"L'errance a été une aventure unique. Un grand bonheur, une grande liberté, quelque chose que je n'avais jamais connu auparavant, même si je m'étais trouvé dans des situations analogues. J'ai beaucoup voyagé, j'ai traversé des pays que je ne connaissais pas. J'aurai sans doute envie de retourner dans certains d'entre eux, un peu comme l'assassin qui revient sur les lieux du crime.
J'aurais peut-être dû parfois ne pas avoir de réservation de retour. Je l'ai fait plusieurs fois, j'aurais dû davantage encore me dire: «Je reste une semaine de plus.» Quelquefois je me demande pourquoi je suis parti à gauche, alors que j'aurais peut-être dû partir à droite...
J'ai le pressentiment que quelque chose ne sera plus comme avant. C'est peut-être là la vraie définition de l'errance, de sa quête, avec sa solitude et sa peur. C'est le désir que je cherchais, la pureté, la remise en cause, pour aller plus loin, au centre des choses, pour faire le vide autour de moi. Je me dois de me laver la tête... pour rencontrer le centre d'une nouvelle image, ni trop humaine no trop contemplative, où le moi est aspiré par les lieux quand le lieu n'est pas spectacle, ni surtout obstacle. Il me faut suivre cette quête qui est la mienne... elle arrive à un moment, ni bon ni mauvais, elle est nécessaire... Pour être juste, cette errance est forcément initiatique...
Il faut y aller vite. […]
Pour mieux repartir, pour mieux se connaître.
Et puis se faire plaisir. » "Il y a certains livres qui, d'une façon ou d'une autre, vous accompagnent toujours. "Errance" de Raymond Depardon, dont ces lignes sont tirées, en fait partie.
Voir aussi là et là.