Wednesday, April 02, 2003

ET SI HONG KONG DEVENAIT LE MODÈLE URBAIN DU XXIe SIÈCLE ?


La figure du gratte-ciel fut longtemps - et à juste titre - associée aux Etats-Unis, et plus particulièrement à New-York

C'est dans cette ville qu'au début du XX° fut inventée cette nouvelle forme d'habitat dense. 

Nouvelle forme, car au-delà de la superposition de logement, la grande révolution des gratte-ciel new-yorkais fut l'invention de l'immeuble service.
Chaque habitant se devait de trouver au sein du bâtiment l'ensemble des services quotidiens qu'il était en droit d'attendre d'une ville. Les premiers gratte-ciel comptaient une salle de sport, une laverie collective, un service de cuisine et un important personnel totalement dédié aux habitants. L'organisation était directement inspirée des grands hôtels et plus particulièrement du Waldorf Astoria, nouvellement construit.
C'est d'ailleurs à la suite de la visite de ces programmes new-yorkais que Le Corbusier "inventa" dans les années 40 ses fameuses unités d'habitations, avec école, épicerie et bureau de poste intégrés. La seule "innovation" du Corbu fut de "coucher" les gratte-ciel. Tout le reste (les appartements en duplex, les services...) avait déjà été mis en oeuvre à Manhattan.
Mais aujourd'hui c'est dans une autre ville, à Hong-Kong très précisément, qu'il faut sans doute chercher les nouvelles figures du gratte-ciel du XXI°.
En effet, face à la croissance démographique très forte que connaît l'ancienne colonie anglaise, les promoteurs et les architectes du territoire sont en train d'inventer un nouveau type de bâtiment associant densité, hauteur et services, mais sous des formes originales.
Chacun des nouveaux programmes de gratte-ciels compte en général huit tours de 40 à 50 étages (soit 3 500 logements) réunis à la base par un « podium » de deux hectares, regroupant sur trois ou quatre étages aussi bien des terrains de sport, qu'une piscine avec plage, un centre commercial, des parkings et des connexions directes avec le métro, les tramways, voir les ferries si le bâtiment est au bord de la mer.
L'originalité des nouveaux gratte-ciel n'est donc pas à chercher dans l'architecture ni dans l'organisation intérieure des logements, mais dans la multitude des services offerts aux habitants et dans le discours marketing qui accompagne leur commercialisation. 

Les promoteurs ne vendent en effet, pas tant des logements qu'un mode de vie inspiré soit par les palaces anglais, le Château de Versailles ou les Caraïbes.
L'habitant est donc abordé avant tout comme un consommateur de services, la valeur de l'appartement étant directement annexée aux services et aux activités proposées au niveau du "podium". 

Cette logique aboutit à une guerre des "signes" assez surréaliste entre les différents programmes, chacun des ensembles devant être porteur d'une thématique forte pour séduire les populations à fort pouvoir d'achat. Qu'importe que les logements de 70 m2 abritent outre la famille, les grands-parents et les domestiques ; ce qui compte pour les "nouveaux riches", c'est la piscine, le centre médical, le gardiennage... bref la "ville totale" au pied de l'immeuble. C'est ainsi que se reconstruit au coeur même de la ville une multitude de "châteaux forts" autarciques et totalement privés. 
Si aujourd'hui ce type de programme paraît difficilement transposable en Europe sous une telle forme, il n'en reste pas moins porteur de ces nouvelles logiques de "gated communities" (cités privées) fort courantes aux Etats-Unis

Et l'on peut se demander si, d'ici quelques années, certains programmes de logements seront vendus en Europe avec un discours pas forcément très éloigné de celui développé au sud de la Chine.

Les Ateliers Transit-City ont lieu au Pavillon de l'Arsenal de 8h45 à 11h
21 Bd. Morland 75004 PARIS.