Architecture, Mobilité, Nomadisme, Urbanisme, Nouveaux Imaginaires urbains, Nouvelles Fictions, Prospective, Nouveaux imaginaires du corps, Nouveaux imaginaires du sport
Saturday, January 30, 2010
WAR CITY / QUAND LA VILLE EST NIÉE
Les photos ci-dessus sont extraites d'un document intitulé "Lethal Theory" écrit par le théoricien et architecte israélien Eyal Weizman, dont je vous ai déjà parlé là et là.
Son article - à la fois terrifiant et passionnant - explique comment en 2002 lors de l'assaut lancé par Tsahal contre camp de réfugiés de Balata et contre la casbah de Naplouse dans le cadre de l' opération Rempart, l'armée israélienne a refusé de s'engager dans des combats de rues, et à assurer son avance en passant à l'intérieur des maisons.
Une stratégie qui a consisté à casser des murs à travers des dizaines de demeures civiles, et qui est expliquée et justifiée de façon assez stupéfiante dans cette video "Moving throug walls".
Vous trouverez ci-dessous des extraits du texte de Weisman sur la tactique de Tsahal, et que vous pouvez lire en français et in extenso là sur le site boiteaoutils.
"La manœuvre conduite par des unités de l’armée israélienne, au cours de l’attaque visant la ville de Naplouse en avril 2002, a été décrite par son commandant, le général Aviv Kochavi, comme relevant d’une « géométrie inverse » qu’il présentait comme une réorganisation de la syntaxe urbaine au moyen d’une série d’actions micro-tactiques.
Pendant l’attaque, les soldats se déplaçaient à l’intérieur de la ville à travers des « tunnels en surface » découpés dans un tissu urbain très dense. Plusieurs milliers de soldats israéliens et des centaines de guérilleros palestiniens manœuvraient simultanément dans la ville, mais ils se fondaient dans ce tissu urbain au point que la plupart n’auraient pas été visibles, fût-ce un court instant, depuis une perspective aérienne.
En outre, les soldats n’utilisaient pas souvent les rues, les routes et les ruelles ou les cours qui constituent la syntaxe de la ville, et pas non plus les portes extérieures, les cages d’escalier intérieures, ni les fenêtres qui constituent l’ordre des bâtiments ; ils se déplaçaient plutôt horizontalement à travers les murs mitoyens, et verticalement à travers des trous, en faisant sauter plafonds et planchers."
"Cette forme de mouvement relève d’une tactique que l’armée désigne, selon des métaphores empruntées aux comportements collectifs du monde animal, comme l’essaimage ou l’« infestation ». Parce qu’elle consiste à se déplacer à travers des bâtiments privés, cette manœuvre transforme l’intérieur en extérieur et les espaces privés en voies de communication. Les combats se sont déroulés dans des salons à moitié démolis, des chambres à coucher et des couloirs des habitats précaires des réfugiés, où la télévision pouvait très bien continuer d’émettre et la casserole demeurer sur le feu.
Au lieu d’obéir aux démarcations spatiales conventionnelles, le mouvement des troupes devenait constructeur d’espace et l’espace se constituait comme un événement. Ce n’était pas l’ordre de l’espace qui commandait les motifs du mouvement mais le mouvement qui produisait et pratiquait l’espace autour de lui. Le mouvement à trois dimensions, à travers les murs, les plafonds et les planchers, à travers le volume urbain, réinterprétait, court-circuitait et recomposait à la fois les syntaxes architecturales et urbaines.
La tactique consistant à « passer à travers les murs » impliquait une conception de la ville non seulement en tant que site, mais à proprement parler en tant que médium de la guerre - une matière flexible, quasi liquide, constamment contingente, en état de flux permanent."
"Selon le géographe Stephen Graham, un vaste « champ intellectuel » international, ce qu’il a appelé un « monde fantôme d’instituts et de centres de formation en recherche militaire urbaine », s’est mis en place depuis la fin de la guerre froide afin de repenser les opérations militaires en territoire urbain.
