Un contexte qui explique, en partie, la fascination qu'exercent les containers sur le couple Valérie Gutierrez et Laurent Portefaix, installés à H-K depuis une petite dizaine d'années, et fondateurs de MAP Office. (Sur leurs activités, voir, entre autres, là et là)
Cela fait plusieurs années que ces français installés à HK réfléchissent, entre autres, aux liens entre architecture et containers.
MAP présente d'ailleurs actuellement à la Biennale d'architecture de Venise, une installation appelée Underneath: Life with the Continuous Monument of China. ( images ci-dessous)
C'est donc de façon presque assez naturelle, qu'ils ont aussi réfléchi au Légo avec LEGO CITY / Plan-it-Yourself, dont vous trouverez ci-dessous les principales visions.
Ces images m'ont immédiatement fait penser à deux romans que je vous propose des extraits ci-dessous, comme des légendes lumineuses aux images de ce post.
PLAN D'OCCUPATION D'UN SOL MOUVANT
in “Exemplaire de démonstration” de Philippe Vasset - ed. Fayard 2003
(...) “Sur les docks, les empilements de containers s’intégrent parfaitement dans les perspectives des barres d’immeubles de la banlieue de Rotterdam, toute proche. Même tons - bleus et bordeaux pour les caisses comme pour la cité-, mêmes numéros- d’immatriculation ou d’escalier -, mêmes grues, mêmes tirets de néons ponctuant l’alignement, mêmes silhouettes qui errent et griffonnent les parois.
A moins que les containers ne reproduisent l’agencement des banlieues lointaines où ils ont été chargés, et que, sur les docks, s’offre un brève image des cités d’Abidjan ou de Kuala Lumpur.
Des friches portuaires qui auraient fugitivement traversé les océans pour devenir, quelques heures, le reflet exacte d’autres friches. Toute une ville sur le port, démembrée au matin, quand les blocs aveugles de marchandises sont chargés sur les palettes des camions fumants qui les attendent à quelques mètres" (...)
DES VILLES-CONTAINERS
in “Le Successeur de Pierre” de Jean-Michel Truong - ed. Denoël 1999
"Dans le port, pareilles à des girafes démesurées écartant leurs pattes pour broutter, les grues automatiques déchargeaient les barges en provenance des pouponnières. Sitôt débarqués, les cocons étaient transbordés sur des convoyeurs téléguidés, hissés au faîte de l’édifice, et soudés aux alvéoles qui les attendaient.” (...)
Vu de l’extérieur, c’étaient des containers, en tout point semblables à ceux utilisés pour le transport des marchandise. A l’intérieur, ils étaient aménagés comme des caravanes. On les empilait au fur et à mesure sur les aires de stockage. Une fois en place, on les brancahit aux circuits d’air conditionné, d’eau, d’électricité, d’évacuation des effluent, puis on les connectait au web.(...)
“Ces mégalopoles ressemblaient aux terminaux de fret de Marseille, Rotterdam ou Hong-Kong, montagnes de métal desservies par des myriades d’engins. En raison de leurs dimensions pharaoniques (certains) les avaient nommées “pyramides”, bien que leurs sommets tronqués évoquassent davantage les ziggourats assyriennes.
Typiquement, on comptaient dix milions d’occupants par “unité de survie”, mais le plus gigantesque de ces amoncellements - trois kilomètres de côté, douze cents mètres d’altitude - en abritait quarante cinq milions (...) la population entière des Etats-unis était concentrée dans onze pyramides, celle de la France dans trois, tandis que le peuple nippon tenait tout entier dans cinq.”
PS / Et si c'était cela un chantier de construction demain ? Voir là et là.