ET SI NOS INSTITUTIONS SPORTIVES ÉTAIENT DEVENUES ÉTRANGÈRES À NOTRE ÉPOQUE ?

Il y a dix ans, le constitutionnaliste Dominique Rousseau faisait un bilan extrêmement lucide sur le décalage entre nos institutions et nos références politiques actuelles  - là.

Voilà ce qu'il expliquait :

"Toutes les institutions sur lesquelles reposait jusqu’à présent notre société sont remises en cause.   

Le suffrage universel perd sa force légitimante du fait de l’abstention, les partis politiques n’ont plus d’adhérents, les syndicats ne représentent plus grand monde, le Parlement ne délibère plus.   

Mais ce n’est pas seulement une crise de l’Etat, c’est aussi une crise de la justice, de la médecine, de l’éducation, du journalisme, de la famille…   

Toutes ces institutions qui fonctionnaient sur des règles établies, routinières, s’interrogent en même temps. C’est cette coïncidence qui nourrit la crise actuelle.   

Il faut donc repenser toute l’organisation ­sociale.» (...) 

(...) "L'utopie c'est ce qui fait accéder à la réalité qui vient. 

Ce dont on a besoin, c’est de montrer la forme politique qui arrive, même si elle n’existe pas, d’imaginer les mots et les institutions qui vont la faire vivre.  

Une société a besoin d’horizon.  

Ce qu’on voit aujourd’hui, c’est une société qui contourne ses institutions, créées au XIXe siècle, en inventant d’autres formes du vivre-ensemble." - 

 là.

Une analyse qui dix ans après se révèle plus pertinente que jamais.

D. Rousseau ne parle pas du sport, mais, évidement il aurait pu tant son analyse s'applique à merveille au décalage entre nos institutions sportives et nos pratiques sportives.

Et il ne serait pas forcément inutile aujourd'hui de se poser ce genre de question :

- à quoi sert et à qui s'adresse le ministère des Sports aujourd'hui ?

- à quoi sert et à qui s'adresse une fédération sportive aujourd'hui ?

- à quoi sert et à qui s'adresse le CNOSF aujourd'hui ?

- à quoi sert et à qui s'adresse l'ANS aujourd'hui ?

Liste non limitative...

Quels nouveaux horizons dessinent ces institutions aujourd'hui ?

Et en dessinent-elles ?

Tous les dirigeants sportifs - et surtout ceux et celles qui aspirent à le devenir - devraient donc lire et relire ces trois phrases et y à réfléchir... longuement : 

"Ce dont on a besoin, c’est de montrer la forme politique qui arrive, même si elle n’existe pas, d’imaginer les mots et les institutions qui vont la faire vivre.  

Une société a besoin d’horizon.  

Ce qu’on voit aujourd’hui, c’est une société qui contourne ses institutions, créées au XIXe siècle, en inventant d’autres formes du vivre-ensemble."

C'est notamment pour alimenter cette réflexion que le 14 mai prochain le Prospective Sport Lab ® organise ses neuvièmes Rencontres de la Prospective Sportive ® autour de la question "Et si demain, les clubs réinventaient le sport... en se réinventant ?"

ET S'IL DEVENAIT URGENT DE CRÉER UN MINISTÈRE DE LA TRANSITION SPORTIVE ?

En France, il y a encore quelques années, existait un ministère de l'Equipement.

C'était le ministère des bétonneux, des ingénieurs, celui de la croissance sans limite, celui des routes, des aéroports, bref celui d'une certaine vision du développement économique.

Et puis, l'urgence écologie est devenue une réalité.

Le ministère de l'Équipement a donc du revoir et réimaginer ses missions sous le prisme de la crise écologique et climatique.

C'est comme cela que le ministère de l'équipement est devenu le ministère de la Transition écologique.

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En France, aujourd'hui, existe toujours un ministère des Sports.

La seule crise qu’il ait visiblement à gérer, est celle de son budget et du financement des institutions qui ont besoin de lui pour vivre.

Les autres crises ne semblent pas le tracasser.

La révolution des imaginaires sportifs ? Connais pas !

La révolutions des nouvelles missions confiées au sport ? Connais pas !!

L'épuisement des institutions sportives et parfois leur inutilité (voir le CNOSF dont personne n'est capable d'expliquer l'utilité) ? Connais pas non plus !!!

Bref, tout change.

Le sport est devenu un mode de vie.

Le corps est devenu la grande obsession du XXI° siècle.

On change radicalement de références sportives... 

Mais le ministère des Sport ne bouge pas !! 

Tout s'écroule autour de lui, mais, lui, reste dans sa citadelle et ses certitudes à compter le peu de sous qui lui reste.

C'est dommage.