(...) Afin de comprendre la vie urbaine, les soldats - les praticiens urbains d’aujourd’hui - suivent des cours intensifs pour maîtriser des matières telles que l’infrastructure urbaine, l’analyse des systèmes complexes, la stabilité structurelle, les techniques de construction, et recourent également à une grande variété de théories et de méthodes élaborées dans les sphères universitaires civiles contemporaines. Il y a donc une nouvelle relation qui voit le jour dans un triangle de trois composantes étroitement liées : les conflits armés, le bâti et le langage théorique conçu pour les conceptualiser."
"Si le fait de se déplacer à travers les murs est conçu par l’armée comme une réponse « humaine » à la destruction gratuite de la guerre urbaine traditionnelle, et comme une alternative « élégante » à la destruction urbaine à la Jénine, c’est parce que les dégâts qu’elle provoque sont souvent cachés à l’intérieur des habitations.
La pénétration inattendue de la guerre dans le domaine privé du domicile a été vécue par les civils en Palestine, comme en Irak, comme la forme la plus profonde de traumatisme et d’humiliation. Comme les guérilleros palestiniens manœuvraient eux aussi à travers les murs et via des ouvertures pré-planifiées, la plupart des combats se sont déroulés chez des particuliers. Certains bâtiments étaient de véritables gâteaux fourrés, des soldats israéliens se retrouvant parfois au-dessus et en dessous d’un étage où des Palestiniens étaient pris au piège."
(...) "Au cours de notre entretien, Kochavi revenait sur la manière dont l’armée israélienne percevait et employait le concept : « Une armée d’État qui affronte un ennemi disséminé, des bandes en réseau, sans organisation rigide [...] doit se déprendre des vieilles conceptions de lignes droites, d’alignement des unités, des régiments et des bataillons, [...] et devenir elle-même beaucoup plus diffuse et disséminée, flexible comme un essaim. [...] En fait, elle doit se régler sur l’aptitude à la furtivité de l’ennemi. [...] L’essaimage, tel que je le comprends, correspond à l’arrivée simultanée vers une cible d’un grand nombre de nœuds - si possible de 360 degrés - qui alors se rassemblent et se dispersent à nouveau.»
D’après Gal Hil, l’essaimage crée un « ‘bourdonnement bruyant » qui rend très difficile pour l’ennemi de savoir où se trouve l’armée et dans quel sens elle se déplace." (...)
"Dans la guerre de siège, l’ouverture d’une brèche dans le mur d’enceinte marquait la destruction de la souveraineté de la ville-État. L’«art» de la guerre de siège a toujours été lié à la géométrie des murs de la cité et au développement de technologies complexes pour s’en approcher et pour y percer des brèches. Aujourd’hui, les combats en milieu urbain ont de plus en plus à voir avec des méthodes qui permettent de transgresser les murs, les limitations incarnées par le mur du domicile privé."
En complément, et pour un éclairage un peu décalé sur ce thème de la transgression des murs, il faut lire le très bon post Nakatomi space dans lequel Geoff Manaugh fait un parallèle étonnant, et assez brillant, entre la stratégie israélienne et celle employée par John McClane dans le premier Die Hard.
Ce post est évidement directement lié à notre prochain Atelier qui se déroulera sur le thème de : Et si on s'intéressait à la façon dont les militaires pensent la ville ?
Friday, January 29, 2010
ET SI ON S'INTERESSAIT AUX FACONS DONT LES MILITAIRES PENSENT LA VILLE ?
Et si les militaires avaient de l'avance en matière de prospective urbaine ?
Et si c'étaient eux qui étaient les meilleurs analystes des nouvelles menaces qui pèsent sur les villes ?
Et si la notion de feral cities était promis à un bel avenir ?
Et si l'évolution des conflits devait donner naissance à une nouvel urbanisme sécuritaire ?
Et si Israël était à la pointe de cette évolution de la pensée urbaine ?
Bref, et si on prenait un peu de temps pour essayer de comprendre comment les militaires réfléchissent aux villes du XXI siècle ?
