Saturday, December 20, 2025

QUAND LE SPORT VA DEVOIR RÉINVENTER SES VOCATIONS

"Le sport n'est plus ce que nous croyions


Le sport n'est plus un jeu, ni même une activité parmi d'autres. 


Il est devenu la grille même à travers laquelle lire et transformer le monde. 


Quelque chose de fondamental s'est produit : le sport a quitté sa périphérie pour devenir central, incontournable, omniprésent. 


Il a colonisé le temps, l'espace et les corps. 


Cette transformation silencieuse mais radicale fait du sport le révélateur privilégié des mutations de notre civilisation.


Car nous vivons un basculement civilisationnel majeur. 


Après deux siècles où la machine fut notre référence absolue – la voiture symbole de liberté, le train vecteur de progrès, l'industrie modèle de puissance – nous entrons dans l'ère du corps en mouvement. 


Le XXe siècle a cherché à libérer l'homme de l'effort physique. 


Le XXIe siècle va réinjecte l'effort au cœur de la vie quotidienne. 


Le muscle va remplacer le moteur comme vecteur de liberté et de distinction sociale.


Cette mutation se traduit par l'émergence de concepts entièrement nouveaux. 


- Le « Trans-Sport ® » va remplace le transport. Le vélo n'est déjà plus un loisir, 

la course à pied va devenir commuting et la natation un moyen de se rafraîchir.

 

- La « Motri-Cité ® » va supplanter la mobilité comme concept structurant car elle met le corps au centre de la réflexion urbaine. La mobilité était passive, la motricité est active. 


La ville ne se mesure plus à sa fluidité automobile mais par sa "praticabilité" physique.


Les marges deviennent laboratoires d'innovation. 


L'handicapé devient synonyme de performance. 


Le sport redessine l'intégralité de notre environnement urbain. 


Le corps en mouvement devient alternative écologique au modèle industriel. 


Le sport devient outil de lutte contre le réchauffement climatique.


Il devient le moyen de réduire notre dépendance aux énergies fossiles, 


Il devient un vecteur de reconnexion au vivant.


Il ne s'agit plus de penser le sport comme une activité de loisir, mais comme l'accélérateur de toutes nos nécessaires transitions."

Voilà comment en quelques lignes, on pourrait être tentés de mettre sous forme de "manifeste" les convictions profondes et les lignes de réflexions de Transit City et du Prospective Sport Lab ® sur les mutations du sport et de ses finalités.


On poursuit la réflexion dans le post suivant.

Friday, December 19, 2025

LE SPORT EST MORT, ET C'EST POUR CELA QUE...

« Le sport tel que nous l'avons connu est mort. 

Il n’a pas disparu !

Il a dévoré le monde !!

Et en dévorant le monde, il a changé radicalement de nature.

Il a colonisé le temps, l'espace et les corps. 

Cette mort est donc paradoxalement le signe de son triomphe absolu. 

Le sport du XXe siècle était une périphérie. 

Celui du XXIe siècle va devenir central, incontournable. 

Il s'est déjà infiltré partout : dans les bureaux, dans les trajets quotidiens, dans les politiques publiques.

Cette omniprésence fait du sport un outil de lecture et d'actions privilégié de notre société. 

Observer comment nous bougeons, où nous courons, comment nous augmentons nos corps, c'est comprendre nos priorités collectives, nos angoisses, nos aspirations. 

Le sport révèle ce que nous sommes devenus : une civilisation qui place le corps au cœur de ses préoccupations.

Le sport du XXe siècle est mort. 

Mais celui qui émerge sera encore plus vaste, plus profond, plus déterminant. 

Il ne se contentera plus d'occuper nos loisirs. 

Il redéfinira nos mobilités, notre urbanisme, nos solidarités. 

Il sera l'accélérateur de nos nécessaires mutations face aux mutations du climat, des villes et de nos mobilités.

Il va falloir en redéfinir ses nouvelles caractéristiques. 

Car le sport n'est plus une activité parmi d'autres. 

Il est devenu une grille essentielle pour lire, comprendre et transformer nos sociétés et notre monde.»

Voilà comment en quelques lignes, on pourrait être tentés de mettre sous forme de "manifeste" les convictions profondes et les lignes de réflexions de Transit City et du Prospective Sport Lab ®.

Ce "manifeste" est la base d'une nouvelle démarche.

On poursuit la réflexion dans le post suivant.

Wednesday, December 17, 2025

CAMPING WASHING

Imaginons une réunion de designers d'une marque automobile un peu à bout de souffle : "Et si on profitait du succès de l'outdoor pour inventer un concept-car qui transforme la voiture en camp base familiale mobile ? Et on pourrait faire cela avec une marque de sport, ca donnerait une touche dynamique !"

Et ça pourrait donner le concept car Elo, né d’un partenariat Citroën/Decathlon.

"Génial !", diront certains.

"Catastrophique !" penserons nous

Car ce concept n'est pas un "laboratoire d'idées sur le mouvement". 

