Tuesday, April 01, 2008

"AVEC LES CATASTROPHES ANNONCÉES ..."

Excellente interview de Rajendra Pachauri, président du GIEC (Groupe d'expert intergouvernemental sur l'évolution du climat) et récent co-lauréat du prix Nobel de la paix, dans Libération sous le titre "Avec les catastrophes annoncées, le monde du business devra changer lui aussi."

Un titre qui rejoint et résume notre démarche de réflexion engagée dans le cadre de Catastrophic Cities

Parmi les propos de R. Pachauri, j'ai particulièrement relevé ses commentaires sur la Nano de Tata et la nécessité d'inventer un nouveau modèle de développement. "Cette voiture tient du cauchemar, syndrome du fiasco des politiques de transport public. Les pays en développement ou émergents sont imprégnés par les images de prospérité des pays riches. Leur imaginaire baigne dans la consommation, la culture occidentale ; difficile de changer ces modèles-là. D’autant que la croissance a permis à une partie de cette population d’avoir les moyens de changer de niveau de vie. Il faut pourtant faire comprendre que le contexte global a changé. Que les vieux paramètres d’une croissance tirant le développement ne suffisent plus. Qu’il faut changer de curseur de compréhension du monde, sauf à faire porter un fardeau insupportable à la Terre. Que les citoyens des pays développés changent aussi leur comportement consumériste."

Sur les catastrophes, voir aussi la dernière livraison de la revue Esprit intitulée "Le Temps des catastrophes". Sommaire complet et extraits d'articles



Ci dessous extrait de l'introduction du dossier rédigée par le Groupe 2040 qui - j'espère - vous donnera envie d'aller plus loin en vous procurant la revue.

"NOTRE temps semble être celui non pas seulement de « la » mais des catastrophes, climatiques, économiques ou politiques, sociales ou médicales. Cette diversité de catastrophes non seulement nous oblige à les prendre en considération mais nous permet également de les penser et de mesurer les différents usages politiques qui en sont faits." (...)

"Chaque catastrophe n’est-elle pas par principe un événement absolu ? Non pas un risque un peu plus grand qui ébranlerait un peu plus la vie, et contre lequel il faudrait un surcroît relatif de protection, mais au contraire autre chose qu’un simple risque, qui menace jusqu’à l’existence de la collectivité, de l’espèce ou de la nature, et qui ébranle non seulement l’efficacité de la protection mais sa possibilité et ses principes mêmes, éthiques, juridiques, politiques ? En tant que rupture du cours ordinaire de l’histoire, subite et aux effets incalculables, la catastrophe atteint le statut d’événement pur. Une catastrophe est ce dont on se prémunit à défaut de le comprendre. Elle réoriente ainsi toute l’action vers la prévention jusqu’à faire perdre de vue autre chose que l’anticipation du mal ; on est au cœur de l’idéologie de la sécurité largo sensu. Le discours sur les catastrophes fait office de réorganisateur du discours politique et de l’action politique. L’idée de catastrophe semble occuper la place que remplissait hier l’idée de révolution. À travers elle on peut réarticuler la victimité, identifier les nouvelles attentes à l’égard du pouvoir.

Face aux catastrophes (ou plutôt aux discours sur les catastrophes), il faut tenter d’échapper autant à la lamentation qu’à la fascination, autant à la déploration qu’à la sidération.
."

Texte complet

Et ne pas oublier notre Atelier du 23 mai prochain avec le philosophe Jean-Pierre Dupuy, membre du groupe 2040, sur le thème "Et si on avait pas assez peur ?"