Mais autant le premier déploie l'action de ses romans aux quatre coins du globe (de la côte ouest australienne aux îles grecques, en passant par la France ou l'Irlande) autant le second est attaché à sa terre natale; la Tasmanie.
Une Tasmanie dont il nous cache aucune facette, que ce soit la vie dans les bagnes installés par les Anglais ou le massacre des aborigènes (voir, entre autres Le Livre de Gould, A contre-courant).
Mais Richard Flanagan c'est aussi un homme fasciné par les paysages de son île et révolté par les massacres que l'industrie du bois fait subir aux grandes forêts du sud et notamment à la Styx Valley of Giants.
Dans un texte publié dans le New-York Times dés 2004, il dénonçait le déboisage intensif de cette zone où l'on trouve les plus grands Eucalyptus du globe. "C’est ici que poussent les majestueux Eucalyptus regnans. Culminant à près de 100 mètres de haut, ces arbres sont les plus grands arbres à bois dur du monde. Ceux que l’on trouve ici, et qui appartiennent aux dernières forêts d’Eucalyptus regnans adultes, n’étaient que de jeunes scions lorsque les pères pèlerins ont débarqué à Plymouth. Avec leur base colossale et leurs racines s’évasant comme des contreforts, si haut que nous devons les escalader, les gigantesques regnans semblent jaillir de l’océan de fougères et de plantes tropicales qui les entourent. Je pose la main sur le tronc couvert de mousse de l’un de ces arbres extraordinairement vivants, dont dix hommes se tenant la main ne réussiraient pas à faire le tour, m’attendant presque à sentir battre un pouls. Ici, la vie se laisse toucher du doigt, une sensation impossible à communiquer.
Pourtant, tout comme une grande partie des anciennes forêts d’eucalyptus et de la forêt pluviale de Tasmanie, ces arbres sont l’objet d’une destruction progressive. La plupart finissent sous forme de papier et de carton. Environ 2 kilomètres plus loin, nous débouchons sur une large zone déboisée, aussi ravagée qu’un champ de bataille de la Première Guerre mondiale. Je m’enfonce jusqu’au genou dans une couche de branches brisées, de boue, de cendres, d’immenses lambeaux d’écorce calcinée de dizaines de mètres de long, de flaques d’eau et de troncs de fougères arborescentes. La forêt a été remplacée par ce magma criblé d’énormes souches noircies, témoins figés de cette apocalypse. Les arbres ont brûlé il y a plusieurs semaines, mais de la fumée s’élève encore de la terre carbonisée. Cette image tragique convient bien à cette île de paradoxes."
Aujourd'hui, cette exploitation écologiquement aberrante de la forêt continue et chaque week-end des centaines de personnes se réunissent dans cette vallée pour tenter de faire cesser le "massacre". Les militants les plus motivés s'installent carrément dans les arbres afin d'éviter les coupes.
Pourtant, tout comme une grande partie des anciennes forêts d’eucalyptus et de la forêt pluviale de Tasmanie, ces arbres sont l’objet d’une destruction progressive. La plupart finissent sous forme de papier et de carton. Environ 2 kilomètres plus loin, nous débouchons sur une large zone déboisée, aussi ravagée qu’un champ de bataille de la Première Guerre mondiale. Je m’enfonce jusqu’au genou dans une couche de branches brisées, de boue, de cendres, d’immenses lambeaux d’écorce calcinée de dizaines de mètres de long, de flaques d’eau et de troncs de fougères arborescentes. La forêt a été remplacée par ce magma criblé d’énormes souches noircies, témoins figés de cette apocalypse. Les arbres ont brûlé il y a plusieurs semaines, mais de la fumée s’élève encore de la terre carbonisée. Cette image tragique convient bien à cette île de paradoxes."
Aujourd'hui, cette exploitation écologiquement aberrante de la forêt continue et chaque week-end des centaines de personnes se réunissent dans cette vallée pour tenter de faire cesser le "massacre". Les militants les plus motivés s'installent carrément dans les arbres afin d'éviter les coupes.
Et c'est pour eux que le jeune architecte Andrew Maynard a imaginé ces maisons "clipsables" sur ces immenses Eucalyptus. Un projet qui ne verra probablement jamais le jour, mais qui est très révélateur de l'engagement écologique de toute une nouvelle génération d'architectes australiens qui tente d'inscrire ses pas dans ceux de Glenn Murcutt, et de son fameux "fonctionnalisme écologique"
Sur l'engagment écologique des architectes australiens voir notre Cahier Burned Australia
PS / Pour ceux qui ne connaîtraient pas Tim Winton, un conseil; jetez-vous sur "Par dessus le bord du monde" (Dirt Music, en VO). C'est une Australie totalement différente de celle de Flanagan, mais c'est tout aussi superbe et prenant !