"Quand je pense à ces centaines de jeunes qui passent des heures chaque jour à faire des longueurs de piscine, dans l’espoir de gagner, dans dix ans, une possible médaille olympique ! Il y a quand même mieux à faire de son enfance, de son adolescence, de sa jeunesse, que de faire des longueurs de piscine jusqu’à vous en dégoûter !
« Va au bout de ton rêve », disent les imbéciles.
Eh bien alors, ne rêvons pas de devenir des champions !
Combien de jeunes garçons commencent leur vie d’adulte, tristement, sur un constat d’échec : ils ne seront jamais footballeurs professionnels! Quelle tristesse ! Quelle sottise ! Quel gâchis !"
"Dès l’âge de trente ou trente-cinq ans, ce n’est plus « Plus vite, plus haut, plus fort », mais « Moins vite, moins haut, moins fort ».
Or, que je sache, à trente ans, la vie n’est pas terminée !
À force de célébrer le sport, on finit par enfermer nos jeunes gens dans un jeunisme délétère, puisqu’on leur laisse croire qu’après trente-cinq ans, en gros, tout est foutu – ils n’iront pas plus vite, plus haut, plus fort.
Si bien que la devise olympique revient à dire : « À trente-cinq ans, la vie est finie. »
Ce qui est exactement le contraire de la vérité, le contraire de ce qu’il faut dire à nos enfants !"
On est pas obligé d'être d'accord avec Comte-Sponville, ni de réduire les J.O à cette devise.
Mais sa critique est franchement à méditer dans un monde qui va compter de plus en plus de vieux et qui va être de plus en plus obsédé par le corps, la santé et la forme.
Dans ce nouveau contexte, les J.O. vont-ils à l'encontre de l'évolution démographique du monde ?
Voir "Et si la vieillesse permettait de réinventer les Jeux Olympiques ?"
> André Comte-Sponville interviendra lors des Rencontres de la prospective sportive.