Il y a toujours beaucoup de façons de regarder un lieu, et notamment un lieu de transit aussi particulier que le parking.
Il peut y avoir une approche esthétisante et apaisée, comme celle développée ci-dessus par le photographe Bob Trempe, dans sa série Garagescapes. Ou quand le parking ressemble presque à une piste d'envol pleine de promesses.
Il peut y a avoir aussi une approche beaucoup plus sombre et violente, comme celle développée de façon superbe ci-dessous par le peintre Guillaume Bresson. Ou quand le parking ressemble à une descente aux enfers aussi inattendue que rapide. (Plus d'images et d'infos là ou là).
Sur une violence plus feutrée, mais tout aussi réelle, voir là ou là
Architecture, Mobilité, Nomadisme, Urbanisme, Nouveaux Imaginaires urbains, Nouvelles Fictions, Prospective, Nouveaux imaginaires du corps, Nouveaux imaginaires du sport
Tuesday, October 26, 2010
Sunday, October 24, 2010
VERS UN RENVERSEMENT DU MONDE ?
Et si nous étions sur le point de connaître l'arrêt du développement économique tel que nous l'avons connu depuis plusieurs siècles ?
Et si les dogmes de la mondialisation, de l'ouverture et de l'interconnexions des marchés étaient à remettre totalement à plat ?
Et si nous commencions à peine à rentrer dans la première crise de l'unification planétaire ?
Et si dans un monde fini et aux ressources plus rares, nous devions repenser nos modèles de croissance ?
Bref, et si nous étions en train d'assister à la fin d'une certaine histoire mondiale ?
"La crise que nous disons bancaire et financière fut crise alimentaire et crise des ressources, avant d'être économique et sociale, elle est aussi, et peut-être surtout, la première crise de l'unification planétaire, telle que l'individualisme libéral la promet, telle que la mondialisation prétend la réaliser. Crise d'un espace monde dans lequel tous désormais sont convoqués, de la Russie à la Chine, et de l'Amazonie à Bornéo. Crise d'un système qui ne se connaît plus de l'extérieur, qui refuse que l'on soit étrangers à ses cultes et à ses pompes, qui se veut le système monde, unique et clos comme une bulle. Crise d'un temps unique du monde, qui pourrait bien sonner l'arrêt du développement tel que nous l'avons connu, et ruiner le fol espoir d'une croissance infinie."Voilà les premières lignes - très fortes - qui débutent le dernier livre d'Hervé Juvin, “Le Renversement du monde - Politique de la crise”. Pour l'essayiste les choses sont claires, nous nous apprêtons à vivre un double basculement.
Un basculement géographique avec l'installation du nouveau centre du monde en Asie, autour de la Chine et de l'Inde, et ce aux dépends des Etats-Unis et de l'Occident de façon plus générale.
Un basculement économique avec la fin de la mondialisation telle qu'elle s'est développée depuis le début des années 90, mais dont la crise économique de 2008 a montré toutes les limites et toute la fragilité.
Ce sont donc de nouveaux systèmes de pensées, de croyance, de gouvernance, mais aussi la montée en puissance de nouvelles menaces, qui aujourd'hui modifient peu à peu nos façons de penser le monde et son avenir.
Et c'est pour mieux essayer de comprendre ces mutations que nous avons invité Hervé Juvin, le vendredi 26 novembre 2010 dans le cadre de nos Ateliers Transit-City.
Cet Atelier s'inscrit dans la lignée de ceux montés autour des thèmes "Et si nous étions simplement en train de changer de monde ?" et "Et si la crise était plus civilisationnelle qu'économique ?"
Saturday, October 23, 2010
DEUX TERRES EN 2030
Le World Wide Fund for Nature vient de publier son Living Planet Report - 2010.
J'en ai retenu une info toute simple :
- Aujourd'hui les humains utilisent "l'équivalent d'une planète et demie" pour subvenir à leurs besoins, et ce essentiellement du fait de la "surconsommation" des pays les plus riches.
"L'empreinte écologique de l'humanité, c'est-à-dire la surface de terre et le volume d'eau requis pour produire les ressources renouvelables utilisés par la population sur une année, a doublé depuis 1966."
- Si nous continuons sur ce rythme de "croissance", nous aurons besoin de deux planètes en 2030.
"La biodiversité est toujours en déclin, en particulier dans les zones tropicales et les habitats d'eau douce, soit une baisse générale de 30% depuis 1970.
