ET SI ELLE ÉTAIT LÀ, LA NOUVELLE FRONTIÈRE DU MUSCLE AMERICAIN ?

Longtemps, la nouvelle frontière américaine fut territoriale.

C'était l'Océan Pacifique et plus particulièrement la Californie.

Une fois atteinte, il fallu inventer une nouvelle frontière.

Ce fut le corps et le muscle.

Le gros muscle.

Aujourd'hui, la nouvelle frontière américaine est devenue interplanétaire.

L'objectif est la colonisation de Mars sous l'influence d'entrepreneurs comme Elon Musk. ou Jeff Bezos.

Parallèlement, émerge une nouvelle frontière corporelle. 

C'est la recherche du rajeunissement et le refus de la mort.

C'est tout le projet de Bryan Johnson, the man who wants to live forever.

Le muscle est beaucoup plus affiné.

Les gélules sont devenues plus importantes que la fonte.

Et si elle était la nouvelle frontière du muscle américain ?

Et si on rentrait dans une histoire radicalement nouvelle des promesses du sport et du muscle ? 

Et si demain, la question du muscle n'avait plus rien à voir avec le sport ?

On en reparle le 6 février, là.

C'EST QUOI PENSER LE MUSCLE À L'ÈRE DES GRANDS FEUX ?

La Californie a longtemps été la nouvelle frontière américaine.

Puis le muscle est devenu la nouvelle frontière du corps américain.

La Californie et le muscle avaient depuis réunis leurs histoires sur les plages de Los Angeles.

Aujourd'hui, la ville est en feu.

Aujourd'hui, les plus belles plages sont entourées de maisons en cendre.

Questions;

On réfléchit comment au corps dans ces conditions ?

On réfléchit comment au sport dans un tel contexte ?

On en fait quoi de cette culture du muscle censée nous protéger ?

On pense comment au muscle dans un tel environnement ?

Ça sert à quoi d'être musclé à l'ère des grands feux ?

"C'est quoi demain, l'économie du muscle ?"

QUELLES VILLES REGARDER POUR PENSER LE SPORT DEMAIN ?

Dans le cadre du Prospective Sport Lab ® monté avec mes compères Patrick Roult de l'INSEP et Patrick Bayeux de Décideurs du sport, nous réalisons régulièrement des petits Carnets - voir, De la complémentarité des outils.

Ce sont des Carnets qui s'interrogent sur l'évolution du sport, mais en ne regardant pas que le sport.

Car pour penser les futurs des sports, on a presque envie de dire qu'il faut regarder partout ... sauf le sport.

Parmi ces Carnets, il y en a qui pour thème "Quelle ville regarder pour penser les futurs du sport ?"

Evidement aujourd'hui, nous vient tout de suite à l'esprit Los Angeles sont les incendies réinterrogent sérieusement les valeurs et les mythes notamment sportifs que cette ville portent depuis le milieu du XX° siècle.

C'est important de regarder L.A - là.

Mais évidement, ça ne suffit pas et ça peut même être très contreproductif 

Nous à Transit-City, et ce depuis de nombreuses années, on essaie de regarder partout dans le monde.

Vraiment partout.

Car les réalités économiques des villes mondiales sont très très disparates.

Car les pratiques sportives sont souvent beaucoup plus larges et riches qu'on ne se l'imagine souvent et dépendent souvent des réalités urbaines locales.

Et que c'est peut-être quelque part dans ces villes que nous ne regardons pas assez, que s'inventent les nouveaux horizons du sport de demain.

Que connait-on des réalités des villes dans le monde ?

On regarde quoi dans les villes pour penser le sport demain ?

- les villes jungles d'Asie du Sud-est ?

- les rues de la Barbade ?

- la pollution indienne ?

- les rues indiennes ?

On regarde quoi dans les villes pour penser le sport demain ?

- les routes du Guatemala ?

- les rues de Medellin ?

- les parkings collectifs australiens ?

- les garages australiens ?

On regarde quoi dans les villes pour penser le sport demain ?

- les trottoirs de New-York ?

- les verticalités de Tokyo ?

- les nuits new-yorkaises ?

- les nuits tokyoïtes ?

On regarde quoi dans les villes pour penser le sport demain ?

- les circulations de Hong-Kong ?

- les possible nouvelles verticalités de New-York ?

- les Hong-Kong fictionnels ?

- les routes éthiopiennes ?

...

...

