Tuesday, December 03, 2013

MOBILE FACTORY : QUAND LE MEGA N'EST PLUS UNE FICTION

La taille des nouveaux porte-containers fait comprendre que la notion de Mega Mobil Factory n'est pas seulement une fiction comme certains très beaux projets pourraient le laisser croire - voir "New Offshore Nomadic City ?ou "Salt Eater Moving Machine" - mais bien une réalité en marche.

Avec la nouvelle classe des Triple-E et notamment le Maerks Mc-Kinney Moller, nous avons faire à un nouvelle catégorie de machines qui va peu à peu bouleverser nos façons de penser ce qui peut se réaliser sur un bateau, et donc ce à quoi pourraient devenir les navires dans futur.  Car tout comme le paquebot de croisière a transformé un moyen de transport en un lieu de destination (d'un bateau en un club de vacances), la mutation des porte-containers annoncent peut-être d'autres évolutions plus radicales tel le projet BlueSeed dont je vous ai parlé dans mon précédents post. Pourquoi, en effet, ne pas imaginer que le porte-containers passe du statut de moyen de transport à celui de lieu de production off shore ? Les containers passerait du statut de boite à celui de lieu de production - voir ,  et  -, soit sous sous forme de mini factory (un ou deux containers) soit de mega factory par l'assemblage de plusieurs dizaines de containers. On est loin d'être là aujourd'hui, mais la révolution industrielle en cours - voir "Micro-multinationale du futur ?" et  - va peut être changer les choses.

Ce qui est certain c'est que ces nouvelles classes de porte-containers perturbent tout, nos grilles de lectures, mais aussi les infrastructures terrestres. Les ports ont, en effet, de plus en plus de mal à adapter leurs équipement, et notamment leurs grues, à ce gonflement incessant de plus en plus rapide du gabarits des nouvelles générations de navires.

L'évolution est tellement rapide que certains ports, et pas forcément les moins performants, sont obligés de faire appel à des méga bateaux grues pour décharger les porte containers qui font escale chez eux - voir par exemple Miami, .

Les ports qui avaient déjà perdu leurs bâtiments, les docks ou les hangars, depuis vingt ans avec l'apparition des containers vont peut-être bientôt perdre leurs grues. Pourquoi en effet continuer à investir dans des grues s'il faut les changer tous les 10 ans ? C'est quoi un port dans ces conditions là ? L’espace portuaire, entièrement dédié aux containers, ne tolère plus aujourd'hui tout ce qui est fixe ou impossible à déplacer. Mais demain c'est peut-être les ports qui seront nomade. En effet, on retrouve aujourd'hui à terre, les logiques portuaires que développe l'US Navy au large avec ses ports mobiles - voir "Quand les bateaux deviennent des ports".

Et l'on peut-être tenté de se demander si, tout comme le container a détruit le port en le transformant en un simple parking à boites, le porte-containers ne pourrait pas à terme détruire non seulement les ports mais aussi une partie du tissus industriel statique et terrestre en devenant lui-même une mega factory flottante via des containers transformés en mini-usines ?

Bref, et dit autrement, et si notre futur industriel s'écrivait entre cela et cela ?

L'hypothèse n'est aujourd'hui qu'une pure hypothèse, mais il ne faut jamais oublier le rôle défricheur des militaires dans l'évolution de la mobilité.

On en reparlera lors de l'Atelier Transit-City du 18 décembre prochain dont le thème sera "Et si on se racontait une autre histoire de la mobilité et du travail ?"

Et pour continuer à réfléchir sur le rôle des containers dans l'économie et le système productif mondial, je ne peux que vous inciter à regarder :

L'anti-thèse de ce mouvement étant le superbe Brooklyn Army Terminal, ... mais c'était il y a 70 ans.