L’empreinte écologique la plus élevée se trouve dans les pays à haut revenus, elle est en moyenne 5 fois supérieure à celle des pays à faibles revenus."
"En 2025, on estime qu’environ les deux-tiers de la population mondiale, 5,5 milliards de personnes, vivront dans des régions soumises à des stress hydriques modérés à sévères et par conséquent, sans cet accès indispensable à l’eau potable, la terre, la nourriture adéquate, l’énergie et les matériaux, les individus les plus vulnérables ne pourront sortir du piège de la pauvreté et prospérer"
Évidement quand on lit cela, on ne peut que penser immédiatement au fameux "Collapse: How Societies Choose to Fail or Succeed" de Jared Diamond, dont le petit tableau ci-dessous, réalisé par le NYT, résume tout.
Tableau qu'il est évidement tentant de comparer avec notre situation actuelle.
“Nous avons en commun avec les Mayas de ne pas percevoir de manière très rationnelle la manière dont le monde fonctionne. Ils avaient leurs rituels et leurs sacrifices – de la magie, en somme. Or nous aussi, nous croyons à la magie : nous sommes convaincus que l’argent et l’innovation nous permettront de franchir les limites inhérentes à notre système, comme si les vieilles règles ne s’appliquaient pas à nous.” écrivait, peu avant de mourir, le grand anthropologue sud-africain David Webster.
On ne peut mieux résumer l'état d'esprit actuel.
Thursday, October 21, 2010
QUAND PARIS AURA PLUS CHAUD
Paris en 2100, quand la température aura augmente en moyenne de 2 degrés ?
C'est trop sage, trop propre et trop rassurant pour être tout à fait intéressant (voir en comparaison, Londres là ou là).
Et on comprend pas très bien pourquoi il faudrait attendre 2100 pour assister à de telles mutations ?
Alors pourquoi en parler me direz-vous ? Juste pour montrer la différence entre ceux qui font de la prospective pour se mettre en danger et penser au futur radicalement différemment (voir là) et ceux qui en font pour se rassurer et surtout ne rien changer (voir là).
Explications sur cette démarche très proprette et aseptisée, là.
Et pour aller plus loin sur ce sujet, voir Et si, dans un monde plus chaud et plus sec, la ville arabe devenait un modèle ?
Monday, October 18, 2010
NEXT URBAN LIGHT DELIVERIES SYSTEM ?
Les superbes et quelque peu surréalistes photos ci-dessous, sont issues de la série Totems réalisée par Alain Delorme à Shanghaï.
"Sous le ciel bleu d’un Shanghai acidulé, les hommes traversent la ville charriant des amoncellements improbables. Ces colonnes précaires faites de cartons et de chaises apparaissent comme les nouveaux totems d’une société en pleine transformation, à la fois usine du monde et nouvel eldorado de l’économie de marché." souligne dans un très beau texte, l'historienne de la photographie Raphaële Bertho. "Du trottoir à l’immeuble, les différents plans s’échelonnent de manière régulière entre les différentes temporalités urbaines : celle du quotidien, de l’éphémère, du mouvement incessant des passants et celle du changement urbain, des chantiers et des nouveaux bâtiments, qui s’inscrit dans un rythme plus lent."
On peut voir dans ces images totalement autre chose. Moi, personnellement, j'y ai vu la vision d'un certain avenir, ni souhaitable ni haïssable, mais simplement possible. Un avenir qui serait lié à une augmentation du prix de l'énergie qui rendrait une bonne part de nos mobilités et donc de nos systèmes de distributions, économiquement insoutenable. C'est aujourd'hui un scénario peu probable à court terme - quoique ... - mais qui m'a toujours trotté dans la tête notamment en voyageant en Asie, où a toujours existé des réseaux de portages et de livraisons fondés le vélo et la marche. Et ceci est vrai aussi bien au Japon, qu'en Thaïlande, en Indonésie ou en Malaisie.
Aujourd'hui ce genre de pratiques trouve une nouvelle jeunesse, dans les pays occidentaux. Le vélo cargo redevient à la mode - parfois avec un petit moteur électrique, voir là - dans certaines grandes villes américaines, en Europe du Nord, mais aussi dans certaines villes comme Londres ou Paris. C'est encore très anecdotique, certes, - sauf à Copenhague - mais c'est un mouvement croissant soutenu par certaines enseignes de la grande distribution ou de colis express. (voir, là).