C'est vraiment dommage car il y aurait un super boulot à faire pour définir les nouvelles missions et ambitions de ce ministère.

Et si donc au lieu de jouer au petit boutiquier, le ministère se décidait enfin à se dessiner une vraie vision et une vraie ambition à la hauteur des mutations du sport et des nouvelles attentes qu'il suscite ?

Et si le ministère des Sport engageait le même genre de réflexion sur ses missions que celui engagé par l'ancien ministère de l'équipement ?

Et s'il associait notamment les clubs à cette vaste métamorphose ?

On en reparlera le 14 mai, là.

ET SI LES CLUBS AIDAIENT À CRÉER UN MINISTÈRE DE LA TRANSITION SPORTIVE ?

Tous les jours le sport se voit confier de nouvelles missions.

Lutter contre la sédentarité et l'obésité.

Devenir un outils de cohésion sociale dans les quartiers difficiles.

Participer à la lutte contre la pollution urbaine grâce au vélo notamment.

Sans oublier les Jeux Olympiques qui étaient censés régler tous les problèmes de la société française !!

Pourquoi pas ? 

Mais le problème n'est pas tant les nouvelles missions que l'on donne aujourd'hui au sport, que l'organisation institutionnelle du sport qui n'est pas du tout adapter.

Le sport doit tout régler mais reste un nain politique.

Ce n'est évidement pas normal !!!

Si le sport doit tout faire, pourquoi ne pas confier au ministère des Sports de nouvelles missions régaliennes et de nouvelles missions de supervision des politiques publiques ?

> Si le sport doit devenir "sport-santé", alors pourquoi le ministère des Sports ne chapeaute-il pas le ministère de la Santé ?

> Si le sport doit devenir "sport-intégration", alors pourquoi le ministère des Sports ne chapeaute-il pas le ministère de la Cohésion des territoires ?

> Si le sport doit devenir "sport-écologie", alors pourquoi le ministère des Sports ne chapeaute-il pas le ministère de la Transition écologique ?

> Si le sport doit devenir "mobilités actives", alors pourquoi dans les villes le service des sports ne chapeaute-il pas les services de l'urbanisme et de la voirie ?

Comment au XXI° siècle, qui va être le siècle du corps et de la santé, peut-on accepter que le sport ne soit réduit toujours qu'à une petite couche de vernis, qu'à un petit supplément d'âme ?

Pourquoi n'existe-il pas un grand ministère de la Transition sportive ? 

Et si les clubs avaient un rôle fondamental à jouer dans cette mutation ?

Et si c'était d'eux que venait le renouvellement sportif ?

Et si les clubs essayaient de secouer l'organisation institutionnelle totalement désuète du sport ?

Bref, et si les clubs comprenaient que c'était eux qui avaient le pouvoir ?

On en reparle plus longuement le 14 mai, là.

ET SI L'AVENIR DES CLUBS DE SPORT, N'AVAIT RIEN À VOIR AVEC LE SPORT ?

Et si réfléchir à l'avenir et de la vocation des clubs comme nous le ferons le 14 mai prochain lors des Rencontres de la Prospective Sportive ® organisées autour de la question "Et si demain, les clubs réinventaient le sport... en se réinventant ?", c'était s'intéresser à tout sauf… au sport ?

Et si réfléchir à l'avenir des clubs imposait d'abord de comprendre notre société ?

Mais comment définir notre société aujourd'hui ?

Et si on pouvait la définir autour de trois grandes mutations ?

- une mutation sociologique et politique qui voit la figure de l’individu être devenue plus importante que les institutions.

- une mutation climatique et écologique qui voit notre avenir dominé par des menaces vitales sur nos conditions de vie.

- une révolution technologique et industrielle dont on a du mal aujourd'hui à saisir toutes les conséquences.

Et si réfléchir à l'avenir des clubs de sport, c'était avant tout réfléchir à ces trois mutations ?

Et si les mutations du sport n'étaient en fait que très marginales pour penser le futur des clubs ?

On en reparle et on expliquera tout ça, là.

ET SI LES CLUBS DEVAIENT SE PENSER AVANT TOUT COMME DES "FOURNISSEURS DE PLAISIRS" ?

Le numérique a mangé le monde.

Il a changé nos façons de vivre, de penser, d’agir.

Nous vivons une véritable révolution anthropologique.

De cette révolution est sorti un nouveau système monde. 

Certains l’appellent l’Hypnocratie.

C’est quoi cette hypnocratie ?

« L’hypnocratie est le premier régime qui agit directement sur la conscience. »

Et qui aboutit notamment à « un espace fragmenté ou d’innombrables récits se disputent une éphémère supériorité et où chacun se proclame vérité ultime. »

Il n’y a plus de centre, plus de récits unificateurs permettant de comprendre le monde.»

