"Au moins temporairement, nous hantons les gares, y passons, y attendons, y arrivons ; montons dans les wagons, nous y asseyons, y lisons, y mangeons, y baillons et dormons, les quittons, mais ne cessons d'y revenir ... comme dans les hôtels ou, fixes, les gares ou, mobiles, les trains. Aériens ou ferroviaires, les transporteurs sont les hôteliers les plus fréquentés.
Nous ne reconnaissons ni les gares, ni les ports, ni les wagons, ni les avions comme des hôtels parce que nous croyons que nous habitons encore comme la plupart de nos ancêtres. Non. Nous hantons moins la fixité que la mobilité. Mobiles in mobili !
Combien d'entre nous passent presque autant de temps dans et entre ces hôtels mouvants qu'en l'intime d'abris fixes ? Hélas, le terme motel est déjà pris, qui désignerait plus exactement gares et aéroports, ces échangeurs, fuselages et wagons, tous idéalement adapter à l'évolution de nos habitas mobiles ... qu'un hôtels au demeurant commun. Mieux vaudrait-il dire : caravansé-rails ?
J'ai demandé son adresse à une amie. elle me répondit : 14 G; un siège d'avion.""Habiter" - Michel Serres.
Pour le passé, lire "En 1939, Le Corbusier écrivait ..."
Pour le futur, lire "Quand Le Clezio ... "