Monday, September 25, 2017

"JE POURRAIS ME LIBÉRER DE TOUT, SAUF DE LA SOLITUDE"

"Là-haut, j’avais appris à me déplacer, d’abord durement, puis le plus naturellement du monde, comme d’autres enfants apprennent à nager parce qu’un adulte les jette à l’eau: à huit ans, je marchais déjà sur les glaciers, à neuf, j’escaladais les falaises, et à seize, je pouvais enfin courir seul la montagne et étais plus à l’aise par les chemins que dans les rues de ma ville. (…) Mais à trente ans, j’avais presque oublié comment c’était, être seul en forêt, ou plonger nu dans un torrent, ou courir sur le fil d’une crête avec rien d’autre que le ciel tout autour. 
J’avais mis un peu d’argent de côté, de quoi vivre quelques mois sans travailler. Je cherchai une maison loin des centres habités et le plus en hauteur possible.(…) Au printemps, je trouvai l’endroit idéal dans la vallée voisine de celle où j’avais passé les étés de mon enfance: une baita en bois et en pierre à deux mille mètres d’altitude, là où les dernières forêts de conifères cèdent la place aux hauts pâturages. 
J’avais pris de quoi lire et écrire. J’espérais m’y remettre, avec le temps."


Du même auteur, et sur ce même besoin de solitude, lire absolument l'admirable "Les Huit montagnes".