Sunday, December 06, 2009

LES PLUS HAUTES TOURS ANNONCENT-ELLES LES PLUS GRANDES CRISES ?


La construction des plus hautes tours du monde annoncent-elles les plus grandes crises économiques ? Ou dit autrement "existe-il une corrélation entre la hauteur des gratte-ciel et l'ampleur des crises économiques ?"

Si la question peut apparaître un peu incongrue, elle n'en est pas moins légitime au vu d'une récente analyse publiée en mai dernier dans la revue Histoire par Gilles Antier sous le titre "Tours suspendues".

Pour réfléchir à cette hypothèse, je vous propose quelques extraits de cet article qui se révèlent très troublants car historiquement et économiquement rigoureusement vrais.

"Les annonces d'arrêt de chantiers de tours de 70 à 100 étages se multiplient dans le monde. Avant la tour Costanera de Santiago du Chili en février, ce furent, en rafale, la tour Russie à Moscou et la tour Spire à Chicago (610 mètres chacune), les 270 mètres de l'impressionnante double tour Trump à Dubaï, et même la plus modeste « râpe à fromage » promise à Londres pour les Jeux olympiques de 2012. La déroute économique mondiale a très vite conduit à un retrait généralisé des investisseurs, des entreprises, et des locataires."(...)

(...) "Comme l'avait soupçonné dès 1999 Andrew Lawrence, un analyste américain de la Dresdner Bank, (semble ainsi exister), depuis le début du XXe siècle, une corrélation entre les crises financières et la hauteur des gratte-ciel dans les pays où elles se sont produites."


"A Manhattan, les deux plus hautes tours du monde à l'époque, le Singer Building et le Metropolitan Life Building, étaient en cours d'achèvement en 1907 lorsque l'indice de Wall Street perdit la moitié de sa valeur.

Puis ce furent le Chrysler Building et l'Empire State Building (319 et 381 mètres) qui marquèrent à leur façon le début de la Grande Dépression en 1930-1931. Quant aux tours jumelles du World Trade Center de New York comme la tour Sears de Chicago, elles furent inaugurées à l'époque du premier choc pétrolier.

Ce troublant « indice des gratte-ciel » , comme le dénomma Lawrence, s'est ensuite manifesté en Asie en 1997-1998 au moment où furent achevés les 88 étages des fameuses tours Petronas de Kuala Lumpur et de la tour Jin Mao de Shanghai... en pleine crise financière asiatique.

En 2008 enfin, la récession a stoppé de nombreux projets ou chantiers reflets de l'euphorie immobilière des années 2000, cela aussi bien dans les zones de très forte croissance (Asie et pays du Golfe, au premier rang desquels Dubaï) qu'en Europe.
" (...)

(...) "La démonstration d'Andrew Lawrence est donc assez troublante. Elle s'expliquerait par le fait que l'apparition de tours de plus en plus hautes, ou l'idée d'en construire des géantes, seraient toutes deux le signe d'une bulle immobilière arrivée à son volume maximal et donc annonciatrices d'un retournement de conjoncture. Au Japon, les plus incroyables projets ont coïncidé avec le début de la grande récession du pays en 1992-1993." (...)