Tuesday, September 22, 2015

ET SI APRÈS "L'UBERISATION", ON PARLAIT DE "LOCALMOTORISATION" ?

L'ubérisation, c'est quand une application mobile déstabilise tout un secteur économique en faisant éclater tous les cadres économiques traditionnels - .

La "localmotorisation", ca sera quand un réseau d'imprimantes 3 D déstabilisera tout un secteur industriel en permettant une production locale et ultra-personnalisée - .

Les deux mots symbolisent la fin du fordism, et c'est pas forcément une mauvaise nouvelle.

On y revient vendredi matin, .

Monday, September 21, 2015

QUAND LOCAL MOTORS TUE LE FORDISM ...

Aujourd'hui nous changeons de civilisation car nous sortons du monde industriel et social né au XIX° siècle et modernisé au XX° siècle avec le fordism.

Cette histoire économique, sociale et politique et les modèles qui leur étaient liés sont en train d'exploser - voir , et .

Cette mutation va changer notre façon de penser le monde - voir "de l'arbre au rhizome

Sur le plan industriel, cette mutation va se traduire par la fin du fordism - voir "nouvelle cartographie industrielle"

Et si cette mutation ne va pas se faire du jour au lendemain, il lui arrive certains jours de s'accélérer.

Ce fut le cas vendredi dernier quand Local Motors a annoncé qu'il sera possible à partir d'octobre 2016 de se faire imprimer sa propre voiture dans une des trois micro-factories installées dans des universités américaines - toutes les détail dans "Pre-Order Your 3 D Printed Car front Local Motors Next Month".

Deux modèles de voitures issus de concours de design seront proposés - plus de détails, 

Deux ans après avoir lancé sa MobiFactory - - un an après avoir imprimé sa première voiture  - -, Local Motors chamboule donc une nouvelle fois la façon de concevoir et de produire une voiture en redonnant la main aux consommateurs en tuant l'usine pour la remplacer par des petites unités de production décentralisées.


C'est toute la chaine de conception de la voiture qui est aussi remise en cause, puisque Local Motors veut réduire le temps de conception d'une automobile de 6 ans à ... moins de 4 mois !

I’ve got the machines. You’ve got the brains. Let’s bring the chocolate and the peanut butter together and let’s make better cars every four months,(...) We want the development time, which is currently about six years, to come down to about four months. Digitally manufacturing a car allows us to adopt new technology as soon as it comes out. That’s what people desire.” expliquait récemment Jay rogers, le boss de Local Motors.

C'est la concrétisation de "quand l'industrie automobile change d'ère, et que cela ressemble à une révolution".

On en reparle plus longuement lors du prochain Atelier organisé le 25 septembre prochain autour de la question "Et si nous étions juste en train de changer de civilisation ?"


Friday, September 18, 2015

VERS DES VOITURES TENTES ?

Chez Transit-City, on adore les voitures frugales et sportives, et on a un gros faible pour la Méharie - voir  et .

Chez Transit-City, on est aussi persuadé depuis longtemps que le camping est une des pistes d'avenir de l'automobile - voir "le camping comme futur de l'automobile ?", "camping transformer" et "Home is Where You Park It".

Chez Transit-City, on est donc content quand Citroën présente un concept car de voiture frugale et sportive permettant d'y associer une tente - c'est l'image ci-dessus du concept Cactus M, avec les explications .

Mais chez Transit-City, on est aussi persuadé que le camping peut permettre de renouveler la réflexion sur l'habitat - voir "le camping comme nouvel idéal urbain ?" et .

Alors chez Transit-City, on se demande pourquoi la voiture ne deviendrait pas une "maison-tente" comme l'imaginent certains artistes - voir les images ci-dessous et les explications .

La tente ne serait plus une annexe de la voiture. C'est la voiture qui serait une pièce de la tente.

On est dans le prolongement direct de "Si demain les pièces et les voitures ..."

Et sur le rôle du camping dans la pensée urbaine et mobile contemporaine, voir  ou .

Thursday, September 17, 2015

Wednesday, September 16, 2015

À NOUVEAU SYSTÈME INDUSTRIEL, NOUVEAU SYSTÈME POLITIQUE ?

La numérisation du monde ne fait pas que changer notre économie, elle modifie aussi notre rapport au monde et donc à la politique.

