Monday, August 20, 2012

DE L'IMPORTANCE DU TRAIN ÉLECTRIQUE ET DU CIRCUIT 24 DANS LA PENSÉE URBAINE

Les images ci dessus sont extraites de "City of Possibilities", la toute dernière pub de la Norfolk Southern Railway. Très inspiré du Toy Story de Pixar, (le making of est visible ), ce petit film n'a qu'une vocation : faire passer l'idée que le train reste encore au XXI° siècle un formidable irrigateur de territoire et un exceptionnel vecteur de développement économique. Message évident dans toutes les parties du monde, sauf aux États-Unis ou le train est majoritairement perçu comme un coût et - surtout - une alternative peu désirable face à la voiture et à l'avion.

A noter toutefois que cela change dans certains coins du pays, et notamment dans le triangle Washington / New-York / Boston où les lignes exploitées par Amtrak ne cessent de prendre des parts de marchés face à l'aérien - lire "Frustration of Air Travel Push Passengers to Amtrack".

Mais si j'ai mis ces images ce n'est pas tant pour vous parler des campagnes de communications en faveur du fer aux Etats-Unis (sur ce sujet voir , ou ), que pour revenir sur le rôle du train électrique dans la construction des imaginaires urbains et mobiles.

Le train électrique a, comme tous les jouets, toujours dépassé son simple statut d'activité ludique pour être le révélateur d'une certaine vision du monde. Une vision que l'on pourrait qualifier d'idéale, car totalement contrôlable et - surtout - malléable à souhait, notamment dans l'organisation urbaine qui souvent accompagne le réseau ferré (Voir sur l'univers du train électrique, mes précédents posts, ou .)

S'ajoute à cela une dimension technique - la gestion du réseau - qui fait que le train électrique a longtemps été un véritable laboratoire d'expérimentations pour un grand nombre de jeunes ingénieurs et autres férus de modélisation de systèmes d'exploitation.

L'histoire est peu connue, mais c'est au sein du Tech Model Rialroad Club du prestigieux MIT qu'est ainsi né le mouvement hackers. C'est en effet en cherchant à mieux gérer leur complexe réseau ferré, que certains étudiants de ce club commencèrent, à la fin des années 60, à détourner les ordinateurs de l'Université et donnèrent ainsi naissance à un nouveau langage - le fameux jargon file - qui servira de base au vocabulaire des hackers.

C'est à la même époque qu'apparaît de l'autre côté de l'Atlantique ce qui va devenir l'un des grand best-seller des années 60, le Circuit 24. A priori rien à voir avec le train électrique, si ce n'est cette idée de faire circuler sur des rails (seul l'écartement change) des machines "comme dans la vraie vie".

C'est la fameuse marque allemande Faller qui va faire le rapprochement entre ces deux univers du modélisme avec son Faller Car System, système de gestion automobile compatible avec le format HO du train.

Le Faller Car System ne fut jamais un grand succès commercial, notamment du fait de la complexité de l'installation. Mais c'est surtout l'arrivée des jeux vidéo qui ont balayé en quelques années cet univers du modélisme. Sim City, Transport Tycoon ou Cities in the motion offrent, évidement, mille fois plus de possibilités de jouer sur la gestion de la ville et des transports, que le petit monde du train électrique (plus ).

Reste que c'est par ce rapprochement du train électrique et du circuit automobile, que c'est peu à peu diffusée cette idée que des voitures automatiques seraient la solution pour les villes de demain. Un rêve repris aujourd'hui notamment par des entreprises comme Google avec sa Google Car ou par l'agence BIG pour Audi avec son projet de Driverless City. Depuis quelques années, cette idée , ne cesse de croitre.


Les slides qui illustrent ce post, sont extraits de la présentation Toy City faite lors de l'Atelier "Et si les jouets et les jeux vidéos changeaient nos rapports à la ville et à ses mobilités ?