C'est la fin des grands récits religieux qui ont régi nos croyances et nos modes de vies pendant des millénaires.
C'est la fin des grands récits politiques qui ont structuré les visions du monde au XIX et XX° siècle.
Nous vivons la fin des grands récits qui permettaient de penser son quotidien, de penser la société et d'imaginer son futur.
C'est ce que raconte très bien Marcel Gauchet dans "Le Désenchantement du monde - Une histoire politique de la religion" quand il écrit "Nous sommes voués à vivre désormais à nu dans l'angoisse, ce qui nous fut plus ou moins épargné depuis le début de l'aventure humaine par la grâce des dieux".
Chacun d'entre nous à son échelle, doit donc aujourd'hui remplir ce vide du politique et du religieux.
Et si la grande force du sport aujourd'hui était de permettre à la fois à chacun d'entre nous, mais aussi aux institutions, de répondre à ce double vide ?
"Remplir le vide du religieux", et là on voit assez facilement la façon dont le sport peut remplacer la religion avec ses dieux, ses espérances, ses temples, son calendrier ...
"Remplir le vide du politique", et là encore on voit la façon dont le sport est utilisé par les politiques pour cacher la grande vacuité de leurs discours ...
Dans une société de l'individu chacun est amené à se bricoler ses propres références sportives comme chacun se bricole ses propres références religieuses et politiques.
Chacun se choisit ses dieux, se construit son petit panthéon, son calendrier, ses pratiques, sa diététique ...
Et si donc demain, ce n'était pas tant les religions qui devaient transformer le sport, mais plutôt le sport qui devait transformer les religions ?
On reparlera de tout cela lors des prochaines Rencontres de la Prospective Sportive ® qui auront lieu le 13 mars prochain autour de la question "Et si demain les religions changeaient le sport ?"