Que ce soit sur la question de l'énergie, des dérèglements climatiques ou de l'utilisation des nouvelles technologies, les militaires ont toujours eu un temps d'avance en matière de réflexions prospectives. Il faut dire que penser l'avenir sous l'angle des nouvelles menaces est a priori au coeur même de leur métier (voir là et là)
En matière de prospectives urbaines, on les entends peu, alors qu'ils sont pourtant, là aussi sans doute, à la pointe des réflexions sur les évolutions et les mutations qui agitent les villes aujourd'hui (voir, entre autres, là)
L'évolution récente des conflits armés qui se déroulent, non plus sur de vastes champs de bataille, mais coeur même des villes, y est pour beaucoup. “Le bel avenir de la guerre passe par la ville, plus particulièrement les grandes métropoles du sud, au développement anarchique, foyer de multiples formes de violence (terrorisme, criminalité, bombardements, sièges, insurrections) et de létalité (épidémie, pollution)" rappellent A. de La grange et J-M Balencie dans leur livre "Les Guerres bâtardes".
Sur le plan sémantique cela s'est traduit, notamment, par l'apparition d'un acronyme comme MOUT (Military Operation on Urbanized Terrains) ou du concept de feral city qui tentent de définir et d'encadrer les bases d'une nouvelle approche des conflits en ville.
Malheureusement, dans le milieu des professionnels de la ville, on se penche encore trop peu sur ces réflexions qui en disent pourtant beaucoup plus sur notre futur urbain que bien des discours actuels.
C'est donc pour tenter de comprendre ces nouveaux axes de réflexions développés par les militaires et tenter de voir en quoi ceux-ci peuvent nous aider dans nos réflexions prospectives, que nous avons invité à notre Atelier du 19 février :
Gérard CHALIAND, spécialiste en stratégie et spécialiste des conflits armés, et notamment des conflits irréguliers comme la guerilla et le terrorisme.
L'Atelier aura lieu le vendredi 19 février au Pavillon de l'Arsenal de 8 h 45 à 11 heures.
Et si c'étaient eux qui étaient les meilleurs analystes des nouvelles menaces qui pèsent sur les villes ?
Et si la notion de feral cities était promis à un bel avenir ?
Et si l'évolution des conflits devait donner naissance à une nouvel urbanisme sécuritaire ?
Et si Israël était à la pointe de cette évolution de la pensée urbaine ?
Bref, et si on prenait un peu de temps pour essayer de comprendre comment les militaires réfléchissent aux villes du XXI siècle ?
Que ce soit sur la question de l'énergie, des dérèglements climatiques ou de l'utilisation des nouvelles technologies, les militaires ont toujours eu un temps d'avance en matière de réflexions prospectives. Il faut dire que penser l'avenir sous l'angle des nouvelles menaces est a priori au coeur même de leur métier (voir là et là)
En matière de prospectives urbaines, on les entends peu, alors qu'ils sont pourtant, là aussi sans doute, à la pointe des réflexions sur les évolutions et les mutations qui agitent les villes aujourd'hui (voir, entre autres, là)
L'évolution récente des conflits armés qui se déroulent, non plus sur de vastes champs de bataille, mais coeur même des villes, y est pour beaucoup. “Le bel avenir de la guerre passe par la ville, plus particulièrement les grandes métropoles du sud, au développement anarchique, foyer de multiples formes de violence (terrorisme, criminalité, bombardements, sièges, insurrections) et de létalité (épidémie, pollution)" rappellent A. de La grange et J-M Balencie dans leur livre "Les Guerres bâtardes".
Sur le plan sémantique cela s'est traduit, notamment, par l'apparition d'un acronyme comme MOUT (Military Operation on Urbanized Terrains) ou du concept de feral city qui tentent de définir et d'encadrer les bases d'une nouvelle approche des conflits en ville.
Malheureusement, dans le milieu des professionnels de la ville, on se penche encore trop peu sur ces réflexions qui en disent pourtant beaucoup plus sur notre futur urbain que bien des discours actuels.