En Chine, il n'est pas rare de croiser plusieurs fois par jour, même dans les plus grandes villes envahies par les voitures, des porteurs à palanches transportant tout type de charges (voir par exemple, ce reportage de la télé suisse sur Chongqing, là).
Mais c'est au Vietnam, et particulièrement à Ho Chi Minh Ville, que le phénomène est aujourd'hui le plus visible et plus quotidien. Et c'est d'autant plus marquant que les porteuses - car on voit essentiellement des femmes, les hommes sont en motos ! - semblent faire cela avec un naturel et une facilité qui pour moi reste mystérieux. On ne retrouve pas ces images de souffrance, comme on en voit souvent en Inde, notamment avec les dabbawala.
Et là encore, soit on regarde ces photos, comme la survivance d'un passé appelé à disparaître totalement dans les années qui viennent, soit on les raccroche à une autre actualité comme, par exemple, celle de la mise au point par le laboratoire Berkeley Bionics d'un exosquelette destiné aux tétraplégiques, le eLegs (photo ci-dessous).
Si on croise les images de ces porteuses vietnamiennes avec celles de cet exosquelette, on arrive, en effet, à des scenari pour le futur totalement innovants, et qui ne sont pas sans rappeler les travaux menés actuellement au Japon.
En effet, les Japonais qui ont adopté la roue très tard (voir, Et si pour les Japonais, la roue n'était qu'une parenthèse ?), conduisent depuis plusieurs années des travaux passionnants autour des exosquellettes conçus et imaginés comme de véritables moyens de locomotion (voir, New exo-mobility by Honda). Cette idée se diffuse aujourd'hui peu à peu, notamment via les jeux vidéo de type Gundam Suit ou certains films de super héros américains, comme Iron Man (voir, Quand le super-héros américain se japonise). Et là, tout d'un coup, on ne regarde plus les porteurs à palanche de la même façon.
Ces réflexions s'inscrivent dans le cadre de nos travaux sur Light Mobility et sur l'inversion des modèles de mobilité (voir, par exemple, là et là).
"Sous le ciel bleu d’un Shanghai acidulé, les hommes traversent la ville charriant des amoncellements improbables. Ces colonnes précaires faites de cartons et de chaises apparaissent comme les nouveaux totems d’une société en pleine transformation, à la fois usine du monde et nouvel eldorado de l’économie de marché." souligne dans un très beau texte, l'historienne de la photographie Raphaële Bertho. "Du trottoir à l’immeuble, les différents plans s’échelonnent de manière régulière entre les différentes temporalités urbaines : celle du quotidien, de l’éphémère, du mouvement incessant des passants et celle du changement urbain, des chantiers et des nouveaux bâtiments, qui s’inscrit dans un rythme plus lent."
On peut voir dans ces images totalement autre chose. Moi, personnellement, j'y ai vu la vision d'un certain avenir, ni souhaitable ni haïssable, mais simplement possible. Un avenir qui serait lié à une augmentation du prix de l'énergie qui rendrait une bonne part de nos mobilités et donc de nos systèmes de distributions, économiquement insoutenable. C'est aujourd'hui un scénario peu probable à court terme - quoique ... - mais qui m'a toujours trotté dans la tête notamment en voyageant en Asie, où a toujours existé des réseaux de portages et de livraisons fondés le vélo et la marche. Et ceci est vrai aussi bien au Japon, qu'en Thaïlande, en Indonésie ou en Malaisie.
Aujourd'hui ce genre de pratiques trouve une nouvelle jeunesse, dans les pays occidentaux. Le vélo cargo redevient à la mode - parfois avec un petit moteur électrique, voir là - dans certaines grandes villes américaines, en Europe du Nord, mais aussi dans certaines villes comme Londres ou Paris. C'est encore très anecdotique, certes, - sauf à Copenhague - mais c'est un mouvement croissant soutenu par certaines enseignes de la grande distribution ou de colis express. (voir, là).
En Chine, il n'est pas rare de croiser plusieurs fois par jour, même dans les plus grandes villes envahies par les voitures, des porteurs à palanches transportant tout type de charges (voir par exemple, ce reportage de la télé suisse sur Chongqing, là).
Mais c'est au Vietnam, et particulièrement à Ho Chi Minh Ville, que le phénomène est aujourd'hui le plus visible et plus quotidien. Et c'est d'autant plus marquant que les porteuses - car on voit essentiellement des femmes, les hommes sont en motos ! - semblent faire cela avec un naturel et une facilité qui pour moi reste mystérieux. On ne retrouve pas ces images de souffrance, comme on en voit souvent en Inde, notamment avec les dabbawala.
