En novembre 2011, Patagonia faisait probablement l'un des plus beaux coup marketing de la décennie avec son annonce "Don't Buy This Jacket" publié dans le NYT le jour du Black Friday.
La marque confirmait ainsi son activisme écologique en incitant à ne pas sur-consommer afin d'éviter le gaspillage et préserver les ressources de la planète.
Dix ans plus tard, le combat de dé-consommation est toujours légitime, mais rien n'a vraiment changé.
Le marché de l'outdoor n'a jamais aussi bien marché et toutes les grandes marques du secteur connaissent une formidable réussite économique.
La succès de ces marques est évidement directement lié au besoin de nature qui se fait de plus en plus fort dans les pays riches.
Les marques d'outdoor prétendent défendre le monde sauvage, mais en même temps elles contribuent à le fragiliser en incitant à sa fréquentation - voir "Et si l'outdoor détruisait ce qu'il prétend aimer ?"
C'est cette réalité qui incitent certains acteurs de l'outdoor à se demander si pour protéger la nature, il ne faudrait pas non seulement moins-consommer, mais aussi et surtout moins fréquenter les lieux sauvages ?
C'est en tout cas la question que pose le Jugend des Deutschen Alpenvereins, la branche jeunesse du Club alpin allemand, avec un dossier titré "Don't Climb this Mountain".
Ces jeunes font le constat très lucide que l'alpinisme, au même titre que de nombreuses activités outdoor, incite à la sur-consommation (voir la photo ci-dessus) et qu'il va donc falloir envisager de changer de registre en imaginant une dé-croissance des activités d'outdoor.
C'est en tout cas le sens de leur provocant "Don't Climb this Mountain".
Oui, c'est assez radical comme posture, mais cela a le mérite de poser la bonne question des années à venir : comment protéger le sauvage quand celui-ci devient à la fois de plus en plus désirable et de plus en plus fragile ?
Cette question du libre accès va d'ailleurs devenir une vrai enjeu politique et juridique.
Sur quels fondements interdir l'accès à la nature supposée ouverte à tous ?
Dans certains pays comme l'Australie, c'est le respect des croyances des aborigènes - voir : Vers un retour de la montagne sacrée ?"
On y reviendra beaucoup plus longuement sur cette question lors des deuxièmes Rencontres de la Prospective Sportive organisée le 24 novembre prochain au musée de l'Homme autour de la question "Et si le sauvage devenait le nouvel horizon du sport ?"