A l'effondrement du modèle industriel né au XIX° siècle - -, correspond l’effondrement d’une bonne partie des valeurs et des codes politiques nés à cette époque.

Reste à essayer d'en tirer des conclusions pour dessiner de nouvelles lignes d'horizon politique.

C’est que propose de faire Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel à Paris-I-Panthéon-Sorbonne dans son dernier ouvrage « Radicaliser la démocratie. Propositions pour une refondation ».

Dans un interview accordé au Monde à l’occasion de la sortie de son livre, il explique : 
« Toutes les institutions sur lesquelles reposait jusqu’à présent notre société sont remises en cause.  
Le suffrage universel perd sa force légitimante du fait de l’abstention, les partis politiques n’ont plus d’adhérents, les syndicats ne représentent plus grand monde, le Parlement ne délibère plus.  
Mais ce n’est pas seulement une crise de l’Etat, c’est aussi une crise de la justice, de la médecine, de l’éducation, du journalisme, de la famille…  
Toutes ces institutions qui fonctionnaient sur des règles établies, routinières, s’interrogent en même temps. C’est cette coïncidence qui nourrit la crise actuelle 
Il faut donc repenser toute l’organisation ­sociale.» (...) 
(...) « Ce dont on a besoin, c’est de montrer la forme politique qui arrive, même si elle n’existe pas, d’imaginer les mots et les institutions qui vont la faire ­vivre. 
Une société a besoin d’horizon. 
Ce qu’on voit aujourd’hui, c’est une société qui contourne ses institutions, créées au XIXe siècle, en inventant d’autres formes du vivre-ensemble.» plus .
Pour aller plus loin, je ne peux que vous inciter à lire son livre brillant et décapant.

On y reviendra plus longuement lors du prochain Atelier organisé le 25 septembre prochain autour de la question "Et si nous étions juste en train de changer de civilisation ?"

Tuesday, September 15, 2015

FIN DU FORDISME, FIN DE LA CLASSE MOYENNE ?

Le monde industriel de demain va s’organiser autour de deux grands axes : 

- la production individualisée via l’imprimante 3D - .
- la production automatisée via les robots, les algorithmes et le big data.

Cela va changer tout le tissus économique et industriel dans lequel nous vivons depuis deux siècles

Et cela devrait nous obliger - entre autres - à inventer un nouveau contrat social.

C’est en tout cas la conviction du philosophe Bernard Stiegler, directeur de l’Institut de recherche et d’innovation du centre Pompidou et auteur d’un tout récent « La Société automatique : 1. L’avenir du travail »

Dans un entretien à Libération - - il rappelait récemment quelques réalités sur les mutations industrielles à venir.
(…) «L’automatisation va profondément déstabiliser le marché de l’emploi et les postes créés par les nouvelles activités ne compenseront pas ceux qui seront détruits. On parle de 30% à 50% d’emplois perdus dans les dix à vingt ans, avec une hypothèse extrême, pour les Etats-Unis, de 70% de postes disparus d’ici à trente ans. » (…)  
(…) « Cela signifie que le modèle keynésien, qui avait pour vocation de rendre le taylorisme solvable en redistribuant les gains de productivité par le salaire, ne peut plus fonctionner. Il va falloir redistribuer autrement. Cela ne veut pas dire que les emplois salariés disparaîtront en totalité, mais qu’ils deviendront de plus en plus marginaux. » (…) 
(…) «Les destructions d’emplois entraînées par le développement de ces technologies seront supérieures aux créations. Il faut en anticiper les conséquences sociales aussi bien que macroéconomiques.» (…) 
Pour les réponses, je vous renvoie sur son livre - - et au très bon "L'emploi est mort. Vive le travail".

On en rediscute lors du prochain Atelier organisé le 25 septembre prochain autour de la question "Et si nous étions juste en train de changer de civilisation ?"

Monday, September 14, 2015

FIN DU FORDISME, FIN DU SALARIAT ?

