Quand on s'interroge sur les nouveaux imaginaires mobiles comme on le fait chez Transit-City - voir nos derniers posts là, là et là, notamment - on ne peut qu'être marqué par l'omniprésence de certains mots (voiture, moteur, électrique, connectée, transport collectif...) et l'absence totale d'autres mots.
Parmi les mots absents, il y a celui de bikepacking.
Le bikepacking, c'est à fois une idée - le vélo permet des voyages sportifs en autonomie - et une approche technique toujours plus maline - le porte-bagage est remplacé par multiplicité de poches souple.
Le bikepacking, c'est donc l'application au vélo du modulable clipsable que l'on retrouve chez les trailers et les militaires - voir, là et là.
Le bikepacking coche donc a priori toutes les cases de la mobilité vertueuse, non polluante, silencieuse, sportive et bonne pour la santé qui devrait être au coeur de la pensée mobilitaires et de la pensée sportive des décennies à venir.
Et bien, je ne sais pas pour vous, mais moi, je n'ai jamais entendu un responsable politique en parler.
Pour nos élus, le bikepacking ça n'existe pas !
Pour nos élus, le bikepacking n'est pas un moyen de transport et encore moins de trans-sport ®.
Pour nos élus, le bikepacking ça n'existe pas, alors que les vélos deviennent de plus en plus malins - voir l'image ci-dessous et les explications, là.
Pour nos élus, le bikepacking ça n'existe pas, alors que c'est peut-être lui qui va réinventer enfin le Tour de France autour d'autres valeurs que la compétition, le dopage et la caravane publicitaire.
Il faut à ce sujet regarder "Gone Racing" qui montre comment le coureur australien devenu bikepaker Lachlan Morton, a réussi à faire sans assistance un tour de France de 5 510 km en 23 jours !!
Bref, quand on s'intéresse un peu au bikepacking, on comprend qu'il y a là un formidable terreau pour raconter de nouveaux avenirs au vélo, et donc aux mobilités actives... et donc au sport.
Et pourtant, le bikepacking n'existe pas dans le débat public, ni dans le débat sur la vocation du sport demain.
Ni au niveau des collectivités locales.
Et encore moins dans les grands discours sur le sport demain qui se résument aujourd'hui à comment faire plus de médaille à Paris 2024, ou à tartiner à plus ou moins bon escient des équipements sportifs ... qui ne seront investis que par des gens qui font déjà du sport - là.
Bref, des démarches publiques qui ne règlent rien sur le plan de la santé publique, ni sur la façon de relever les défis du dérèglement climatique.
Le ministère des Sports et les fédérations sportives ont-elles vraiment compris qu'on avait changé de monde, que les priorités avaient fortement évolué et qu'il était temps de repenser les vocations du sport ?
Le bikepacking fait partie de ces nouvelles pratiques témoins de ces mutation des enjeux du sport, et c'est pour cela qu'il faut s'y intéresser.