C'est donc pour tenter de comprendre ces nouveaux axes de réflexions développés par les militaires et tenter de voir en quoi ceux-ci peuvent nous aider dans nos réflexions prospectives, que nous avons invité à notre Atelier du 19 février :
Gérard CHALIAND, spécialiste en stratégie et spécialiste des conflits armés, et notamment des conflits irréguliers comme la guerilla et le terrorisme.
L'Atelier aura lieu le vendredi 19 février au Pavillon de l'Arsenal de 8 h 45 à 11 heures.
Wednesday, January 27, 2010
WARMER AND DRIER, TOWARDS ONE NEW MATMATA IN THE NEVADA ?
J'avais conclus mon précédent post avec la question de savoir si un jour une ville d'inspiration Arabe pourrait sortir de terre dans le désert du sud-ouest américain entre Los Angeles et Las Vegas. Si la question a pu apparaître un peu incongrue à certains d'entre vous, elle n'est pas forcément totalement incohérente en matière de prospective urbaine. La preuve ...
La photo ci-dessus est une vue aérienne de la cité troglodyte de Matmata située dans le sud tunisien.
Voilà comment wikipedia présente la ville : "Dans cette région soumise à de très fortes canicules, plusieurs mois par an, cet aménagement particulier de l'habitat permet de faire pénétrer la lumière dans les pièces souterraines tout en y maintenant de la fraîcheur au plus chaud de l'été. Bien que la température intérieure de ces habitations ne soit pas constante durant toute l'année, comme dans une grotte, les amplitudes thermiques entre l'hiver et l'été y sont assez réduites : une quinzaine de degrés en janvier et 23 à 25 degrés en juillet.
Depuis le niveau naturel du sol extérieur, on descend généralement dans la cour directement au moyen d'un étroit escalier aménagé à flanc de paroi ou éventuellement d'une échelle appuyée contre cette dernière. On peut aussi pénétrer dans la cour par un couloir souterrain horizontal qui s'amorce un peu en aval dans le flanc de la montagne (car la majorité de ces maisons sont aménagées sur des terrains pentus."
"Certaines maisons sont assez élaborées avec une succession de cours intérieures auxquelles on accède par des couloirs souterrains partant des logis ou de la cour principale, deux niveaux de pièces superposées, tunnel d'accès en pente douce s'amorçant à partir du rebord supérieur du puits, etc..."
On peut penser que Frank Hebert connaissait cette cité, quand dans sa saga "Dune", il invente les Sietch qu'il décrit lui-même comme des endroits isolés et sous-terrains que les Fremen utilisent pour se protéger contre les invasions et les ardeurs du climat propre au désert. Soit exactement le pourquoi et le comment de la construction de Matmata par les Berbères !!!
Ce qu'on peut imaginer aussi, c'est que les équipes de Matsys Designs connaissaient la photo ci-dessus, quand ils ont imaginé leur Sietch Nevada. Les deux visions sont en tout cas très proches, même si dans leurs explications les designers n'en parlent pas et ne font référence qu'à "Dune" et à F. Herbert .
Les explications Matsys Design : "In Frank Herbert’s famous1965 novel Dune, he describes a planet that has undergone nearly complete desertification. Dune has been called the “first planetary ecology novel” and forecasts a dystopian world without water.
The few remaining inhabitants have secluded themselves from their harsh environment in what could be called subterranean oasises. Far from idyllic, these havens, known as sietch, are essentially underground water storage banks. Water is wealth in this alternate reality. It is preciously conserved, rationed with strict authority, and secretly hidden and protected."
"Although this science fiction novel sounded alien in 1965, the concept of a water-poor world is quickly becoming a reality, especially in the American Southwest.
Lured by cheap land and the promise of endless water via the powerful Colorado River, millions have made this area their home. However, the Colorado River has been desiccated by both heavy agricultural use and global warming to the point that it now ends in an intermittent trickle in Baja California. Towns that once relied on the river for water have increasingly begun to create underground water banks for use in emergency drought conditions. However, as droughts are becoming more frequent and severe, these water banks will become more than simply emergency precautions."
