information, c'est-à-dire la gestion des données permettant d’optimiser le système complet dans lequel le véhicule n’est qu’un sous-ensemble (le véhicule, l'énergie, les infrastructures étant les 3 autres piliers)."
Et il faut reconnaître qu'aujourd'hui tous les éléments sont là pour donner corps à cette vision d'un General Electric qui organiserait tout le jeu de la mobilité électrique aux Etats-Unis dans les années à venir. A travers son programme ecomagination basé sur le principe de l'innovation collaborative très en vogue actuellement (voir là), GE offre toute une batterie d'outils, d'applications et d'illustrations faisant de GE l'acteur incontournable de ce nouvel enjeu industriel (voir là, là ou là). "GE is launching this comprehensive electric vehicle program as part of its ecomagination business strategy to accelerate the development and deployment of clean energy technology though innovation and R&D investment."
Si une telle prise de contrôle d'un fournisseur d'énergie devait se confirmer, la question de la place des constructeurs automobile va dès lors très vite se poser.
Si on reprend la comparaison avec la téléphonie mobile, les consommateurs ne cherchent pas tant aujourd'hui un modèle de téléphone ( à l'exception notable du iPhone ) qu'un service de communication. Si cette logique se développe en terme de mobilité éléctrique, qu'importe le véhicule pourvu qu'on ait le service ?
La question est donc de savoir si les constructeurs automobiles vont être capable de repenser entièrement l'automobile pour que celle-ci ne se banalise pas totalement à l'image des téléphones portables ( voir la dégringolade Nokia incapable de se réinventer ) et empêcher ainsi que ce soit les fournisseurs d'énergie qui tiennent le marché.
Mais on peut aussi faire l'hypothèse que, toujours comme dans la téléphonie mobile, un fabriquant de voiture casse l'ensemble des règles avec un nouveau business model comme envisagerait semble-t-il de le faire Apple vis à vis des opérateurs de réseau avec son iPhone et la futur génération d'iPad.
Il faut lire à ce sujet Apple veut imposer sa loi aux opérateurs télécoms ou Apple iPhone with a SIM Card Offers Multiple Scenarios: Analysts pour comprendre qu'en matière de téléphonie on est là aussi peut-être à l'aube d'une révolution.
Reste maintenant à savoir quel constructeur automobile est capable de se mettre dans la posture d'Apple, et plus particulièrement de son iTunes Store et de son formidable marché des applications ? Affaire à suivre ...