Et là encore, soit on regarde ces photos, comme la survivance d'un passé appelé à disparaître totalement dans les années qui viennent, soit on les raccroche à une autre actualité comme, par exemple, celle de la mise au point par le laboratoire Berkeley Bionics d'un exosquelette destiné aux tétraplégiques, le eLegs (photo ci-dessous).
Si on croise les images de ces porteuses vietnamiennes avec celles de cet exosquelette, on arrive, en effet, à des scenari pour le futur totalement innovants, et qui ne sont pas sans rappeler les travaux menés actuellement au Japon.
En effet, les Japonais qui ont adopté la roue très tard (voir, Et si pour les Japonais, la roue n'était qu'une parenthèse ?), conduisent depuis plusieurs années des travaux passionnants autour des exosquellettes conçus et imaginés comme de véritables moyens de locomotion (voir, New exo-mobility by Honda). Cette idée se diffuse aujourd'hui peu à peu, notamment via les jeux vidéo de type Gundam Suit ou certains films de super héros américains, comme Iron Man (voir, Quand le super-héros américain se japonise). Et là, tout d'un coup, on ne regarde plus les porteurs à palanche de la même façon.
Ces réflexions s'inscrivent dans le cadre de nos travaux sur Light Mobility et sur l'inversion des modèles de mobilité (voir, par exemple, là et là).
Sunday, October 17, 2010
DEMAIN ?
Quand parfois certains paysages urbains (ci-dessus Shanghaï) ou certains projets architecturaux (ci-dessous Songdo Landmark City par l'agence REX), donnent envie de faire des rapprochements avec d'autres images.
Friday, October 15, 2010
TOKYO, THE NEW METABOLISM AND THE SLUMS
City of monarchism :
City of capitalism :
Les deux photos aériennes ci-dessus de Paris et New-York et leurs titres viennent de l'exposition Tokyo metabolism présentée dans le pavillon japonais de la Biennale d'Architecture de Venise.
Elles présentent une évolution assez simple du tissus urbain tel qu'il s'est à la fois densifié et ordonné depuis deux siècles dans les pays occidentaux.
En toute logique, on aurait pu imaginer que l'image suivante soit celle ci-dessous d'un échangeur au coeur de Tokyo. On y retrouve l'hyper-densité et la fluidité présentées comme les valeurs cardinales de la ville du XXI°.
Or, non, l'image suivante présentée est celle ci-dessous sous le titre de The metabolism city.
The metabolism city :
Il s'agit d'un de ces nombreux quartiers de Tokyo faits de petites maisons et de ruelles dans lesquelles ne peuvent circuler bien souvent que les piétons, les vélos ou les kei cars. Ces zones quasi-villageoises sont à l'opposé de l'image que de nombreux étrangers se font des villes japonaises, alors qu'elles en représentent pourtant la plus grande partie.
Alors comment expliquer ce choix ?
Pour les trois commissaires de l'expo, Koh Kitayama, Yoshiharu Tsukamoto (Atelier Bow-Wow) et Ryue Nishizawa (SANAA), ces quartiers de très basse densité, représentent, en effet, l'avenir du métabolisme, théorie architecturale apparue sur l'archipel il y a une cinquantaine d'année, et dont la particularité était de se vouloir flexible via des structures extensibles permettant une croissance quasi organique des bâtiments (voir des images, là ).
Sauf que là où les architectes métabolistes des années 60, comme Kenzo Tange ou Kisho Kurokawa imaginaient le futur à travers des mega-structures tentaculaires, Tsukamoto, Kitayama et Nishizawa l'imaginent, eux, à petite échelle, celle de la maison individuelle.
Pour eux, les idéaux métabolistes s'expriment dorénavant dans cette adaptation souple, soft et très discrète des territoires du quotidien, et non plus dans des grands gestes globaux. C'est en tout cas la vison qu'ils expriment dans leur très stimulant ouvrage Tokyo Metabolizing, à laquelle on ne peut être que sensible. Et pour mieux faire passer leur message, ils présentent une étonnante vidéo visible là ( Sur le pavillon, voir là ).
Moi, ces images de Tokyo m'ont marqué, car j'y ai vu autre chose que ce qui était présenté. J'y ai vu, en effet, une représentation neuve et - avouons-le - assez positive des évolutions possibles des immenses bidonvilles de villes comme Rio ou Mumbaï (photo ci-dessous). Ces zones ont, en effet, vocation à croître dans les années qui viennent ( 2 milliards de personnes y vivront en 2040, contre "seulement" un milliard aujourd'hui !! ), et il apparaît très très illusoire qu'elles disparaissent.
