Certains pays suscitent par leur créativité et leurs modes de vie plus de réflexions que d'autres.
C'est le cas notamment du Brésil qui, à travers ses deux produits emblématiques que sont le string et les Havaianas, a su véhiculer depuis un certain nombre d'années, un certain rapport au corps totalement décomplexé fondé sur le bien être et la décontraction.
On retrouve en trainant sur les plages brésiliennes les codes qui ont fait le succès et la modernité de la Californie dans les années 70', notamment sous l'influence du flower power. De cette époque, on a aujourd'hui gardé les valeurs de glisse et de fluidité que portaient des sports alors émergents comme le surf et le skate board.
Sur le plan automobile cela se concrétisa notamment par l'apparition et la diffusion du fameux buggy qui cassait totalement les codes de l'automobile traditionnelle, pour s'inspirer de la jeep des militaires mais aussi de celle utilisée par les astronautes sur la Lune (voir là).
Toute une génération de jeunes occidentaux abandonnait alors délibérément la dimension statutaire de la voiture et s'achetait, selon les pays, des 2 CV, des Coccinelles ou les fameux combis VW et rêvait de buggies. En France, la géniale Méharie de Citroën ( ma voiture préférée !!! ) est née de cette mouvance.
C'est donc fort de cette histoire entre nouveaux rapports au corps et réativité automobile que l'on peut se demander si, aujourd'hui, le string et les Havaïnas brésiliens ne sont pas devenus l'équivalents de ce que furent le surf et le skate bord californiens durant les seventies ?
Il suffit pour cela de regarder les récentes créations publicitaires de la marque brésilienne, dans lesquelles les fameuses tongs sont présentées comme des alternatives aux traditionnelles chaussures et voitures, le tout dans des codes très flower power venant directement de la côté ouest américaine.
On retrouve là tout un esprit brésilien que la marque se fait fort de véhiculer dans ses créations et qui sont en total résonance avec un certain mode de vie carrioca (le sport, la décontraction, la plage, la fête ... ) dont le carnaval est, d'une certaine façon, la quintessence.
On est évidement pas très loin non plus de la démarche conduite brillamment par Nike depuis plusieurs années sur la mobilité urbaine (voir là ) avec, peut-être, à terme les mêmes conséquences sur les imaginaires automobiles (voir là).
Et quand on commence à analyser à la fois les valeurs mais aussi les codes esthétiques des tongs et du string (une ficelle pour tout faire tenir) tout en les comparant à certains lieux symboliques de Rio, tel le sambodrome et son fameux string en béton dessiné par Niemeyer (photo ci-dessus), on est vite tenté de se demander quelles conséquences pourrait avoir cette esthétique en matière automobile ?
Et la réponse vous l'avez en partie ci-dessous avec ces croquis de la première voiture électrique brésilienne, l'Obvio.
Les codes techniques et esthétiques de cette voiture sont un rappel évident tout à la fois au string, à la tong et à certaines rondeurs féminines et sportives (voir photo tout en haut), le tout s'inscrivant dans les codes d'une contre-culture mélangeant à la fois la course automobile et les codes de la buggy (voir les références culturelles de l'Obvio).
Il y a là, une lignée de références et de codes dont Havaianas est aujourd'hui le porte drapeau, mais qui sera nourri - n'en doutons pas - par beaucoup d'autres marques brésiliennes dans les années qui viennent, et qui contribueront encore un peu plus à bousculer joyeusement les codes et les imaginaires de la mobilité mondiale. La Coupe du Monde de foot 2014 et les JO 2016 devraient - en toute logique - être d'excellentes pistes de lancement pour ce mouvement.
Pour renforcer mon hypothèse, je vous propose ci-dessus la passerelle dessinée par Niemeyer dans la favela de Rocinha ... et un croquis de l'Obvio.
Et pour continuer à réfléchir, je vous propose cette planche.