"Sietch Nevada projects waterbanking as the fundamental factor in future urban infrastructure in the American Southwest. Sietch Nevada is an urban prototype that makes the storage, use, and collection of water essential to the form and performance of urban life. Inverting the stereotypical Southwest urban patterns of dispersed programs open to the sky, the Sietch is a dense, underground community.
A network of storage canals is covered with undulating residential and commercial structures. These canals connect the city with vast aquifers deep underground and provide transportation as well as agricultural irrigation. The caverns brim with dense, urban life: an underground Venice. Cellular in form, these structures constitute a new neighborhood typology that mediates between the subterranean urban network and the surface level activities of water harvesting, energy generation, and urban agriculture and aquaculture. However, the Sietch is also a bunker-like fortress preparing for the inevitable wars over water in the region."
Même si les explications de Matsys Design se veulent très martiales et militantes, leurs visions restent très sages et bien policées comme le montre l'illustration ci-dessous de l'intérieur d'un stiech, qui fait beaucoup plus penser à un centre commercial de Jerde à Osaka ou à Istambul qu'à une ville pauvre luttant contre les pénuries d'eau.
Et leur image est d'ailleurs tellement proprette et jolie, qu'elle semble avoir très directement inspiré une des zones de Masdar (voir ci-dessous).
Pour aller plus loin sur ce sujet voir, là.
Et sur les liens entre hétérotopie et désert, voir là.
Tuesday, January 26, 2010
WARMER AND DRIER, TOWARDS ONE NEW HIGH-SPEED TRAIN URBANISM ?
Il y a dans le film The Island, une très courte séquence qui ne dure que quelques secondes, mais qui, moi, m'a beaucoup marqué. On y voit un train à sustentation magnétique traverser à très grande vitesse le désert du Nevada. Ce train transporte les deux héros, Lincoln 6-Echo et Jordan 2-Delta, qui dans leur fuite tentent de rejoindre Los Angeles.
Ces images risquent de rester une pure fiction pendant encore pas mal d'années, même si un projet d'high speed train commence à apparaître entre le Nevada et la Californie (voir là), car la sustentation magnétique est une technologie qui a encore beaucoup de mal à se développer, y compris dans les pays qui en sont les promoteurs, le Japon notamment (voir Et si pour les Japonais la roue n'était qu'une parenthèse ?).
Reste que rien n'empêche de tenter d'imaginer à quoi pourrait ressembler toute cette partie sud-ouest des Etats-Unis constituée par la Californie, le Nevada et l'Arizona, si un réseau à grande vitesse reliait les villes de Los-Angeles, Las Vegas et Phoenix. C'est en tout cas l'hypothèse de travail qu'ont pris Rustam Mehta, Thomas Moran et Keller Easterling pour déveloper leur projet The VPL Authority, qui se veut "a public-private corporation is building a mega-eco-city that will be the hub of a new high-speed rail network".
Le point de départ de leur réflexion s'appuie sur une analyse des liaisons entre Los-Angeles, Las Vegas et Phoenix qui se font aujourd'hui essentiellement par avion.
Leur constat est assez simple ; la saturation des aéroports et les défis énergétiques et écologiques à venir imposent d'abandonner peu à peu l'avion et de créer un réseau à grande vitesse à l'image de ce qui s'est fait il y a quarante ans entre Tokyo et Osaka.
Les promoteurs du projet imaginent une méga-ville écologique organisée autour d'une immense gare, qui permettrait de mieux contrôler l'étalement urbain que subit aujourd'hui cette région. Une démarche qu'ils qualifient de “smart-sprawl”.
"The VPL Authority has worked diligently to facilitate growth in the area circumscribed by Las Vegas, Phoenix, and Los Angeles.
