Thursday, April 29, 2021

ET SI POUR PENSER LE SPORT, ON ARRÊTAIT D'ÊTRE FASCINÉ PAR LE HAUT-NIVEAU ?

Aujourd'hui l'essentiel de la pensée sportive est captée par le haut-niveau.

Aujourd'hui, et plus particulièrement en France avec la préparation des JO de Paris 2024, l'essentiel de la pensée sportive se fait sous les prisme de l'olympisme.

Aujourd'hui, le discours dominant des fédérations sportives est de nous présenter les Jeux olympiques comme la finalité de la pratique sportive. 

Aujourd'hui, l'Olympisme et le haut-niveau semblent être devenus des idéaux absolus pour penser le sport.

Et si on prenait le contre-pied de cette fascination pour le haut-niveau ?


Et si on décidait que le haut-niveau n'était plus un modèle ... mais au contraire un contre-modèle ?

Et si on prenait conscience que l'obsession de la performance avait plus d'effets négatifs que positifs sur la pensée et la pratique sportive?

Ce sont quelques-unes des questions que l'on ne peut s'empêcher de se poser en lisant le passionnant livre "Le sport le diable au corps" signé de la philosophe et ancienne athlète de haut-niveau, Isabelle Queval.

"Là où le monde du travail, ou celui de l’école, alertent sur les méfaits du culte de la performance à outrance et ses conséquences sur la santé mentale, produisant çà et là des contre-discours, rien de tel dans le monde du sport de haut niveau où la recherche incessante de performance est la clé de voûte. 

Le sport de haut niveau est fondé, au sens le plus strict, sur le culte de la performance, et cette trajectoire brute, cette ligne d’excès dans toute son épure, explique bien des «dérives». (...)

Porté par le contexte de sa naissance qui a vu dans la compétition sportive le vecteur de valeurs éducatives et morales propres à influencer la société, le sport de haut niveau n’en finit plus de voir se télescoper ces valeurs – comme si elles lui étaient indéfectiblement attachées – avec les dérèglements de toute nature dont il est aujourd’hui l’objet.

Et de poser la vraie question - et si le sport sortait enfin du XIX° siècle ?

"L’activité du XIX° siècle, emblématique d’une méritocratie réglementée, icône même de la valeur de la règle et de son impact moral sur les structures sociales, subit les coups de boutoir des dérégulations qui agitent le monde du XXI° siècle. 
À ce titre, encore une fois parce qu’il se situe à la pointe de toutes les innovations et porte en lui tous les excès, le sport de haut niveau hyperbolise les problèmes du temps. 
C’est donc seulement en renouvelant ses valeurs, en les réinventant, et non en se référant, toujours, à celles du XIX° siècle, que le sport pourra relever les défis sociaux et éducatifs de la société d’aujourd’hui."

Et c'est justement pour réfléchir à cette question des nouvelles valeurs du sport, que nous organisons le 24 juin prochain les premières Rencontres de la prospective sportive autour de la question "Et si les Jeux Olympiques portaient une vision dépassée du sport ?"  

Isabelle Queval interviendra lors des Rencontres de la prospective sportive.

Tuesday, April 27, 2021

ET SI POUR PENSER LE SPORT, ON ÉCOUTAIT PLUS CEUX QUI N'AIMENT PAS LES JEUX OLYMPIQUES ?

Chez Transit-City, on fait de la prospective.

On fait notamment de la prospective sur le sport, et c'est pour cela que nous avons monté avec Patrick Roult de l'Insep, les Rencontres de la Prospective Sportive.

Ce qui sous-tend la démarche des Rencontres, est une question toute simple : on regarde où pour penser demain ?

Une question que l'on peut décomposer en deux sous-questions : 
- où doit-on regarder pour penser le sport dans les années qui viennent ?
- qui doit-on écouter pour imaginer les évolutions du sport dans l'avenir ?

En général, les professionnels qui prétendent regarder l'évolution du sport regardent ... le sport et le marché du sport.

Ils font donc de la tendance en regardant les données du marchés ou en écoutant des sportifs.

Mais jamais, ils n'écoutent les non-sportifs et encore moins ceux qui détestent ouvertement le sport.

Et c'est dommage.

Car écouter les gens qui n'aiment pas le sport, c'est devoir entendre ce qu'ils reprochent au sport et à son système de valeur.