«Uber annonce, comme Airbnb dans le domaine de l’hôtellerie, une métamorphose profonde de l’économie comparable à l’aube de la révolution industrielle. (...)  
Mais ces deux révolutions industrielles, à deux siècles d’écart, sont fondées sur des principes inverses.  
La première transforma les artisans indépendants du textile en ouvriers de grandes manufactures capitalistes.  
Uber, Airbnb et les nouvelles applications qui adoptent le même mode d’exploitation, détruisent l’économie de manufactures et restaurent l’artisanat(...)
(...) Cette révolution économique qui commence est aussi une révolution sociale : il devient plus facile de devenir entrepreneur que salarié, du moins dans le monde des services qui représente les deux tiers de l’emploi dans les pays développés.  
Mais on envisagera que cette révolution économique, technique, sociale affectera aussi, progressivement, la production industrielle : les machines à reproduire en trois dimensions (3Ds Printers) permettent déjà à des entrepreneurs individuels de fabriquer chez eux des objets de plus en plus complexes." (...)
Quand G. Sorman dans "L'Uberisation du monde" dessine en quelques lignes les révolutions économiques et industrielles qui vont nous faire changer de civilisation.

Dit de façon encore plus synthétique : on va passer de "la production pour tous" à "la production par tous".

C'est dans la lignée de :
On y revient beaucoup plus longuement lors du prochain Atelier organisé le 25 septembre prochain autour de la question "Et si nous étions juste en train de changer de civilisation ?"

Friday, September 11, 2015

Thursday, September 10, 2015

FLUX ET HYPER-LIEUX ® : QUI DÉFINIT L'IDENTITÉ DE QUI ?

Le fait que nous soyons mobiles et connectés change tout.

I - Cela change la façon de construire notre identité.

- Avant, c'était le lieu - c'est à dire le fixe - qui définissait notre identité.
C'est au nom de ce principe que l'anthropologue Marc Augé a qualifié en 1992 les lieux de transit de "non-lieux" car il les considérait comme des lieux incapables de construire une identité.

- Aujourd'hui, c'est le flux - c'est à dire la mobilité connectée - qui définit notre identité.
Comme l'écrit Hartmut Rosa dans "Accélération", "plus le rapport à soi est défini et stabilisé dans l'espace des flux, et plus l'identité perd littéralement sa "localisation" géographique : il s'ouvre un fossé entre la mobilité de la modernité classique et le retour du nomadisme (Z. Bauman) ou la polygamie des lieux (U. Beck) de la modernité avancé."

Pour Rosa, nous entrons dans une époque "d'identité situative" qui "est, pour la personnalité, le corrélât de l'espace des flux et du temps détemporalisé."

II - Cela change aussi la façon de penser l'identité d'un lieu.

- Avant, l'identité d'un lieu se définissait par sa fonction.
Un bureau servait à travailler, un logement à habiter, un restaurant à manger, un stade à faire du sport.

- Aujourd'hui, c'est l'individu qui par l'activité qu'il y déploie, donne une identité à un lieu.
Quand vous travailler dans un Starbuck's, vous êtes fictivement dans un café par l'espace, mais réellement dans un espace de travail - voir  et .

Si on reste au fixe pour analyser l'évolution de notre monde, on ne comprends plus rien .

III - Cela change aussi la façon de penser définir d'un lieu : vers des hyper-lieux ® ? 

- Avant, un lieu se pensait comme forcément fixe et mono-fonctionnel.

- Demain, un lieu devra se penser comme mobile et multi-fonctionnel.

Et c'est pour cela que nous proposons de passer des non-lieux aux hyper-lieux ® et a hyper-lieux mobiles ® ?

Voir : "Et si on passait des non lieux aux hyper-lieux mobiles ® ?"

On en reparle plus longuement lors du prochain Atelier Transit City organisé le 25 septembre prochain autour de la question "Et si nous étions juste en train de changer de civilisation ?"

Wednesday, September 09, 2015

SI DEMAIN LES PIÈCES ET LES VOITURES ...

Si demain les pièces deviennent mobiles - ,

Si demain les voitures deviennent de vraies pièces - ,

Alors ...

Alors on constate que l'on est encore très loin d'avoir réfléchi à toutes les conséquences que va entraîner le développement de la voiture autonomes sur nos références spatiales et urbaines traditionnelles et à la révolution radicale que cela va conduire sur le plan conceptuel.

On tentera de conduire cette réflexion lors du prochain Atelier Transit City organisé le 25 septembre prochain autour de la question "Et si nous étions juste en train de changer de civilisation ?"

Tuesday, September 08, 2015

ET SI LES ARCHITECTES EN ÉTAIENT ENCORE A RÉFLÉCHIR AUX CABINES TÉLÉPHONIQUES ?