The private, public-benefit corporation is headquartered in downtown Phoenix and is little known beyond the desert Southwest, in part because it has been so successful: The region’s rampant growth has rendered the agency’s work all but invisible. But as problems of congestion, irresponsible water use, and unchecked development have begun to plague the region, the VPL has worked to rethink its use of energy and its transportation infrastructure."
"Beyond facilitating an advantageous commercial environmet for tenants, the sprawling, unbounded organization of Central Station allows it to fully exploit the high-desert climate, which is defined by hot days, cold nights, and plentiful sunlight.
Because of the station's pancake shape, every interior space will have access to sophisticated skylights; almost any imaginable lighting scenario can be accomplished via filtering, shading, and refracting sunlight. Climate control will be more efficient, thanks to the employment of thermal mass, night purging, natural ventilation, evaporative cooling, and passive solar heat, all of which work better in a single-story building and in a desert environment."
Sur le plan architectural, leur projet s'inspire directement des codes et de l'esthétisme traditionnel des villes arabes (avec notamment ces vastes brise-soleil inspirés des moucharabiehs) et fait très fortement penser au futur aéroport de Djeddah qu'est en train de concevoir OMA. (photos ci-dessous).
Alors bientôt une ville arabe au coeur du désert américain ? Peu probable, mais l'idée est amusante.
Dans l'autre sens, rien n'interdit de penser qu'un jour l'Arabie Saoudite, qui ambitionne de développer un réseau de TGV avec le Haramain High Speed Rail Project, puisse s'inspirer des visions du VPL Authority pour penser une partie de son urbanisme futur. Affaire à suivre, donc ...
Et toujours sur ce sujet, voir "Et si dans un monde plus chaud et plus sec, la ville arabe devenait un modèle ?"
Sunday, January 24, 2010
WARMER AND DRIER, TOWARDS ONE NEW URBANISM FOR LOS ANGELES ?
The age of waste (cliquer sur les images)
The age of water
The age of spores
The age of energy
The age of movement
Et si dans un monde plus chaud et plus sec, Los Angeles était obligée de revoir et de modifier tout son urbanisme et ses plans de déplacements ?
C'est autour de cette hypothèse de travail pas forcément totalement irréaliste à l'horizon des cinquante prochaines années, que Fletcher Studio a travaillé l'hiver dernier dans le cadre du concours A New Infrastructure: Innovative Transit Solutions for Los Angeles, dont je vous ai déjà parlé là.
Voilà les explications du studio sur sa proposition Infrastructural Armature, dans laquelle on relèvera le rapprochement des notions de peak water and the peak oil.
"Recognizing the vital role that mobility, water, and sewage will play in Los Angeles' future, the city must begin to invest in a core armature of new bundled infrastructures which will allow the city to survive the impending reality of peak water and peak oil.
The city must reorganize along the matrices of transportation, water and sewer networks, and grow infrastructural tentacles out into the world to ship and receive."
Si je vous parle de ce projet aujourd'hui, c'est en prélude de nos prochaines réflexions sur les conséquences du réchauffement climatique et de la gestion des ressources aquifères. Voir là.
The age of water
The age of spores
The age of energy
The age of movement
Et si dans un monde plus chaud et plus sec, Los Angeles était obligée de revoir et de modifier tout son urbanisme et ses plans de déplacements ?
C'est autour de cette hypothèse de travail pas forcément totalement irréaliste à l'horizon des cinquante prochaines années, que Fletcher Studio a travaillé l'hiver dernier dans le cadre du concours A New Infrastructure: Innovative Transit Solutions for Los Angeles, dont je vous ai déjà parlé là.
Voilà les explications du studio sur sa proposition Infrastructural Armature, dans laquelle on relèvera le rapprochement des notions de peak water and the peak oil.
"Recognizing the vital role that mobility, water, and sewage will play in Los Angeles' future, the city must begin to invest in a core armature of new bundled infrastructures which will allow the city to survive the impending reality of peak water and peak oil.
The city must reorganize along the matrices of transportation, water and sewer networks, and grow infrastructural tentacles out into the world to ship and receive."