C'est juste un symptôme de plus d'une civilisation incapable de concevoir le contact avec la nature autrement qu'en y accédant en voiture. 

C'est l'aboutissement logique de la trajectoire qui après nous avoir fait bitumer les chemins, construit des parkings dans les zones sauvages, permet à certains aujourd’hui d’imaginer des véhicules optimisés pour le moindre effort et ce, même dans des lieux dans lesquels la voiture n’a pas sa place.

Le concept-car Citroën/Decathlon n'est donc pas un laboratoire d'idées. 

C'est un outil marketing pour vendre des voitures en surfant sur l'aspiration contemporaine à la nature, tout en contribuant activement à sa destruction.


Et que dire de la référence à la 2CV et à ses sièges amovibles ?


À l'époque, c'était ingénieux parce que c'était sobre. La 2CV était une voiture minimaliste, légère, facilement réparable… tout le contraire d'Elo.


La vraie innovation aurait été de réduire


D'imaginer une 2CV ultra light.


Pas d'imaginer bulldozer déguisé en tente !


Pas d’imaginer une machine destinée à nous faire croire que hors du moteur, point de salut.

Et s'il fallait plutôt prôner toute le contraire ?

Tuesday, December 16, 2025

ET SI NOUS ARRÊTIONS D'IMAGINER POUVOIR TOUJOURS MOTORISER NOS EXCÈS ?

Imaginons la réunion de publicitaires  : "Et si pour montrer que prendre le train c’est facile, on montrait une assemblement de valises faisant un véhicule électrique ? On aurait plus à marcher avec nos valises dans la gare, on roulerait dessus !"


Et on passerait ainsi de la valise à roulettes à la valise-voiture comme on peut le voir dans «The Way to the Train», une pub pour le site Trainline.


«Brillant !» diront certains.


«Affligeant !» dirons d'autres, dont nous.


Car ce concept car de valises motorisés est juste un symptôme de plus d'une société qui a déclaré la guerre à son propre corps. 


Remontons trente ans en arrière.


1991, lancement des premières valises à roulettes. 


À l'époque, beaucoup ont vu cela comme un progrès. 


On n'avait plus à porter 20 kilos, juste à les tirer ou les pousser. 


Sauf qu'on a oublié de se poser la question : pourquoi voyageons-nous avec 20 kilos ?


La vraie innovation aurait été de réduire. 


D'apprendre à partir avec moins. 


De distinguer le nécessaire du superflu. 


Mais non !


On a préféré l'escalade : puisqu'on peut maintenant traîner 30 kilos sans effort, pourquoi se limiter ? 


Les valises ont enflé. 


Le voyageur est devenu un déménageur récréatif.


Et maintenant certains imaginent la suite "logique", comme cette valise-voiture présentée comme un idéal de liberté et de mobilité.


Parce que marcher dans un couloir est devenu pour certains une épreuve insupportable (on ne parle pas ici bien évidement des handicapés ou des vieux séniors).


Parce que tirer 15 kilos sur 500 mètres, c'est encore trop demander à certains valides biens portants. 


Parce que certains ont visiblement décidé que marcher et faire des efforts étaient devenus une forme d’agression contre notre bien être dans notre société de la flemme.


Nous sommes la première génération de l'histoire à considérer la marche comme un effort extraordinaire. 


Alors plutôt que de voyager léger, nous préférons motoriser nos excès…


...et nous imaginer que nous pourrons continuer à le faire encore longtemps.

Monday, December 15, 2025

ET SI LEGO ET NIKE VENDAIENT EXACTEMENT LA MÊME CHOSE ?

Et si le "jeu" de Lego vendait la même chose que le "je" de Nike ?


Voilà de possibles réponses.


Les deux vendent du "faire

Nike : "Just Do It".

Lego : "Just Build It".


Les deux vendent de la performance 

Nike :  faire du sport comme affirmation identitaire.

Lego :  construire comme acte d'affirmation personnelle.


Les deux vendent de la construction

Nike : jouer c'est se construire

Lego : construire c'est jouer à être soi


Les deux vendent du corps en action

Nike : le corps en mouvement.

Lego : le corps en manipulation.


Les deux ont fait d’un verbe d'action un verbe d'existence

Nike : courir = exister pleinement.

Lego : construire = exister créativement.


Dans un monde ...

... où les institutions ne structurent plus les identités,

... où les parcours de vie sont de moins en moins standardisés,

... où l’authenticité devient une injonction, 

... Nike et Lego vendent la même chose : des briques (littérales ou métaphoriques) pour s'auto-édifier.


Les deux marques sont donc les deux versions d'une même injonction : "Construis-toi toi-même"


Et les deux marques disent la même chose : le "jeu" est fondamental pour construire "je". 


Récemment, nous nous demandions "C'est quoi demain, une marque de sport ?"


Peut-être devrions nous maintenant nous demander "C'est quoi demain, une marque de jouets ?"