Pour prolonger mes récents posts sur la fin du fixe et la difficulté de certaines professions à comprendre cette mutation - voir "AirBnB is Architecture, Amazon is Architecture" - je me demandais récemment si les architectes n’en étaient pas encore à penser la ville à travers la figure de la cabine téléphonique ? 

Dit autrement : et si les architectes continuaient pas à penser la ville à travers des lieux fixes et monofonctionnels, quand aujourd’hui c’est le mobile et le multifonctionnel qui dominent le monde ? 

Oui c’est pas forcément très gentil pour cette profession, mais en même temps ils sont où les architectes qui nous montreraient à travers leurs réalisations ou leurs analyses qu’ils ont compris les mutations contemporaines ? 

On attends toujours les Archigram, les Métabolistes, les Reynard Banham, les Hans Hollein ou les François Allégret de ce début du XXI° siècle capables d'apporter des vraies visions et solutions architecturales dignes des mutations et des ruptures que nous vivons aujourd'hui.

Peut-être que ce genre d'initiative y contribuera un peu.

Voir aussi :
- "Vers un VUCA urbanisme ?"
"Et si Wimes et Archigrame redevenaient le futur ?"
"Et si le camping car pouvait renouveler l'approche de l'habitat ?"

Et on peut aussi relire encore une fois, "La fin des murs ? La fin des boites ?"

PS / les deux photos en noir et blanc sont signées de l'immense Garry Winogrand.

Monday, September 07, 2015

ET SI LES GAFA ÉTAIENT LES URBANISTES DU XXI° SIÈCLE ?

Si on part du principe que le numérique est en train de bouleverser totalement notre façon de penser notre monde et sa cartographie - .

Si on part du principe qu’aujourd’hui ce n’est plus le fixe, mais le mobile qui devient le coeur de la pensée - .

Alors on peut être tenté de se poser la question de savoir si les gens dont le métier est de construire du fixe et des murs - à savoir, les architectes - ont encore des choses intéressantes à nous dire sur la ville qui bouge et sur la mobilité ?

Rappelons-nous le formidable travail fait dans les années 60/70, par des gens aussi exceptionnels que :
- les anglais d'Archigram,
- le mouvement des Métabolistes japonais,
- l'architecte autrichien Hans Hollein
- le critique Reyner Banham avec son fameux "The Great Gizmo".

Alors qu'on redécouvre aujourd'hui toute la pertinence des analyses de philosophes comme Deleuze et Guattari - voir et -, peut-être faudrait-il se replonger dans les travaux de ces architectes des années 60 pour y déceler des grilles de lectures capables de comprendre et penser le monde qui s'invente ?

C'est ce qu’examine Jack Self dans un article publié par l'Architectural Review de ce mois-ci à l'occasion de l'exposition "Everything is Architecture : Bau Magazine from the 60s and 70s" organisée par l'Institute of Contemporary Arts de Londres.


Dans son article titré "Is Everything Architecture ?", Self revient longuement sur la créativité des années 60 et la richesse théorique apparue à cette époque notamment sous l'influence de quelqu'un comme Hans Hollein.


Mais il élargit la question et s'interroge avec beaucoup de pertinence sur ce qui pourraient, de nos jours, être les bases d’une nouvelle approche architecturale et urbaine fondée sur la mobilité et les flux
"Nonetheless, what can we understand about the present from Hollein’s statement that everything is architecture? 
If architecture is indeed spatial practice, not simply built structures, then anything with a consequence for our physical environment (and not only objects) could be architecture.  
Airbnb is architecture, Amazon is architecture.  
Facebook, Twitter, Instagram (as well as the Prism programme of surveillance by the NSA) are all architecture too.  
Digital commerce platforms as a whole, including all those above, depend on sophisticated algorithmic programs to operate. The simple display of available nearby drivers within Uber, and their distance from your location, rests on complex real-time calculations in a constant feedback loop.  
The implications of Uber are spatial (changing transport flows in a city), social (each worker is their own entrepreneurial boss) and economic (the worker is paid little, but the customer has access to cheap transport)."
C’est à méditer, et pas simplement sur le plan architectural.

On y revient dès demain.

Thursday, September 03, 2015

JEU DE GO / ÉCHECS - SUITE, MAIS PAS FIN ...