L’hypnocratie a créé un "régime hédoniste collectif : un système où le plaisir lui-même devient un mécanisme de gouvernance. 

Ce régime hédonique a de profondes répercussions sur la formation de l’identité collective.

Les communautés ne se forment plus autour de valeurs ou d’intérêts communs, mais autour de modes de consommation partagés.

Les sous-cultures sont remplacées par ce que nous pourrions appeler des « tribus de plaisir » : des groupes définis non par ce qu’ils croient, mais par ce qu’ils apprécient et comment ils l’apprécient. »

"L’hypnocratie a ainsi créé un écosystème du plaisir total, un environnement où chaque aspect de l’expérience hédoniqiue est dédié, modulé et monétisé"

Question : et si les clubs se présentaient eux aussi comme des fournisseurs de plaisirs ?

Et si dorénavant les clubs ne parlaient plus que de plaisirs ?

Et si dorénavant les clubs promettaient avant tout du plaisir ?

Que du plaisir !!!

Et si dans une société obsédée par le corps, les clubs n'avaient plus honte de valoriser les plaisirs du corps ?

Et si les fédérations sportives se pensaient comme des "écosystèmes du plaisir total" ?

Et si c'était la meilleure façon de contrebalancer la puissance du numérique ?

On en reparlera, là.

FRAGMENTS DE PLAISIRS (2)

Fragments.

FRAGMENTS DE PLAISIRS

Fragments d'un monde nomade.

ET SI LES BUREAUX SE DEVAIENT D'ÊTRE CYCLABLES ?

Pour prolonger "et si tous les immeubles devenaient cyclables ?", un autre regard sur les espaces de travail avec "et si le vélo changeait l'architecture du bureau ?"

ET SI LES IMMEUBLES DEVENAIENT CYCLABLES ?

Il y a quelques mois, nous proposions de créer un Diagnostic des Performances Sportives ® des bâtiments.

L'idée étant de mesurer et de noter les bâtiments selon leurs offres d'activités physiques aux personnes habitant ou fréquentant le bâtiment - tous les détails, là.

Notre angle de réflexion était (et est toujours) : et si désormais, on devait tout considérer comme un équipement sportif ?

Nous avions à ce titre évoqué les bâtiments emblématiques du Vortex implanté sur le Campus de l'université de Lausanne et le West Village - Basis Yard de Chengdu, construit par le tout nouveau Pritzker Price, Liu Jiakun.

La crise immobilière actuelle, et plus particulièrement celle qui touche le monde du bureau, n'incite pas vraiment les promoteurs et les investisseurs à s'investir plus que cela dans notre projet. On les comprend, ils ont d'autres urgences.

Mais ce n'est pas pour cela que nous laissons tomber notre projet car, tout comme la mobilité active incite à penser autrement les mobilités urbaines, nous sommes persuadés qu'il devient urgent de mettre le corps en mouvement au coeur de la conception des bâtiments.

Surtout que les possibilités sont nombreuses.

Preuve en est le Ledger de Bentonville, dont toute l'organisation et la conception se sont faites autour de la volonté de rendre accessible l'entièreté du bâtiment en pédalant.

Ce qui permet au Ledger de se présenter aujourd'hui comme le premier et unique bikeable building au monde.

Et ce en résonance avec la politique très pro vélo de Bentonville - voir "How an Arkansas city became an epicenter of the biking world"

Chacun appréciera ou non la pertinence de ce bâtiment.

Nous, de notre côté, on retient surtout que d'autres récits architecturaux et mobilitaires sont aujourd'hui possibles, et très certainement nécessaires.

Et on continue évidement à porter notre projet de Diagnostic des Performances Sportives ® des bâtiments.

On en reparle donc très vite.

ET SI LES CAFÉS/ÉPICERIES DEVENAIENT DES CLUBS DE SPORT ?

Pour prolonger :

- et si on repensait le trottoir comme un club de sport ?

- et si les clubs s'intéressaient plus aux stratégies des marques de fringue ?

On en reparlera le 14 mai, là.

ET SI ON DEVAIT REPENSER LE TROTTOIR COMME UN CLUB DE SPORT ?

C'est le prolongement de "et si on supprimait les salles de sport ?"

Voir "Le trottoir, nouveau lieu du muscle ?"

Mais aussi de "et si on devait repenser l'ergonomie du feu rouge ?"

Et c'est un sujet qu'on abordera le 14 mai, là.

ET SI ON DEVAIT REPENSER L’ERGONOMIE DU FEU ROUGE ?

Et si on pensait les feux de signalisation comme des équipements sportifs ?

Et si les feux rouge devenaient des agrès de gym ?

Et si les feux s'adaptaient aux rythmes des coureurs ?

Le trottoir, nouveau lieu du muscle ?