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Il y a quelques mois au Brésil, je m'étais amusé à écrire très rapidement un
post titré ;
les favelas futurs territoires des bobos ?
Aujourd'hui, ma question est de savoir
si les bidonvilles ne seraient pas devenus pour certains le lieu des les nouveaux imaginaires festifs urbains ?
Cette question m'est apparue récemment au vu d'un certain nombre de démarches et d'initiatives plus ou moins architecturales et urbaines, comme celle illustrée ci-dessus pour
Rocinha à
Rio (voir
là) ou celles ci-dessous pour
Dharavi à
Mumbai (voir
là).
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Que l'on refuse de présenter les bidonvilles avec une iconographie misérabiliste, pourquoi pas ? - surtout si cela permet d'imaginer d'autres futures à ces zones traditionnellement délaissées. Mais que l'on essaie de nous présenter
les slums et autres favelas comme le comble de nouvelle branchitude hype, j'ai juste un peu plus de mal.
A moins d'imaginer que dans la lignée du succès grandissant du tourisme dans les bidonvilles, ceux-ci se "
disneysent" peu à peu afin d'attirer toujours plus de visiteurs avec des activités toujours plus ludiques et hors normes, un peu comme le font déjà les écoles de samba à
Rio. L'autre piste, serait que dans des villes de plus en plus aseptisées et surveillées, ces quartiers deviennent les dernières vraies enclaves de liberté et de débauches, où l'on pourrait trouver librement tout ce qui est interdit ailleurs. Les quartiers chauds et marginaux ont toujours fait partie des logiques de développement urbain ( voir
Times Square) quand ca ne fait pas partie de l'identité même de la ville (voir
Amsterdam,
Hamburg ou
Bangkok). Les bidonvilles en seraient la version la plus radicale.
Les industries de la distraction et les mafias y trouveraient de nouveaux pôles de croissance, et les architectes peut-être de nouveaux marchés. On ne serait alors pas très loin de
cette hypothèse ou de
celle-ci.
On pourrait, aussi, dans ce cadre assister à
une nouvelle version de la théorie des villes créatives développée par
Richard Florida, dans "
Cities and the Creative Class" et "
The Rise of the Creative Class". Cette nouvelle
créative class ne serait plus portée par les bobos intellos, mais par les plus créatifs des pauvres des bidonvilles.