Et ça c'est fondamental pour penser demain.

Cela oblige à penser d'autres modèles et d'autres valeurs pour penser l'activité physique.

Surtout quand cette critique du sport est intelligente et incite à penser en dehors des schémas dominants comme le fait le philosophe André Comte-Sponville dans son livre "Que le meilleur gagne !".

Ses questions et ses doutes font réfléchir notamment sur l'obsession de la compétition.

"Quand je pense à ces centaines de jeunes qui passent des heures chaque jour à faire des longueurs de piscine, dans l’espoir de gagner, dans dix ans, une possible médaille olympique ! Il y a quand même mieux à faire de son enfance, de son adolescence, de sa jeunesse, que de faire des longueurs de piscine jusqu’à vous en dégoûter ! 

« Va au bout de ton rêve », disent les imbéciles. 

Eh bien alors, ne rêvons pas de devenir des champions ! 

Combien de jeunes garçons commencent leur vie d’adulte, tristement, sur un constat d’échec : ils ne seront jamais footballeurs professionnels! Quelle tristesse ! Quelle sottise ! Quel gâchis !"

Dans l'optique des Rencontres organisées cette années autour de la question "Et si les Jeux Olympiques portaient une vision dépassées du sport ?", on retiendra parmi les propos de Comte-Sponville, ceux concernant la fameuse devise "Citius, altius, fortius" qui, pour lui, "renvoie les Jeux olympiques au dérisoire qui est le leur."

 "Dès l’âge de trente ou trente-cinq ans, ce n’est plus « Plus vite, plus haut, plus fort », mais « Moins vite, moins haut, moins fort ». 
Or, que je sache, à trente ans, la vie n’est pas terminée ! 
À force de célébrer le sport, on finit par enfermer nos jeunes gens dans un jeunisme délétère, puisqu’on leur laisse croire qu’après trente-cinq ans, en gros, tout est foutu – ils n’iront pas plus vite, plus haut, plus fort. 
Si bien que la devise olympique revient à dire : « À trente-cinq ans, la vie est finie. » 
Ce qui est exactement le contraire de la vérité, le contraire de ce qu’il faut dire à nos enfants !"  

On est pas obligé d'être d'accord avec Comte-Sponville, ni de réduire les J.O à cette devise.

Mais sa critique est franchement à méditer dans un monde qui va compter de plus en plus de vieux et qui va être de plus en plus obsédé par le corps, la santé et la forme.

Dans ce nouveau contexte, les J.O. vont-ils à l'encontre de l'évolution démographique du monde ?

Voir "Et si la vieillesse permettait de réinventer les Jeux Olympiques ?"

André Comte-Sponville interviendra lors des Rencontres de la prospective sportive.

Monday, April 26, 2021

"REMEMBER THE OFFICE ?"

Quand parfois une simple couverture de magazine dit à elle seule toute une révolution.

Avec la révolution digitale, quel est le lieu qui symbolise l'entreprise ? 
Est-ce encore le bureau ? voir, .

Et est-ce encore un lieu ? Ou n'est-ce pas plutôt la connexion, c'est à dire, non plus un lieu, mais des outils, un téléphone, un ordinateur et une imprimante 3D ?

Qu'est-ce qui fait "le territoire d'une entreprise" aujourd'hui ?

Avec la révolution digitale, n'est-on pas en train de rentrer dans une nouvelle étape de la religion industrielle dont le symbole serait l'absence de lieu ... symbolique ?

Saturday, April 24, 2021

"ONLY ACCESSIBLE VIA HUMAN-POWERED TRAVEL"

"Only accessible via human-powered travel"

Entre "hommes lents", "silence" et "double jeu", un très bel idéal mobilitaire - .

Wednesday, April 21, 2021

ET SI L'ABSENCE DE ROUE DEVENAIT UN NOUVEL IDÉAL CYCLISTE ?

Pour prolonger le précédent post sur les nouveaux imaginaires possibles de la basket autour de la roue - voir, -, je voulais vous proposer cette image d'un certain nouvel idéal du cyclisme contemporain : le vélo haut de gamme sans roue (ce modèle vaut 3 500 $ - ).

Une machine paradoxale : car si elle nie la qualité première du vélo - se déplacer -, elle génère en même temps une nouvelle image très désirable de la performance cycliste.

Troublant.

