Wednesday, August 06, 2008

EPAVES DE NAVIRES


Les photos ci-dessous sont tirées de la série Shipbreaking d'Edward Burtynsky, consacrée au cimetière de bateaux de Chittagong au Bangladesh.

En redécouvrant récemment les images de ces immenses structures d'acier et les épouvantables conditions de travail des ouvriers, j'ai immédiatement pensé au film coréen Wonderful Day.

Un film d'animation moins connu que beaucoup de mangas nippons, mais dans lequel on retrouve l'univers très japonais d'un monde post-catastrophe avec une organisation urbaine profondément injuste entre une classe aisée vivant dans l'opulence et un lumpen prolétariat rejeté aux marges de la ville. S'y ajoutent - comme souvent - des préoccupations écologiques avec une île réservée aux riches, Ecoban, qui grandit en produisant de l'énergie par la pollution. La condition de la survie des riches est donc que ceux-ci polluent l'atmosphère et la côte, et ce au mépris des délaissés qui vivent aux franges de la cité dans des carcasses de vieux pétroliers. C'est certes assez simple, mais assez efficace et bien fait.

Sur le plan graphique cela donne, entre autres, les quelques images ci-dessous.


Avant le tournage, le réalisateur Kim Moon-Saeng avait fait réaliser des maquettes de cette cité-épave. En regardant les photos de certaines d'entre elles (ci-dessous) vous comprendrez immédiatement pourquoi j'ai pensé à Wonderful Day en voyant The Outlaw Sea.


Et pour tout commentaire à ces images, je vous propose ces quelques lignes de Mike Davis extraites de son livre "Le pire des mondes possibles. De l'explosion urbaine au bidonville global".
"Loin des structures de verre et d'aciers imaginées par des générations passées d'urbanistes, les villes du futur seront pour l'essentiel faites de brique brute, de paille, de plastique recyclé, de parpaings, de tôles ondulées et de bois de récupération ... une bonne partie du monde urbain du XXI° siècle vit de façon sordide dans la pollution, les excréments et la décomposition."

Rappel : aujourd'hui plus d'un milliard d'hommes vivent aujourd'hui dans des bidonvilles, soit un habitant sur six de notre planète.

PLANÈTE POUBELLE

A noter que cette double préoccupation sociale et écolo qui, jusque-là, caractérisaient surtout les anime japonais ou coréens, déteint aujourd'hui sur les productions américaines comme Wall-E, confirmant ainsi que les Etats-unis s'inspirent , de plus en plus, des imaginaires asiatiques pour leurs grosses machines à vocation mondiale.