Tuesday, November 10, 2009

DES ILES PRIVÉES D'EAU


La carte ci-dessus est une carte d'une redoutable efficacité. Elle montre de quelle façon Israël a, depuis plusieurs dizaines d'années, totalement charcuté la Cisjordanie afin de faire des territoires palestiniens autonomes de véritables îles totalement déconnectées les unes des autres.

La démarche est claire ; rendre complètement irréalisable la création d'un état palestinien cohérent et économiquement viable. Si le mur est aujourd'hui l'élément le plus visible de la politique d'hyper-apartheid conduite par les différents gouvernements israéliens, il n'en est, comme le montre cette carte, pas le seul élément, loin de là.

Cette carte a été réalisée par Julien Bousac après avoir conduit plusieurs missions humanitaires dans cette zone. Les noms maritimes correspondent aux colonies israéliennes et les bateaux de guerre aux checkpoints permanents de l'armée israélienne. Evidement le nom des îles et les icônes touristiques sont eux purement fictifs.

Si je vous parle de cette carte aujourd'hui, c'est qu'elle a pris depuis quelques jours une curieuse résonance et une nouvelle dimension encore plus percutante avec la publication du rapport d'Amnesty International sur la façon dont Israël limite l'accès de l'eau aux populations palestiniennes. Ou quand la métaphore devient réalité.


Le rapport est accessible , mais en voici quelques extraits, parmi les plus significatifs.

"Israël utilise plus de 80 % de l'eau provenant de l'aquifère de montagne, principale source souterraine en Israël et dans les territoires palestiniens occupés, tout en limitant à seulement 20 % la consommation des Palestiniens." (...)

"Tandis que la consommation d'eau des Palestiniens s'élève à peine à 70 litres par personne et par jour, celle des Israéliens dépasse 300 litres par jour, soit quatre fois plus.

Dans certaines zones rurales, les Palestiniens survivent avec à peine 20 litres par jour, le minimum recommandé pour un usage domestique en situation d'urgence.

Quelque 180 000 à 200 000 Palestiniens vivant dans des zones rurales n'ont pas accès à l'eau courante et l'armée israélienne les empêche souvent de recueillir l'eau de pluie.

En revanche, les colons israéliens, établis en Cisjordanie en violation du droit international, ont recours à l'irrigation intensive pour leurs cultures et disposent de jardins luxuriants et de piscines.

Quelque 450 000 colons utilisent autant d'eau, sinon plus, que l'ensemble de la population palestinienne estimée à 2,3 millions.
"

Ce rapport d'Amnesty ne fait, malheureusement, que confirmer d'autres études sur ce sujet, notamment celle de la Banque Mondiale publiée en avril dernier et disponible .


Sur la Cisjordanie, voir aussi le film Welcome to Hebron. C'est juste un peu autre chose que ce que l'on nous raconte habituellement.

Voir aussi l'excellent article de Lebbeus Woods titré "Wall Game" et qui débute, ainsi : "Israel, like any sovereign state, has the inherent right to defend itself, but not by any means. If it flouts international law, as it is doing in continuing the construction of the Wall, it becomes a renegade state, outside the law and its protection."

Et quelques lignes plus loin : "By continuing the construction of the Wall, Israel is creating, in a grotesque historical twist, history’s largest Ghetto, separating and isolating its own people from the world upon which their survival, and that of the Jewish State, depends."