Cela nous conduit à nous interroger sur ce que l'outdoor peut apporter à nos analyses de la ville - là - sur ses mobilités - là - et sur son possible statut d’acteur politique - là.
Cette réflexion nous conduit aussi à nous interroger sur les territoires de l'outdoor et sur la façon dont ceux-ci peuvent nous aider à penser la ville autrement - d'où notre travail sur la forêt - là - et sur le réensauvagment de nos villes - là.
C'est dans ce contexte que nous nous demandions récemment si les meilleurs livres pour penser l'urbanisme du futur, étaient des livres sur la nature et les animaux sauvages - là.
Nous vivons clairement aujourd'hui, une crise culturelle de la pensée et plus particulièrement une crise de la pensée urbaine par rapport à ce que l'on appelle la nature et le sauvage.
Ce que Baptiste Morizot dans son passionnant "Manière d'être vivant" nomme "une crise de la sensibilité"
Pour lui, la crise écologique que nous vivons, est une crise de la sensibilité.
"Par “crise de la sensibilité”, j’entends un appauvrissement de ce que nous pouvons sentir, percevoir, comprendre, et tisser comme relations à l’égard du vivant. Une réduction de la gamme d’affects, de percepts, de concepts et de pratiques nous reliant à lui."
"Un premier symptôme de cette crise de la sensibilité, peut-être le plus spectaculaire, est exprimé dans la notion d’“extinction de l’expérience de la nature” proposée par l’écrivain et lépidoptériste Robert Pyle : la disparition de relations quotidiennes et vécues au vivant."
Des logos ou des feuilles ?
"Une étude récente montre ainsi qu’un enfant nord-américain entre 4 et 10 ans est capable de reconnaître et distinguer en un clin d’œil expert plus de mille logos de marques, mais n’est pas en mesure d’identifier les feuilles de dix plantes de sa région."
Reconstituer les chemins de la sensibilité ?
"Il y a un enjeu à reconstituer des chemins de sensibilité, pour commencer à réapprendre à voir. Si nous ne voyons rien dans la “nature”, ce n’est pas seulement par ignorance de savoirs écologiques, éthologiques et évolutionnaires, mais parce que nous vivons dans une cosmologie dans laquelle il n’y aurait supposément rien à voir, c’est-à-dire ici rien à traduire : pas de sens à interpréter."
Inventer un nouveau réensauvagement ?
"Ce n’était pas forcément “mieux avant”, et il ne s’agit pas de revenir à des formes de vie nus dans les bois. Tout l’enjeu est précisément qu’il s’agit de les inventer."
Sortir du civilisé ?
"Sortir du Civilisé, ce n’est pas se jeter dans le Sauvage, pas plus que sortir du Progrès implique de céder à l’Effondrement : c’est sortir de l’opposition entre les deux."
"Cela induirait, par exemple, de ne plus postuler la déficience de la “Nature” qui exigerait qu’on l’améliore par l’organisation rationnelle, mais de retrouver une confiance dans les dynamiques du vivant."
"L’enjeu est donc de repeupler, au sens philosophique de rendre visible que la myriade de formes de vie qui constituent nos milieux donateurs sont elles aussi, depuis toujours, non pas un décor pour nos tribulations humaines, mais les habitants de plein droit du monde."On poursuit la réflexion - voir, Rewild City ®.