"Le muscle est partout. Il a depuis fort longtemps échappé à l’enceinte du stade et aux cordes du ring.Il règne sans partage sur les grands et les petits écrans.
Il a cessé d’être le privilège d’un sexe et le signe écrasant de sa domination sur l’autre : les premières femmes sont apparues dans l’élite du body-building dans les années 1970, et se sont multipliées depuis. (...)
La revendication musculaire s’est démocratisée, les pratiques du body-building tendent à se généraliser et la puissance anatomique s’exhibe en un spectacle permanent, obsédant, universel.
Insolites masses musculaires, purement décoratives, qui ne servent ni à courir, ni à lancer, et qui rompent ainsi avec tout ce qui, dans la logique sportive, associe le muscle au mouvement. (...)
Du muscle sportif au muscle simulacre ?
"Tout cela doit conduire à s’interroger sur le destin de la virilité la plus contemporaine.
Historiquement, cette dernière a toujours été associée à l’usage, aussi bien qu’à l’image, de la force.
Elle tire son origine de la chasse, du combat, et les épreuves sportives qui la prolongent aujourd’hui de la manière la plus explicite sont les plus brutales, le rugby ou le football américain, certains arts martiaux, la boxe, à propos de laquelle Joyce Carol Oates a pu écrire : « La boxe, c’est pour les hommes, ça parle des hommes, c’est les hommes-mêmes. Une célébration de la religion perdue de la virilité, d’autant plus brutale qu’elle a été perdue.» - là (...)
Cette célébration « du mâle dans l’homme» a conservé ses enthousiastes, et le « théâtre tragique» de la violence virile remplit toujours les enceintes sportives.
Mais un culte de la seule image de la virilité s’en est progressivement détaché au cours du xxe siècle, pour s’en dissocier de plus en plus radicalement.
Le muscle a donné naissance à une culture du simulacre. (...)"
A priori, on devrait reparler de tout cela le 6 février prochain lors des Rencontres Sport / Equipement / Stratégie ® organisées autour de la question "C'est quoi demain, l'économie du muscle ?"