Demain dans un monde plus pauvre, plus inégal et plus précaire (voir là), il va falloir nous habituer à penser autrement, à regarder autrement l'évolution des villes et cesser d'imaginer que tout ira mieux, que les slums vont disparaître et que tout s'embellira. Cette vision est fausse et pas crédible, même si certains cabinets d'archis continuent d'entretenir cette fiction (voir là)
Et dans ces conditions pourquoi ne pas essayer de porter un regard plus honnête et plus juste sur les bidonvilles en les regardant comme les laboratoires des informal cities du futur (voir à ce sujet urbaninform ).
Et je trouve, que le regard proposé par les japonais à travers Tokyo metabolism peut, d'une certaine façon, nous y aider par sa modestie notamment sur le plan formel. De façon très curieuse les petites maison japonaises, notamment celles présentées par l'Atelier Bow Wow dans son superbe Graphic Anatomy, ne sont pas si éloignées en terme de taille et de densité de certaines constructions que j'ai vus dans des bidonvilles brésiliens, sud africains ou indiens, et peuvent apparaître comme des solutions pour demain. Voir, par exemple, les Housing possibilities proposées dans le cadre du programme Housing informal city .
Ci-dessous (cliquez sur l'image) ma vision d'un des rapprochements possibles entre l'architecture japonaise (Atelier Bow Wow, à gauche) et justement ces nouveaux principes constructifs envisageables pour les bidonvilles (projet Housing informal city, à droite). Le rapprochement n'est - me semble-t-il - pas totalement aberrant.
PS / Et pour continuer à réflèchir sur ces phénomènes de croissance informelle dans l'avenir, je ne résiste pas à vous proposer cette image de Buckingham Palace entouré d'un vaste bidonville. ( voir London postcards from the future )
" The climate refugee crisis reaches epic proportions. The vast shanty town that stretches across London’s centre leaves historic buildings marooned, including Buckingham Palace.
The Royal family is surrounded in their London home. Everybody is on the move and the flooded city centre is now uninhabitable and empty – apart from the thousands of shanty-dwellers. But should empty buildings and land be opened up to climate refugees ? " (source, London Futures)
City of capitalism :
Les deux photos aériennes ci-dessus de Paris et New-York et leurs titres viennent de l'exposition Tokyo metabolism présentée dans le pavillon japonais de la Biennale d'Architecture de Venise.
Elles présentent une évolution assez simple du tissus urbain tel qu'il s'est à la fois densifié et ordonné depuis deux siècles dans les pays occidentaux.
En toute logique, on aurait pu imaginer que l'image suivante soit celle ci-dessous d'un échangeur au coeur de Tokyo. On y retrouve l'hyper-densité et la fluidité présentées comme les valeurs cardinales de la ville du XXI°.
Or, non, l'image suivante présentée est celle ci-dessous sous le titre de The metabolism city.
The metabolism city :
Il s'agit d'un de ces nombreux quartiers de Tokyo faits de petites maisons et de ruelles dans lesquelles ne peuvent circuler bien souvent que les piétons, les vélos ou les kei cars. Ces zones quasi-villageoises sont à l'opposé de l'image que de nombreux étrangers se font des villes japonaises, alors qu'elles en représentent pourtant la plus grande partie.
Alors comment expliquer ce choix ?
Pour les trois commissaires de l'expo, Koh Kitayama, Yoshiharu Tsukamoto (Atelier Bow-Wow) et Ryue Nishizawa (SANAA), ces quartiers de très basse densité, représentent, en effet, l'avenir du métabolisme, théorie architecturale apparue sur l'archipel il y a une cinquantaine d'année, et dont la particularité était de se vouloir flexible via des structures extensibles permettant une croissance quasi organique des bâtiments (voir des images, là ).
Sauf que là où les architectes métabolistes des années 60, comme Kenzo Tange ou Kisho Kurokawa imaginaient le futur à travers des mega-structures tentaculaires, Tsukamoto, Kitayama et Nishizawa l'imaginent, eux, à petite échelle, celle de la maison individuelle.