"Pour revenir sur les derniers articles du blog relatifs au jeu d'échec et au Go, François Jullien nous donne peut-être une autre clé de lecture - voir . 
Dans le jeu d'échec (occidental) c'est le plan qui domine, les pièces ont une "force" connue et le plan permet de gagner la bataille, la modélisation est aisée, l'environnement est stable presque homéostatique, si les joueurs sont de force égale, le nul ou le pat sont fréquents. 
Dans le Go (oriental) c'est le potentiel de situation que l'on va s'efforcer de créer qui va à un moment, lorsque le fruit sera mûr, va permettre la cueillette, c'est à dire la victoire. D'un environnement stable, on va peu à peu, patiemment créer les conditions du déséquilibre. 
Uber et autres sont finalement un réseau indistinct de pions de valeur indéterminé qui, par l'introduction d'une zone/temps de déséquilibre (leur structuration) dans un environnement stable (réécriture de la carte), font évoluer le potentiel de situation pour finir peut-être, nous verrons bien, par dominer et réécrire entièrement la carte."  
Patrick Roult, Dga de l'Insep.
Et poursuivre la réflexion en (re)lisant "De l'être au vivre - Lexique euro-chinois de la pensée" dans lequel François Jullien consacre de longues analyses aux "transformations silencieuses", aux "amorces discrètes", à "la maturation opposée à la modélisation" et "aux moments" par opposition "aux occasions".

"JEU DE GO = UBER ET BLABLACAR", UN MAUVAIS PARALLÈLE ?

Suite à mon post "Nouvelle cartographie : des échecs au jeu de go ?", dans lequel je comparais les nouveaux acteurs de la mobilité aux pièces du jeu de go par opposition aux acteurs établis et institutionnels que je comparais aux pièces du jeu d'échecs, j'ai reçu de Peter Bu (que je ne connais pas) le texte ci-dessous dans lequel il remet en cause ma grille de lecture.

Je vous soumets ses analyses, elles sont très stimulantes et permettent d'affiner la réflexion.
"La comparaison de divers acteurs publics et privés comme la Sncf, la Ratp, Uber,  Blablacar aux échecs et au go est intéressante de plusieurs points de vue, mais pas nécessairement pertinente par rapport à ces deux jeux stratégiques. 
L'article affirme : « (…) le jeu de go, c'est Uber, Blablacar ... »  
Dans un certain sens cela pourrait l'être si les initiateurs de ces modes d'entrepreneuriat visent à rompre les monopoles de la Sncf, de la Ratp, des taxis, en utilisant d'innombrables acteurs anonymes pour s'accaparer de ces marchés et les dominer. 
Mais même si c'était leur but, la ressemblance avec le jeu de go ne serait que superficielle : l’éparpillement des efforts dans les marges, avant de prendre le centre. 
Contrairement à ce qu'affirme ce texte, le jeu de go, comme celui d'échecs, est très structuré. Dans une partie maîtrisée rien n'est laissé au hasard. Au commencement de la partie les lignes de combats sont imperceptibles mais visibles de ceux qui savent jouer, les batailles se préparent comme si de ne rien était mais quand les préliminaires sont terminés le conflit peut être très dur. Si dans le jeu d’échecs il s'agit de tuer l'adversaire en capturant sa représentation symbolique, le roi, dans le jeu de go on distribue un territoire (ici, la notion du territoire est plus importante qu'aux échecs, mais il tout aussi délimité). Dans ce jeu, pour gagner on n'a pas besoin de conquérir tout, la majorité du territoire (des moyens,du pouvoir) suffit. Celui qui en a moins s'incline. 
Il est vrai que les échecs sont un jeu hiérarchisé qui reprend la structure de la société féodale. Chaque pièce a une certaine puissance, suivant sa place dans la société.  Les plus forts sont les rois et les reines, puis les aristocrates (tours)... jusqu'aux pauvres paysans qui n'ont pas de moyens d'échapper au corps à corps meurtrier.  Le joueur concentre ses forces en un point et tente la percée. Évidemment, il peut ruser, faire semblant de viser un endroit puis prendre l'adversaire par le revers, il l'affaiblie en lui prenant telle figure ou telle autre, mais in fine il s'agit toujours d'une rencontre frontale.  
Le go est l'exact opposé : toutes les forces (pièces) sont de force égale, elles sont "éparpillées" aux quatre coins de l'échiquier (mais ce n'est qu'apparent), leur force résulte de leur assemblage en chaînes qui encerclent l'adversaire et peuvent l'étouffer, ou pas: il n'est pas nécessaire de l'éliminer physiquement.  
Peu importe si les entreprises Uber, Blablacar, Airnb etc. utilisent la foule de leurs usagers avec une visée monopolistique (de joueurs d'échecs), ou pas. Ils ne jouent pas une partie de go. Les mouvements de leurs "pièces" sont chaotiques et imprévisibles mais leur but est d'écraser ceux qu'ils concurrencent. (...) 
P.S. : A la différence du jeu de go, les « pièces » utilisées par Uber, Blablacar, Airnb etc. n'ont pas toutes la même valeur. Par exemple, certaines propositions de « vrai-faux » taxis sont plus attrayantes que d'autres, idem pour les biens immobiliers que les particuliers soumettent à la location. Ils attirent donc plus de clients. Ils concurrencent plus – ou moins la marché traditionnel. Cette inégalité ne correspond pas au jeu de go."
Ça renvoie très directement à "Peut-on classer les barbares ?"