Si je vous parle de ce projet aujourd'hui, c'est en prélude de nos prochaines réflexions sur les conséquences du réchauffement climatique et de la gestion des ressources aquifères. Voir là.
Saturday, January 23, 2010
WARMER AND DRIER
Ci-dessous quelques extraits du dernier rapport de l'Organisation météorologique mondiale sur l'évolution climatique de l'année 2009 qui clôture la décennie "la plus chaude depuis 1850, date à laquelle ont débuté les relevés instrumentaux".
Chaleurs 2009
"Comme l'année précédente, 2009 (janvier-octobre) a été plus chaude que la moyenne – calculée pour la période 1961-1990 – dans toute l'Europe et au Moyen-Orient.
La Chine a connu sa troisième année la plus chaude depuis 1951 voire la plus chaude dans certaines régions."
"L'Espagne a connu son troisième été le plus chaud, après ceux de 2003 et de 2005, et l'Italie a été frappée en juillet par une forte vague de chaleur caractérisée par des températures supérieures à 40°C, atteignant par endroits 45°C. Une vague de chaleur s'est également abattue au début du mois de juillet sur le Royaume-Uni, la France, la Belgique et l'Allemagne, et certaines stations d'observation norvégiennes ont enregistré de nouveaux records de chaleur.
"Une vague de chaleur extrême a sévi en Inde durant le mois de mai, provoquant la mort de 150 personnes. De fortes chaleurs se sont abattues en juin sur le nord de la Chine, où les maxima journaliers ont dépassé 40°C."
"Des records de chaleur ont été battus notamment à Vancouver et à Victoria, où le thermomètre a atteint respectivement 34,4 et 35°C, tandis qu'en Alaska, le mois de juillet se plaçait au deuxième rang des plus chauds qu'ait connus cet État."
"Pour le moment, 2009 se place au troisième rang des années les plus chaudes qu'ait connues l'Australie. Cette année a été caractérisée par trois vagues de chaleur exceptionnelles qui ont frappé le sud-est du pays en janvier-février et en novembre, et les régions orientales subtropicales en août. La vague de chaleur de janvier-février s'est accompagnée de feux de brousse catastrophiques qui ont entraîné la mort de 173 personnes. L'État de Victoria a enregistré un record de chaleur absolu (48,8°C)"
Sécheresse 2009
"La Chine a connu la pire sécheresse des 50 dernières années: le niveau de l'eau n'avait jamais été aussi bas depuis un demi-siècle sur certains tronçons des rivières Gan et Xiangjiang.
En Inde, la faiblesse de la mousson s'est traduite par une grave sécheresse qui a sévi dans 40% des districts. Le nord-ouest et le nord-est du pays ont particulièrement souffert. Cette mousson serait la plus faible que le pays ait connue depuis 1972.
En Afrique de l'Est, la sécheresse a entraîné des pénuries alimentaires massives. Au Kenya, elle a eu de graves conséquences pour le bétail, et la production de maïs a diminué de 40%.
Le Mexique a connu en septembre une sécheresse grave à exceptionnelle, tandis qu'aux États-Unis d'Amérique, ce sont surtout les régions de l'ouest qui ont souffert de la sécheresse modérée à exceptionnelle qui sévissait à la fin du mois d'octobre. Malgré cela, l'étendue de la zone de sécheresse aux États-Unis d'Amérique était la plus réduite, à une exception près, qui ait été observée ces dix dernières années.
Dans le centre de l'Argentine, la sécheresse a eu des conséquences très graves pour l'agriculture, l'élevage et les ressources en eau. Combinée à des températures très élevées, elle a atteint son pic à la fin du mois d'octobre.
En Australie, dans les grandes régions agricoles du bassin du Murray-Darling et du sud-ouest de l'Australie-Occidentale, la pluviosité a été généralement inférieure à la normale."
Pour aller plus loin sur ce thème voir "Quand le froid nous manquera" et "Et si dans un monde plus chaud et plus sec, la ville arabe devenait un modèle ?"