Pour eux, les idéaux métabolistes s'expriment dorénavant dans cette adaptation souple, soft et très discrète des territoires du quotidien, et non plus dans des grands gestes globaux. C'est en tout cas la vison qu'ils expriment dans leur très stimulant ouvrage Tokyo Metabolizing, à laquelle on ne peut être que sensible. Et pour mieux faire passer leur message, ils présentent une étonnante vidéo visible là ( Sur le pavillon, voir là ).
Moi, ces images de Tokyo m'ont marqué, car j'y ai vu autre chose que ce qui était présenté. J'y ai vu, en effet, une représentation neuve et - avouons-le - assez positive des évolutions possibles des immenses bidonvilles de villes comme Rio ou Mumbaï (photo ci-dessous). Ces zones ont, en effet, vocation à croître dans les années qui viennent ( 2 milliards de personnes y vivront en 2040, contre "seulement" un milliard aujourd'hui !! ), et il apparaît très très illusoire qu'elles disparaissent.
Demain dans un monde plus pauvre, plus inégal et plus précaire (voir là), il va falloir nous habituer à penser autrement, à regarder autrement l'évolution des villes et cesser d'imaginer que tout ira mieux, que les slums vont disparaître et que tout s'embellira. Cette vision est fausse et pas crédible, même si certains cabinets d'archis continuent d'entretenir cette fiction (voir là)
Et dans ces conditions pourquoi ne pas essayer de porter un regard plus honnête et plus juste sur les bidonvilles en les regardant comme les laboratoires des informal cities du futur (voir à ce sujet urbaninform ).
Et je trouve, que le regard proposé par les japonais à travers Tokyo metabolism peut, d'une certaine façon, nous y aider par sa modestie notamment sur le plan formel. De façon très curieuse les petites maison japonaises, notamment celles présentées par l'Atelier Bow Wow dans son superbe Graphic Anatomy, ne sont pas si éloignées en terme de taille et de densité de certaines constructions que j'ai vus dans des bidonvilles brésiliens, sud africains ou indiens, et peuvent apparaître comme des solutions pour demain. Voir, par exemple, les Housing possibilities proposées dans le cadre du programme Housing informal city .
Ci-dessous (cliquez sur l'image) ma vision d'un des rapprochements possibles entre l'architecture japonaise (Atelier Bow Wow, à gauche) et justement ces nouveaux principes constructifs envisageables pour les bidonvilles (projet Housing informal city, à droite). Le rapprochement n'est - me semble-t-il - pas totalement aberrant.
PS / Et pour continuer à réflèchir sur ces phénomènes de croissance informelle dans l'avenir, je ne résiste pas à vous proposer cette image de Buckingham Palace entouré d'un vaste bidonville. ( voir London postcards from the future )
" The climate refugee crisis reaches epic proportions. The vast shanty town that stretches across London’s centre leaves historic buildings marooned, including Buckingham Palace.
The Royal family is surrounded in their London home. Everybody is on the move and the flooded city centre is now uninhabitable and empty – apart from the thousands of shanty-dwellers. But should empty buildings and land be opened up to climate refugees ? " (source, London Futures)
Tuesday, October 12, 2010
FLOATING CUBES IN THE SKY OF L.A ?
Suite à mes posts Cubes volants et Quand les hollandais rêvent de nuages..., je voulais vous proposer ces trois images pour continuer à réfléchir sur ces belles idées de légèreté et de modularité plus ou moins improbables.
Ce sont des projets pour Los Angeles, et vous trouverez toutes les explications, là.
Monday, October 11, 2010
QUAND TOYOTA ET JEEP ONT BESOIN DE GOOGLE
Pour faire suite à mon précédent post sur la façon dont peu à peu Google construit et s'approprie les nouveaux imaginaires de la mobilité, je voulais vous proposer ces trois annonces publicitaires réalisées par l'agence Saatchi & Saatchi de Sydney, pour la nouvelle Toyota Prado. La liberté, l'autonomie, l'évasion sont clairement associées - et de façon totalement paradoxale - au système de navigation Street View de Google chargé de nous guider - et accessoirement de nous pister via le GPS - dans nos déplacements.
Incapables de porter les nouvelles valeurs de la mobilité par leurs produits ( voir là ), les constructeurs ont aujourd'hui besoin de Google comme de Apple pour valoriser leur voiture ( voir le nombre de fabricants qui ne cessent de répéter que leurs nouveaux modèles permet de brancher un i-Phone !!! )
Et pour tenter de confirmer mes propos, je ne peux que vous proposer ci-dessous une toute récente publicité de Jeep. Tout y est (Google, i-Phone ...) et ca se dispense de tout commentaire.