Tuesday, April 20, 2021

ET SI LA BASKET DEVAIT SE PENSER COMME UN MONSTER TRUCK ?

Si on part du principe que ....
- ... le XXI° siècle va être le siècle du corps, par opposition au XIX° et au XX° siècles qui furent les siècles de la mécanique.
- ... les imaginaires de la mobilité sont encore très dominés par les imaginaires automobiles.

Alors ...

Alors ne faut-il pas prendre l'imaginaire automobile le plus excessif qui soit, à savoir celui du monster truck, pour penser la chaussure performante de demain ?

C'est ce qu'on peut penser devant ce film de Nike sur la conception de sa Road Warrior.

Si le modèle automobile choisi peut paraître surprenant tant il est à l'opposé des valeurs de la basket, la méthode et le cheminement de la pensée des designers sont eux loin d'être inintéressants. 

C'est à voir et à méditer quand on réfléchit aux nouveaux imaginaires de la mobilité et du sport - voir "Nouvelles technicités de la mobilité ?"

Pour aller plus loin sur les imaginaires de la nouvelle gamme I.S.P.A de Nike, voir "Et si Nike se lançait dans le survivalisme urbain ?"

Et sur la capacité de Nike a toujours faire du très malin storytelling sur la création de ses modèles, voir "Et si Nike devait beaucoup à Archigram ?"

Monday, April 19, 2021

ET SI LE "NON AUTORISÉ" DEVENAIT UN IDÉAL SPORTIF ?

A la naissance de chaque sport, il y a une idée déconnante - .

A la naissance de chaque sport, il y a toujours une idée de transgression, une histoire de ne pas faire ce qui se fait d'habitude, une histoire de plaisir, une histoire de jeu.

Et dans un monde de plus en plus normé, encadré, sécurisé, contrôlé, le sport va devenir de plus en plus un outils de libération.

A l'heure où il faut demander l'autorisation pour tout, le "non autorisé" va devenir terriblement désirable.

C'est en tout cas une des leçons que l'on peut retenir de la course Take the bridge, course clandestine organisée la nuit sur des parcours inconnus à l'avance par les coureurs - voir la vidéo et les explications sur l'édition de Melbourne, .

Et il est à parier qu'après les vagues successives de confinement, le besoin de transgression va se développer.

Aujourd'hui pour beaucoup, le sport c'est le respect de la règle.

Demain pour beaucoup d'autres, le sport ça sera la transgression des règles.

Deux questions induites : 


- Ce sont quoi "les valeurs du sport" demain ?


- C'est quoi enseigner "les valeurs du sport" demain ?


On ne va évidement pas répondre dans ce post.

Mais on en reparlera forcément, .

Friday, April 16, 2021

ON REGARDE OÙ POUR PENSER DEMAIN ?

Si les Ateliers Transit-City sont interrompus pour cause de Covid, cela ne nous empêche pas de continuer à monter des évènements sous d'autres formats pour continuer à échanger et à partager sur l'avenir. 

Thursday, April 15, 2021

Wednesday, April 14, 2021

ET SI C'ÉTAIT CELA LA NOUVELLE PERFORMANCE SPORTIVE ?

Quand à 100 jours de l'ouverture des Jeux Olympiques, une marque comme Nike axe toute sa communication sur l'économie circulaire () et l'empreinte carbone (), on comprend que les imaginaires sportifs sont en train de fortement évoluer et que la notion de performance pourrait prendre un autre sens dans les années qui viennent.


On reviendra beaucoup plus longuement sur cette question des nouveaux imaginaires sportifs lors des Rencontres de la Prospective Sportive organisées le 24 juin prochain à l'Insep - voir, .

Wednesday, April 07, 2021

ET SI LE SILENCE DEVENAIT UN IDÉAL SPORTIF ?

Chez Transit-City, le silence est un curseur important pour penser le futur.

C'est ainsi que avons aussi développé un certain nombre de réflexions sur :
Aujourd'hui, la question est de savoir si le silence peut nous aider à penser l'avenir du sport ?

Pourquoi cette question  ?

Pour une raison toute simple : le sport se cherche aujourd'hui très clairement de nouvelles missions sociales et environnementales et l'idée de ne pas émettre de nuisances sonores pourrait devenir une de ses grandes ambitions.

