Monday, December 22, 2025

ET SI LE SPORT ÉTAIT LE GRAND ACCÉLÉRATEUR DE NOS NÉCESSAIRES TRANSITIONS ?

Ce post est le prolongement de "quand le sport va devoir changer ses vocations".


Chez Transit-City et au sein du Prospective Sport Lab ®, notre constat est simple : le plus grand défi des décennies à venir va être de maintenir notre planète habitable en luttant contre le réchauffement climatique et contre la destruction du vivant.


Ce combat vital va devoir se mener dans des sociétés dominées :

- par la figure de l’individu

- par la figure du corps.


La question politique est donc simple : comment engager des individus obsédés par leur corps dans la nécessaire mutation écologique de nos modes vie ?


Réponse : utiliser le sport comme outils de la nécessaire mutation civilisationelle qui s’annonce.


Mais pourquoi le sport ?


Car le sport est un formidable accélérateur des mutations.


Le sport accélère nos transitions par cinq mécanismes précis qui court-circuitent les lenteurs institutionnelles et les résistances idéologiques.


1 ° - L'accélération par l'incarnation. 

- Les politiques publiques échouent souvent parce qu'elles restent abstraites. "Réduire les émissions de CO2" ne fait pas sens pour le corps. 


- Mais pouvoir courir dans une ville non polluée, nager dans une rivière propre, monter les escaliers plutôt que prendre l'ascenseur – ça, le corps le comprend immédiatement. 


- Le sport transforme l'impératif climatique en expérience sensible. 


- Quand tu cours en ville et que tu respires la pollution, tu deviens militant sans même le décider. 


-Le sport court-circuite le débat idéologique pour créer une évidence corporelle.

2 ° - L'accélération par l'infrastructure. 

- Le sport a ce pouvoir de pouvoir matérialiser immédiatement les intentions. 


- Quand Amsterdam construit des infrastructures cyclables, elle ne "promeut" pas le vélo – elle le rend inévitable, désirable, évident. 


- L'infrastructure sportive n'est pas neutre : elle programme des corps, des gestes, des trajectoires. 


- Une piscine-forêt () ne sert pas qu'à nager – elle rafraîchit la ville, accueille la biodiversité, crée du lien social. 


- Le sport devient le cheval de Troie qui fait entrer la transition écologique dans le quotidien.

3 ° - L'accélération par le désir. 

- C'est peut-être le mécanisme le plus puissant. 


- Le sport rend désirable ce qui était vécu comme une contrainte. 


- Personne n'a vraiment envie "réduire son empreinte carbone" – c'est vécu comme une privation. Mais beaucoup veulent avoir un beau corps, se sentir bien, être performant. 


- Le sport transforme la nécessité écologique en projet de soi. 


- Le sport fabrique du désir là où un certain discours morale écologique fabrique de la culpabilité. 

- Et le désir est infiniment plus efficace pour changer les comportements.

4 ° - L'accélération par le contournement des institutions. 

- Les marques de sport transforment les comportements plus vite que l'État. 


- Les marques créent directement des récits, des imaginaires, des désirs. 


- Avec son Just do it, Nike a impulsé un mouvement bien plus puissant que ne le pourrait n’importe quel message de santé publique. 


- Le sport opère une politique par contournement. 


- Par ses pratiques, le sport transforme les pratiques quotidiennes plus que n’importe quelle politique publique.

5 ° - L'accélération par la contamination positive. 

- Le sport se propage par mimétisme, par envie, par contagion sociale. 


- Quand tu vois ton collègue arriver en vélo, en forme, souriant – ça crée une aspiration. Quand tu croises des coureurs le matin – ça normalise la pratique. 


- Cette contamination douce est plus efficace que mille campagnes gouvernementales. 


- Le sport crée des micro-communautés – le groupe de running du jeudi soir, le club de natation en eau libre, les vélotaffeurs. 


- Ces tribus deviennent des cellules de transformation sociale. 

- Elles inventent des usages, testent des innovations, créent des normes alternatives.


Ces cinq mécanismes déclenchent une boucle rétroactive puissante : des individus changent leurs pratiques, créent une demande d'infrastructures, les infrastructures transforment la ville, la ville transformée rend les nouvelles pratiques encore plus évidentes, de nouveaux individus basculent. 


C'est exactement ce qui s'est passé à Copenhague : un seuil de masse critique a été franchi, et soudain le vélo n'était plus une pratique marginale mais la norme. 


Le sport a la capacité unique de créer ces effets de seuil qui basculent tout un système.


Le sport transforme plus vite que la politique traditionnelle parce qu'il opère au niveau du corps, du désir, de l'expérience vécue. 


Il répond simultanément à trois besoins humains fondamentaux : le plaisir immédiat (je me sens bien quand je bouge), l'identité sociale (je deviens quelqu'un de désirable), le sens collectif (je contribue à quelque chose de plus grand). 


Les politiques climatiques classiques offrent le sens et la direction du combat à mener, mais sont incapables d'y apporter du plaisir et de l'identité. 


Le sport inverse l'équation.

Saturday, December 20, 2025

QUAND LE SPORT VA DEVOIR RÉINVENTER SES VOCATIONS

"Le sport n'est plus ce que nous croyions


Le sport n'est plus un jeu, ni même une activité parmi d'autres. 


Il est devenu la grille même à travers laquelle on peut lire le monde. 


Quelque chose de fondamental s'est produit : le sport a quitté sa périphérie pour devenir central, incontournable, omniprésent. 


Il a colonisé le temps, l'espace et les corps. 


Cette transformation silencieuse mais radicale fait du sport le révélateur privilégié des mutations de notre civilisation.


