Cette fatigue est en partie liée au Covid et aux incertitudes qu'il engendre.
Mais pas que.
La présence de la fatigue dans nos sociétés occidentales a des origines qui dépassent largement la crise sanitaire que nous vivons depuis deux ans.
En France, le premier qui a très bien expliqué cela est le sociologue Alain Erhenberg avec son livre "La Fatigue d'être soi" paru en 1998.
Pour lui, notre fatigue vient paradoxalement de nos nouvelles libertés qui nous imposent en permanence de faire des choix pour mener notre vie.
Pour Erhenberg, c'est "l'énergie que chacun doit mobiliser pour devenir soi-même" qui nous épuise.
Dans sa toute récente "Histoire de la fatigue", Georges Vigarello ne dit pas autre chose quand il écrit dans son introduction "Une hypothèse traverse ce livre : le gain d’autonomie, réelle ou postulée, acquis par l’individu des sociétés occidentales, la découverte d’un « moi » plus autonome, le rêve toujours accru d’affranchissement et de liberté ont rendu toujours plus difficile à vivre tout ce qui peut contraindre et entraver."
Dès lors, la fatigue "s’impose dans l’espace public, au travail, dans l’espace privé, dans les relations avec les proches comme dans les relations de soi à soi."
Dit autrement : la fatigue est aujourd'hui partout et omniprésente dans nos vies.
Dans ce contexte, que fait le monde du sport ?
Si on sait que faire du sport défatigue, pourquoi les acteurs du sport ne s'emparent-ils pas plus de la question ?
Pourquoi les acteurs du sport ne se présentent pas plus comme les grands défatigueurs de la société ?
Pourquoi la Fédération française de natation ne lance-t-elle pas une campagne sur le thème "Et si vous veniez à la piscine pour vous défatiguer !" ?
Pourquoi la Fédération française d'aviron ne lance-t-elle pas une campagne sur le thème "Epuisé ? Alors, viens ramer avec nous !" ?
Et si avec la paresse - voir, là -, la fatigue devenait un des grands chantiers du sport français pour la décennie à venir ?
Bref, et si le monde du sport s'emparait un peu plus de nos faiblesses pour repenser ses missions ?
Sur ce sujet, voir "Et si entre désir d'outdoor et fatigue généralisée, se dessinait un certain avenir du sport ?"