Certains spots de pub déclenchent parfois chez moi une foultitude de réactions. C'est le cas du dernier film "On The Dock" de Jean Paul Gaultier qui, avant toute chose, m'est immédiatement apparu comme un grossier pompage de la bande dessinée du "Leviathan" (voir image ci-dessous).
Deux types d'images, deux histoires différentes, mais une seule et même idée celle d'un paquebot destructeur de ville .Une idée de destruction malheureusement renforcée depuis 24 heures par les images qui nous arrivent des Philippines après le passage du typhon Haiyan et ses bateaux qui, ayant brisé leurs amarres, donnent l'impression d'avoir écraser une ville - là.
Des images qui rappellent très directement celles vues au Japon au lendemains du tsunami en 2004 et qui rentrent dans une résonance étonnantes avec celle de certains chantiers navals installés en pleine ville - comme ce fut le cas en Angleterre à une certaine époque (photo ci-dessous) ou en Chine encore aujourd'hui - voir "Catastrophe ou chantier ?"
On retrouve dans ces images le sentiment toujours très ambigüe que les terriens éprouvent pour ces monstres face à un environnement urbain qui apparait parfois tout petit et très fragile. L'un des endroits le plus emblématique de cette relation de fascination et de craintes est certainement Venise avec ces paquebots à la fois nourriciers (apport de touristes, et donc de richesses) et destructeurs, les remous créés par ces bateaux fragilisant encore un peu plus la lagune.
Évidement dans d'autres villes beaucoup plus hautes, le rapport est - ou a été - différent. A New-York les paquebots n'ont ainsi jamais été perçus comme des menaces, mais au contraire une source d'ouverture de brassage et donc forcément d'enrichissements.
Autour de Manhattan, les paquebots ont longtemps font partie intégrante du paysage et même de la pensée urbaine et architecturale. Le paquebot est pensé dés 1935 par certains architectes comme un building (là). Et aujourd'hui le paquebot reste encore très présent dans la pensée prospective de la ville que ce soit de façon très utopique - voir "New-York Vision 2030" - ou, au contraire de façon très pragmatique pour lutter contre les inondations - voir "La carcasse de navire comme avenir urbain".
Le paquebot n'est pas vu comme un bateau mais comme un ville, comme une source d'inspiration au même titre que la figure de l'hôtel - voir "New floating cities".
Quelqu'un comme Le Corbusier a largement participé de ce mouvement. Fasciné par les paquebots qui reliaient l'Europe aux Etats-Unis, l'architecte suisse a, en effet, toujours reconnu s'être très directement inspiré de leurs aménagements pour concevoir ses cinq cités radieuses. L'idée de pouvoir associer en un seul bâtiment à la fois de l'habitat individuel, les services et les espaces collectifs, apparaissait au Corbu comme une solution idéale pour la nouvelle organisation urbaine qu'il rêvait de mettre en place. La disparition progressive des grands liners transatlantiques au cours des années 60, et l'échec patent de l'urbanisme imaginé par Le Corbusier ont fait peu à peu oublier ces liens entre paquebots et architecture.
Pourtant aujourd'hui, avec l'apparition d'une nouvelle génération de méga-paquebots , les réflexions prospectives sur le paquebot comme figure de la ville de demain pourraient bien réapparaître, tant ces derniers semblent porteurs de dynamiques d'aménagement en germe dans nos sociétés urbaines - voir "Toujours marins ?" et "Le paquebot : symbole des mutations urbaines ?"
Pourtant aujourd'hui, avec l'apparition d'une nouvelle génération de méga-paquebots , les réflexions prospectives sur le paquebot comme figure de la ville de demain pourraient bien réapparaître, tant ces derniers semblent porteurs de dynamiques d'aménagement en germe dans nos sociétés urbaines - voir "Toujours marins ?" et "Le paquebot : symbole des mutations urbaines ?"
PS / A noter que les portes-containers pourtant beaucoup plus gros que les plus gros paquebots de croisières ne sont, eux, jamais pensés comme des objets urbain, car beaucoup plus lointains - voir "énormes et invisibles" - et alors que le container est, lui, devenu un objet urbain et architectural à part entière - voir là.