"Là où le monde du travail, ou celui de l’école, alertent sur les méfaits du culte de la performance à outrance et ses conséquences sur la santé mentale, produisant çà et là des contre-discours, rien de tel dans le monde du sport de haut niveau où la recherche incessante de performance est la clé de voûte.
Le sport de haut niveau est fondé, au sens le plus strict, sur le culte de la performance, et cette trajectoire brute, cette ligne d’excès dans toute son épure, explique bien des «dérives». (...)
Porté par le contexte de sa naissance qui a vu dans la compétition sportive le vecteur de valeurs éducatives et morales propres à influencer la société, le sport de haut niveau n’en finit plus de voir se télescoper ces valeurs – comme si elles lui étaient indéfectiblement attachées – avec les dérèglements de toute nature dont il est aujourd’hui l’objet."
Et de poser la vraie question - et si le sport sortait enfin du XIX° siècle ?
"L’activité du XIX° siècle, emblématique d’une méritocratie réglementée, icône même de la valeur de la règle et de son impact moral sur les structures sociales, subit les coups de boutoir des dérégulations qui agitent le monde du XXI° siècle.
À ce titre, encore une fois parce qu’il se situe à la pointe de toutes les innovations et porte en lui tous les excès, le sport de haut niveau hyperbolise les problèmes du temps.
C’est donc seulement en renouvelant ses valeurs, en les réinventant, et non en se référant, toujours, à celles du XIX° siècle, que le sport pourra relever les défis sociaux et éducatifs de la société d’aujourd’hui."
Et c'est justement pour réfléchir à cette question des nouvelles valeurs du sport, que nous organisons le 24 juin prochain les premières Rencontres de la prospective sportive autour de la question "Et si les Jeux Olympiques portaient une vision dépassée du sport ?"
> Isabelle Queval interviendra lors des Rencontres de la prospective sportive.