PS / Et on fait comment dans les cas de trap street (carte bidonnée ) comme on peut parfois en voir sur Google Map, notamment là à Londres ?
LA GOOGLE CAR, UN AVANT-GOÛT DE MINORITY REPORT ?
Les images
(sources : NYT)
Les explications pleines de bons sentiments de Google
"Larry and Sergey founded Google because they wanted to help solve really big problems using technology. And one of the big problems we’re working on today is car safety and efficiency. Our goal is to help prevent traffic accidents, free up people’s time and reduce carbon emissions by fundamentally changing car use.
So we have developed technology for cars that can drive themselves. Our automated cars, manned by trained operators, just drove from our Mountain View campus to our Santa Monica office and on to Hollywood Boulevard. All in all, our self-driving cars have logged over 140,000 miles. We think this is a first in robotics research.
Our automated cars use video cameras, radar sensors and a laser range finder to “see” other traffic, as well as detailed maps (which we collect using manually driven vehicles) to navigate the road ahead. This is all made possible by Google’s data centers, which can process the enormous amounts of information gathered by our cars when mapping their terrain."
"According to the World Health Organization, more than 1.2 million lives are lost every year in road traffic accidents. We believe our technology has the potential to cut that number, perhaps by as much as half. We’re also confident that self-driving cars will transform car sharing, significantly reducing car usage, as well as help create the new “highway trains of tomorrow." These highway trains should cut energy consumption while also increasing the number of people that can be transported on our major roads. In terms of time efficiency, the U.S. Department of Transportation estimates that people spend on average 52 minutes each working day commuting. Imagine being able to spend that time more productively.
We’ve always been optimistic about technology’s ability to advance society, which is why we have pushed so hard to improve the capabilities of self-driving cars beyond where they are today. While this project is very much in the experimental stage, it provides a glimpse of what transportation might look like in the future thanks to advanced computer science. And that future is very exciting."
(sources : googleblog )
Les vraies questions que ce concept-car posent.
"Google (va) maîtrise(r) la conduite sans chauffeur... Mais pourquoi ?"
Google investit dans ce problématique. Mais pourquoi ? peu de personne s'interroge sur le ou les objectifs de Google ?
TECRUNCH pose la question, et apporte une piste, rappelant au passage la citation fameuse de M.Schmidt CEO de Google “Your car should drive itself. It just makes sense,” he noted. “It’s a bug that cars were invented before computers.”.
Un des objectifs serait donc de libérer du temps libre. Au lieu de conduire, vous pourrez, au hasard, être connecté et donc utiliser les nombreux outils Google, donc générer des flux sur des sites marchands par les publicités. Cette piste a du sens, mais il faudra, pour une application commerciale avec des personnes à bord, passer de nombreuses barrières juridiques. Google pourrait alors proposer des services de transport à la demande connecté à bas prix. Est-ce rentable ? Est-ce le moyen le plus simple de libérer du temps ?
Et si Google parvenait à maîtriser le déplacement d'objets roulants en milieu dense, quelles seraient les applications les plus rentables, les plus proches de son activité ? Google a conduit sa stratégie en développant des applications à haute valeur ajoutée pour le citoyen/consommateur utilisant des données de base, soit gratuites, soit payantes, dans certains cas créées par Google, comme pour Streetview avec des véhicules équipés. En regardant les zones couvertes par Streetview, il apparaît que de nombreuses zones ne sont pas couvertes, et des véhicules autonomes dans certaines zones seraient alors bien intéressants pour accéder de nouvelles données à moindre coût ...
En conclusion, pour compléter une note précédente sur les données (MétaNote N°7), il est probable que Google souhaite par cette technologie, accéder à des données pour développer de nouveaux services/outils à haute valeur ajoutée. Les cybercars de Google pourront être, quand tous les verrous techniques mais également juridiques seront levés, des capteurs de nos mobilités, capables d'alimenter des modèles de trafic, de construire en permanence des cartographie 3D actualisées. La création de données inédites serait alors la voie la plus rentable pour Google d'utiliser des cybercars."
(sources : Les transports du futur )
Pour aller plus loin sur ce sujet, voir là, mais aussi - et surtout - la présentation par wikipedia de Minority Report dont j'extrais cette phrase "En 2054, il est difficile de se déplacer incognito car toutes les personnes sont soumises à des scanners rétiniens, pour la personnalisation des messages publicitaires audios par exemple.". Voir, Intelligent ad street.