Alors évidement au sein du Prospective Sport Lab ®, nous allons continuer à surveiller les incendies à Los Angeles notamment dans la cadre de notre démarche Catastrophic Cities / Catastrophic Sports, mais bien sur poursuivre notre travail de veille et de réflexions sur toutes ces autres villes où s'inventent nos futurs et donc nos possibles futurs sportifs.

Si vous voulez en savoir plus sur nos démarches associant prospective urbaine et prospective sportive, vous pouvez toujours nous écrire : francois.bellanger@gmail.com 

ET SI NOUS VIVIONS TOUT SIMPLEMENT, LA FIN D'UN MYTHE DU XX° SIÈCLE ?

En 2019, Farhad Manjo publiait dans le NYT,  "It's the End of California as We Know It"" 

"C'est la fin de la Californie telle que nous la connaissons." 

"L'idée fondatrice de cet endroit est l'infinitude - sur des miles et des mile de jolies maisons reliées par des autoroutes et des lignes électriques non isolées qui s'étendent dans les collines boisées."  

"Notre mode de vie repose sur une série de mythes - le mythe de l'espace infini, du carburant infini, de l'eau infini, de l'optimisme infini, de l’étalement urbain infini et du stationnement gratuit infini."

"Un par un, ces mythes s'enflamment. 

Nous manquons de terres, de logements, d'eau, de routes et maintenant d'électricité 

Réparer tout cela nécessite un changement systémique, mais nous ne sommes pas à la hauteur."  

"La Californie, telle qu'elle est actuellement conçue, ne survivra pas au climat à venir.  -  là

Et si ce n'était pas si grave que cela, ce mythe étant totalement insoutenable ?

Lire absolument "Au bout du compte ce n'était pas suffisant"

ET SI ON RELISAIT EDWARD ABBEY ?

Là, possiblement.

ET SI ON RELISAIT CORMAC McCARTHY ?

Là.

Et là pour l'avenir du sport.

ET SI LE MUSCLE FÉMININ ÉTAIT EN TRAIN DE DEVENIR LUDIQUE ET JOYEUX ?

Il y a vingt cinq ans, en 2000, ouvrait au New Museum of Contemporary Art de New York « Picturing the Modern Amazon », première exposition jamais consacrée à la représentation de femmes extraordinairement musclées.

C'était le début d'un autre regard sur les femmes musclées, très musclées.

Vingt cinq ans plus tard, les corps de femmes très musclées se banalisent peu à peu et surtout ne sont plus des histoires de bodybuildeuse, mais la base de compétitions sportives comme le CrossFit et surtout depuis peu l'Hyrox.

Et si elle était là, la prochaine révolution du muscle ?

Celle de la banalisation du muscle féminin.

Celle de la banalisation du muscle féminin festif.

Et si demain, la balaise ne suscitait plus de malaise ?

On reparlera forcément le 6 février prochain lors des Rencontres Sport / Equipement / Stratégie ® organisées autour de la question "C'est quoi demain, l'économie du muscle ?"

ET SI ON PASSAIT DU "MALAISE" AU "BALAISE DANS LA CIVILISATION" ?

En 1930 Sigmund Freud publie à Vienne, "Malaise dans la civilisation" dans lequel il s'interroge sur le changement des références culturelles européennes.

En 2011, dans "Histoire de la virilité", l'historien Jean-Jacques Courtine semble lui répondre avec "Balaise dans la civilisation : mythe viril et puissance musculaire".

Pourquoi balaise ?

Car pour lui l'émergence et l'omniprésence du muscle dans notre quotidien fait partie de ces grands tournants civilisationnels qui reflète les mutations d'une société.

"Le muscle est partout. Il a depuis fort longtemps échappé à l’enceinte du stade et aux cordes du ring. 

Il règne sans partage sur les grands et les petits écrans.

Il a cessé d’être le privilège d’un sexe et le signe écrasant de sa domination sur l’autre : les premières femmes sont apparues dans l’élite du body-building dans les années 1970, et se sont multipliées depuis. (...)

La revendication musculaire s’est démocratisée, les pratiques du body-building tendent à se généraliser et la puissance anatomique s’exhibe en un spectacle permanent, obsédant, universel.  

Insolites masses musculaires, purement décoratives, qui ne servent ni à courir, ni à lancer, et qui rompent ainsi avec tout ce qui, dans la logique sportive, associe le muscle au mouvement. (...)

Du muscle sportif au muscle simulacre ?

"Tout cela doit conduire à s’interroger sur le destin de la virilité la plus contemporaine. 

Historiquement, cette dernière a toujours été associée à l’usage, aussi bien qu’à l’image, de la force. 