Wednesday, September 02, 2015

VERS NOUVELLE CARTOGRAPHIE INDUSTRIELLE ?

Dans le prolongement  des deux précédents posts - et , six slides pour élargir la réflexion aux mutations industrielles à venir.

- Le tronc serait l'usine, et les rhizomes le nouveau réseau d'imprimantes 3 D permettant une production décentralisée.

- Les piéces d'échec seraient les acteurs industriels traditionnels, et les pions de go tous les individus possédant une imprimante 3D.

On y reviendra beaucoup plus longuement lors du prochain Atelier Transit City organisé le 25 septembre prochain autour de la question "Et si nous étions juste en train de changer de civilisation ?"

Tuesday, September 01, 2015

NOUVELLE CARTOGRAPHIE : DES ÉCHECS AU JEU DE GO ?

Pour prolonger mon précédent post "de l'arbre aux rhizomes" sur les nouvelles grilles de lecture que nous impose notre monde mobile et connecté, je voulais vous proposer ces quelques lignes toujours tirées du "Mille plateaux" de Deleuze et Guattari.
« Les échecs sont un jeu d’État, ou de cour. (…) 
(…) Les pièces d’échecs sont codées, elles ont une nature intérieure ou des propriétés intrinsèques, d’où découlent leurs mouvements, leurs situations, leurs affrontements. Elles sont qualifiées. (…) 
(…) Les pions de go, au contraire, sont des grains, des pastilles, de simples unités arithmétiques, et n’ont d’autre fonction qu’anonyme, collective ou de troisième personne. (…) Ça peut être un homme, une femme, une puce, un éléphant
(…) Les échecs sont bien une guerre, mais une guerre institutionnalisée, réglée, codée, avec un front, des arrières, des batailles. 
Le propre du jeu de go c’est d’être une guerre sans ligne de combat, sans affrontement et arrières, à la limite sans bataille. (…) 
(…) Enfin, ce n’est pas du tout le même espace : dans le cas des échecs, il s’agit de se distribuer un espace fermé, donc d’aller d’un point à un autre, d’occuper un maximum de places avec un minimum de pièces. 
Dans le go, il s’agit de se distribuer dans un espace ouvert, de tenir l’espace, de garder la possibilité de surgir en n’importe quel point : le mouvement ne va plus d’un point à un autre, mais devient perpétuel, sans but ni destination, sans départ ni arrivée. (…) 
(…) Espace « lisse » du go, contre espace « strié » des échecs. » (…) 
Et si c'était cela la grande mutation d'aujourd'hui ?

La fin de la domination du jeu d'échecs avec des acteurs bien établis et des rôles bien définis, pour laisser place à une multitude d'acteurs qui par leur nombre et leur connexion remettent en cause le bel ordonnancement du damier.

En terme de transport, on pourrait résumer cette mutation comme cela :
- le jeu d'échecs, c'est la Sncf, la Ratp, les taxis ...
- le jeu de go, c'est UberBlablacar ...

C'est notamment ce qui fait qu'aujourd'hui ce sont "les barbares qui redessinent la carte" et que nous vivons "la fin du fixe" comme grille de lecture pertinente de la ville - voir .

On reparle de tout cela lors du prochain Atelier Transit City organisé le 25 septembre prochain autour de la question "Et si nous étions juste en train de changer de civilisation ?"