Car nous vivons un basculement civilisationnel majeur. 


Après deux siècles où la machine fut notre référence absolue – la voiture symbole de liberté, le train vecteur de progrès, l'industrie modèle de puissance – nous entrons dans l'ère du corps en mouvement. 


Le XXe siècle a cherché à libérer l'homme de l'effort physique. 


Le XXIe siècle va réinjecter l'effort au cœur de la vie quotidienne. 


Le muscle va remplacer le moteur comme vecteur de liberté et de distinction sociale.


Cette mutation se traduit par l'émergence de concepts entièrement nouveaux. 


- Le « Trans-Sport ® » pour repenser les mobilités actives. Le vélo n'est déjà plus un loisir, la course à pied va devenir commuting et la natation sort des piscines.

 

- La « Motri-Cité ® » va supplanter la mobilité comme concept structurant car elle met le corps au centre de la réflexion urbaine. La mobilité était passive, la motricité est active. 


La ville ne se mesure plus à sa fluidité automobile mais par sa "praticabilité" physique.


Les marges deviennent laboratoires d'innovation. 


L'handicapé devient synonyme de performance. 


Le sport redessine l'intégralité de notre environnement urbain. 


Le corps en mouvement devient alternative écologique au modèle industriel. 


Le sport devient outil de lutte contre le réchauffement climatique.


Il devient le moyen de réduire notre dépendance aux énergies fossiles, 


Il devient un vecteur de reconnexion au vivant.


Il ne s'agit plus de penser le sport comme une activité de loisir, mais comme l'accélérateur de toutes nos nécessaires transitions."

Voilà comment en quelques lignes, on pourrait être tentés de mettre sous forme de "manifeste" les convictions profondes et les lignes de réflexions de Transit City et du Prospective Sport Lab ® sur les mutations du sport et de ses finalités.


On poursuit la réflexion dans le post suivant.

Friday, December 19, 2025

LE SPORT EST MORT, ET C'EST POUR CELA QUE...

« Le sport tel que nous l'avons connu est mort. 

Il n’a pas disparu !

Il a dévoré le monde !!

Et en dévorant le monde, il a changé radicalement de nature.

Il a colonisé le temps, l'espace et les corps. 

Cette mort est donc paradoxalement le signe de son triomphe absolu. 

Le sport du XXe siècle était une périphérie. 

Celui du XXIe siècle va devenir central, incontournable. 

Il s'est déjà infiltré partout : dans les bureaux, dans les trajets quotidiens, dans les politiques publiques.

Cette omniprésence fait du sport un outil de lecture et d'actions privilégié de notre société. 

Observer comment nous bougeons, où nous courons, comment nous augmentons nos corps, c'est comprendre nos priorités collectives, nos angoisses, nos aspirations. 

Le sport révèle ce que nous sommes devenus : une civilisation qui place le corps au cœur de ses préoccupations.

Le sport du XXe siècle est mort. 

Mais celui qui émerge sera encore plus vaste, plus profond, plus déterminant. 

Il ne se contentera plus d'occuper nos loisirs. 

Il redéfinira nos mobilités, notre urbanisme, nos solidarités. 

Il sera l'accélérateur de nos nécessaires mutations face aux mutations du climat, des villes et de nos mobilités.

Il va falloir en redéfinir ses nouvelles caractéristiques. 

Car le sport n'est plus une activité parmi d'autres. 

Il est devenu une grille essentielle pour lire, comprendre et transformer nos sociétés et notre monde.»

Voilà comment en quelques lignes, on pourrait être tentés de mettre sous forme de "manifeste" les convictions profondes et les lignes de réflexions de Transit City et du Prospective Sport Lab ®.

Ce "manifeste" est la base d'une nouvelle démarche.

On poursuit la réflexion dans le post suivant.

Wednesday, December 17, 2025

CAMPING WASHING

Imaginons une réunion de designers d'une marque automobile un peu à bout de souffle : "Et si on profitait du succès de l'outdoor pour inventer un concept-car qui transforme la voiture en camp base familiale mobile ? Et on pourrait faire cela avec une marque de sport, ca donnerait une touche dynamique !"

Et ça pourrait donner le concept car Elo, né d’un partenariat Citroën/Decathlon.

"Génial !", diront certains.

"Catastrophique !" penserons nous

Car ce concept n'est pas un "laboratoire d'idées sur le mouvement". 

C'est juste un symptôme de plus d'une civilisation incapable de concevoir le contact avec la nature autrement qu'en y accédant en voiture. 

C'est l'aboutissement logique de la trajectoire qui après nous avoir fait bitumer les chemins, construit des parkings dans les zones sauvages, permet à certains aujourd’hui d’imaginer des véhicules optimisés pour le moindre effort et ce, même dans des lieux dans lesquels la voiture n’a pas sa place.

Le concept-car Citroën/Decathlon n'est donc pas un laboratoire d'idées. 

C'est un outil marketing pour vendre des voitures en surfant sur l'aspiration contemporaine à la nature, tout en contribuant activement à sa destruction.


Et que dire de la référence à la 2CV et à ses sièges amovibles ?


À l'époque, c'était ingénieux parce que c'était sobre. La 2CV était une voiture minimaliste, légère, facilement réparable… tout le contraire d'Elo.


La vraie innovation aurait été de réduire


D'imaginer une 2CV ultra light.


Pas d'imaginer bulldozer déguisé en tente !


Pas d’imaginer une machine destinée à nous faire croire que hors du moteur, point de salut.

Et s'il fallait plutôt prôner toute le contraire ?