Elle tire son origine de la chasse, du combat, et les épreuves sportives qui la prolongent aujourd’hui de la manière la plus explicite sont les plus brutales, le rugby ou le football américain, certains arts martiaux, la boxe, à propos de laquelle Joyce Carol Oates a pu écrire : « La boxe, c’est pour les hommes, ça parle des hommes, c’est les hommes-mêmes. Une célébration de la religion perdue de la virilité, d’autant plus brutale qu’elle a été perdue.» - là (...)

Cette célébration « du mâle dans l’homme» a conservé ses enthousiastes, et le « théâtre tragique» de la violence virile remplit toujours les enceintes sportives. 

Mais un culte de la seule image de la virilité s’en est progressivement détaché au cours du xxe siècle, pour s’en dissocier de plus en plus radicalement. 

Le muscle a donné naissance à une culture du simulacre. (...)"

A priori, on devrait reparler de tout cela le 6 février prochain lors des Rencontres Sport / Equipement / Stratégie ® organisées autour de la question "C'est quoi demain, l'économie du muscle ?"

ET SI LE MUSCLE ÉTAIT FORCÉMENT DÉCEPTIF ?

Physical 100 est un jeu télévisé coréen diffusé par Netflix et dont la deuxième saison est accessible depuis quelques jours  - bande annonce, là.

Son principe est simple : une centaine de concurrents tous très costauds s'opposent à travers des épreuves misant plus sur la force que sur l'intelligence.

Les groupes de muscles sollicités étant différents selon les épreuves, ce ne sont pas forcément ce qui ont les plus gros biceps qui gagnent.

Après chaque épreuve, un certain nombre de concurrents sont éliminés.

Et c'est là, que c'est intéressant ...

C'est intéressant car si avant le début du jeu chaque concurrent a fait un moulage en plâtre de son torse, il doit le briser après son élimination.

Le briser comme pour dire que la forme des muscles ne voulait rien dire.

Le briser comme pour dire que le muscle était forcément déceptif, car jamais à la hauteur des espérances que son volume est censé promettre. 

Et on dit bien "déceptif" et non "décevant" !!!

Car comme le rappelle le dictionnaire de l'Académie française, "déceptif" est un néologisme tiré de l’anglais deceptive qui ne veut pas dire « décevant » mais ... « trompeur ».

Et si le muscle était forcément trompeur ?

On en reparle le 6 février prochain lors des Rencontres Sport / Equipement / Stratégie ® organisées autour de la question "C'est quoi demain, l'économie du muscle ?" 

QUAND LE MUSCLE TENTE DE MASQUER UNE CERTAINE VACUITÉ ...

La photo date du printemps 2024.

Elle était déjà assez pathétique à l'époque.

Elle l'est probablement encore plus aujourd'hui.

Ou quand le muscle tente de cacher une certaine vacuité, mais que ....

Et si le muscle n'avait rien à voir avec le sport ?

ET SI LE MUSCLE ÉTAIT UNE RÉPONSE AU DÉCLIN DU POLITIQUE ?

"La Culture du narcissisme. La vie américaine à un âge de déclin des espérances" de l'historien Christopher Lasch est paru en 1979.

Non seulement l'analyse n'a pas vieilli, mais elle paraît plus pertinente que jamais quand on veut comprendre l'état actuel de notre société, le refus du système politique et la volonté de se recentrer sur soi et sur son corps.

Ou comment mieux comprendre aussi l’obsession actuelle pour le muscle.

Extraits.

"Ce que les élites politiques et dirigeantes qualifient « d'indifférence à la politique » pourrait bien signifier un refus grandissant des citoyens, de participer à un système politique qui les traite en consommateurs de spectacles préfabriqués.(...) 

L’individu occidental se sent dépassé. Il se sent tout petit face à ces gigantesques problèmes. Convaincu que ses gestes quotidiens auront peu d’impact, il ne voit pas comment il pourrait, à son niveau, changer quoi que ce soit.(...) 

Les gens s’intéressent plutôt à des stratégies de survie, à des mesures destinées à prolonger leur propre existence ou à des programmes qui garantissent bonne santé et paix de l’esprit.(...) 

Puisque la société n’a pas d’avenir, il est normal de vivre pour l’instant présent, de fixer notre attention sur notre propre « représentation privée », de devenir connaisseurs avertis de notre propre décadence, et enfin, de cultiver un « intérêt transcendantal pour soi-même ».

On y reviendra forcément le 6 février prochain lors des Rencontres Sport / Equipement / Stratégie ® organisées autour de la question "C'est quoi demain, l'économie du muscle ?"