Ou comment au nom des bons sentiments (sécurité, écologie ...) Google est peut-être en train d'inventer le pire des système de contrôle et de surveillance. A méditer.
(sources : NYT)
Les explications pleines de bons sentiments de Google
"Larry and Sergey founded Google because they wanted to help solve really big problems using technology. And one of the big problems we’re working on today is car safety and efficiency. Our goal is to help prevent traffic accidents, free up people’s time and reduce carbon emissions by fundamentally changing car use.
So we have developed technology for cars that can drive themselves. Our automated cars, manned by trained operators, just drove from our Mountain View campus to our Santa Monica office and on to Hollywood Boulevard. All in all, our self-driving cars have logged over 140,000 miles. We think this is a first in robotics research.
Our automated cars use video cameras, radar sensors and a laser range finder to “see” other traffic, as well as detailed maps (which we collect using manually driven vehicles) to navigate the road ahead. This is all made possible by Google’s data centers, which can process the enormous amounts of information gathered by our cars when mapping their terrain."
"According to the World Health Organization, more than 1.2 million lives are lost every year in road traffic accidents. We believe our technology has the potential to cut that number, perhaps by as much as half. We’re also confident that self-driving cars will transform car sharing, significantly reducing car usage, as well as help create the new “highway trains of tomorrow." These highway trains should cut energy consumption while also increasing the number of people that can be transported on our major roads. In terms of time efficiency, the U.S. Department of Transportation estimates that people spend on average 52 minutes each working day commuting. Imagine being able to spend that time more productively.
We’ve always been optimistic about technology’s ability to advance society, which is why we have pushed so hard to improve the capabilities of self-driving cars beyond where they are today. While this project is very much in the experimental stage, it provides a glimpse of what transportation might look like in the future thanks to advanced computer science. And that future is very exciting."
(sources : googleblog )
Les vraies questions que ce concept-car posent.
"Google (va) maîtrise(r) la conduite sans chauffeur... Mais pourquoi ?"
Google investit dans ce problématique. Mais pourquoi ? peu de personne s'interroge sur le ou les objectifs de Google ?
TECRUNCH pose la question, et apporte une piste, rappelant au passage la citation fameuse de M.Schmidt CEO de Google “Your car should drive itself. It just makes sense,” he noted. “It’s a bug that cars were invented before computers.”.
Un des objectifs serait donc de libérer du temps libre. Au lieu de conduire, vous pourrez, au hasard, être connecté et donc utiliser les nombreux outils Google, donc générer des flux sur des sites marchands par les publicités. Cette piste a du sens, mais il faudra, pour une application commerciale avec des personnes à bord, passer de nombreuses barrières juridiques. Google pourrait alors proposer des services de transport à la demande connecté à bas prix. Est-ce rentable ? Est-ce le moyen le plus simple de libérer du temps ?
Et si Google parvenait à maîtriser le déplacement d'objets roulants en milieu dense, quelles seraient les applications les plus rentables, les plus proches de son activité ? Google a conduit sa stratégie en développant des applications à haute valeur ajoutée pour le citoyen/consommateur utilisant des données de base, soit gratuites, soit payantes, dans certains cas créées par Google, comme pour Streetview avec des véhicules équipés. En regardant les zones couvertes par Streetview, il apparaît que de nombreuses zones ne sont pas couvertes, et des véhicules autonomes dans certaines zones seraient alors bien intéressants pour accéder de nouvelles données à moindre coût ...
En conclusion, pour compléter une note précédente sur les données (MétaNote N°7), il est probable que Google souhaite par cette technologie, accéder à des données pour développer de nouveaux services/outils à haute valeur ajoutée. Les cybercars de Google pourront être, quand tous les verrous techniques mais également juridiques seront levés, des capteurs de nos mobilités, capables d'alimenter des modèles de trafic, de construire en permanence des cartographie 3D actualisées. La création de données inédites serait alors la voie la plus rentable pour Google d'utiliser des cybercars."
(sources : Les transports du futur )
Pour aller plus loin sur ce sujet, voir là, mais aussi - et surtout - la présentation par wikipedia de Minority Report dont j'extrais cette phrase "En 2054, il est difficile de se déplacer incognito car toutes les personnes sont soumises à des scanners rétiniens, pour la personnalisation des messages publicitaires audios par exemple.". Voir, Intelligent ad street.
Ou comment au nom des bons sentiments (sécurité, écologie ...) Google est peut-être en train d'inventer le pire des système de contrôle et de surveillance. A méditer.