C'est une hypothèse que nous faisions récemment avec "et si nous ambitionnions de devenir plus discrets ?

Pour une marque comme Patagonia, le silence est déjà très clairement une vertu.

La marque n'oublie, en effet, jamais de rappeler que son développement est "inspiré des sports silencieux". 

On retrouve dans cette profession de foi des thèmes qui nous sont chers notamment avec notre programme "No Motor Project ®" ou notre démarche "Moins de techno, plus d'ethno".

On y retrouve aussi la démarche entreprise par un de nos grands modèles, le toujours impeccable magazine "Les Carnets d'Aventures" qui a pour positionnement "le voyage sportif itinérantsans moyen motorisédans la nature et avec bivouac".

Alors, le silence peut-il devenir un idéal sportif ?

La réflexion mérite certainement d'être poursuivie et enrichie.

On y reviendra plus longuement lors des Rencontres de la Prospective Sportive organisées autour de la question des nouvelles valeurs du sport dans les années qui viennent.

Tuesday, April 06, 2021

ET SI LE VÉLO DEVENAIT UN SPORT DE PRISONNIERS ?

S'il y a deux univers qu'a priori tout oppose, c'est bien celui de la prison et celui du cyclisme sur route.

Et pourtant ...

Il faut regarder Breakaway, l'expérience étonnante montée par Decathlon Belgique avec une prison - tous les détails, .

Ou quand des prisonniers deviennent des cyclistes sur route.

Mais surtout quand ...

... quand le e-Cycling révolutionne les territoires du vélo.

... quand le e-Cycling ouvre à de nouvelles pratiques totalement inédites.

... quand le e-Cycling ouvre de nouveaux horizons à de nouveaux pratiquants.

Bref, quand on a la confirmation que le e-sport va radicalement faire exploser les temps et les lieux traditionnels du sport dans les années qui viennent. 

La question induite : et si tous les sports réinterrogeaient leurs pratiques sous le prisme de l'e-sport ?

Sur les nouveaux imaginaires du vélo, voir :

Sur les nouveaux enjeux du e-sport, voir :

On reviendra forcément sur cette question le 24 juin prochain lors des premières Rencontres de la Prospective Sportive.

Monday, April 05, 2021

ET SI LE VÉLO DEVENAIT - ENFIN - UN SPORT DE GROS ?

Chez Transit-City, on s'intéresse depuis longtemps aux corps - .

A tous les corps - .

Et on s'intéresse plus particulièrement aux relations de tous les corps avec tous les sports.

Et notamment aux relations des corps considérés comme non sportifs avec le sport, ces corps que nous appelons "les nouveaux corps du sport ®".

Nous nous sommes ainsi beaucoup intéressés aux corps handicapés - voir , et .

Nous évoquions récemment le corps des vieux -  et -, mais aussi celui des femmes enceintes - .

Nous avons aussi beaucoup réfléchi à la question "c'est quoi être gros ?" et essayer de comprendre ce que cela pourrait impliquer pour penser un monde de l'obé-cité ®.

Ce travail s'accompagne parallèlement, d'une réflexion sur le très haut niveau, la mutation du corps des athlètes et la possible émergence de nouvelles morphologies liées à la performance - voir, "C'est quoi demain, le corps d'un athlète ?"

Si tous les sports n'engendrent pas une morphologie type (heureusement), ils sont tous associés à certaines caractéristiques.

Le vélo est ainsi associé la minceur.

Les cyclistes sont maigres.

On fait du vélo pour maigrir.

Et même quand certains veulent promouvoir la pratique du vélo en ville, ils l'associent à la minceur - voir  "Entre fat line et fast line ?".

Et c'est évidement un vrai problème au vu du rôle que va devoir jouer le vélo dans les années qui viennent en matière de mobilités actives

Peut-on cantonner le vélo aux corps athlétiques ? Bien sur que non !

Il était donc temps que quelqu'un prenne la parole sur cette question et cesse de faire du vélo un truc inaccessible aux gros.

C'est fait depuis quelques jours avec le très bon film "All Bodies on Bikes" réalisé par Shimano.

Les deux filles très rondes sont épatantes mais surtout, comme le dit Bicycling, "this new documentary breaks down size barriers in cycling".

La question induite : et si tous les sports réinterrogeaient leurs pratiques sous le prisme de l'obésité ?

Une possible référence : new fat mobility ?