La voile est, juste devant le rugby, le plus beau sport du monde. Un sport qui n'engendre que pur bonheur surtout quand la baston est là ! En tout cas, moi, j'adore cela.
Le problème c'est que lorsque les condition sont extrêmes, comme cela arrive parfois dans le sud Pacifique, les bateaux mêmes les mieux équilibrés et les mieux préparés se retournent et ... restent retournés. La mésaventure est arrivée, notamment, à Thierry Dubois lors du Vendée Globe Challenge de 1997 (photo ci-dessus) mais aussi à d'autres lors de cette même édition.
C'est dans ce contexte qu'il fut décidé que les monocoques de la jauge IMOCA devraient être dotés de "escape hatch" installés dans le tableau arrière du bateau (voir l'image ci-dessous), à l'image des trappes d'évacuation équipant les multicoques depuis de nombreuses années (voir là).
Le seul hic de ce système est que, quand le tableau arrière du bateau est noyé sous l'eau, le navigateur peut être bloqué dans la coque. C'est ce qui est arrivé à Jean Le Cam l'hivers dernier (voir là).
Si je vous parle de cela aujourd'hui, ce n'est évidement pas pour vous faire un exposé sur les conditions de sécurité des 60 pieds, mais pour revenir sur une des conséquences des inondations déclenchées par Katrina en 2005 à la Nouvelle Orléans.
Les photos vous les connaissez tous, mais je voudrais revenir sur certaines d'entre elles, et notamment les deux juste ci-dessus. Deux photos qui montrent une réalité a priori banales lors de grandes inondations - des gens sur des toits - mais qui annoncent une petite révolution architecturale montrant combien les catastrophes naturelles pourraient peu à peu changer nos façons de concevoir les bâtiments dans le futur.
Je m'explique.
S'interroger sur les conséquences urbaines des catastrophes, les américains savent très bien le faire et ils ont même ces dernières années lancé sur ce sujet un certain nombre de concours, dont on a déjà parlé là et là, notamment.
Aujourd'hui, on sort de la prospective et de la fiction pour découvrir de quelle façon ils tentent de réparer les énormes dégâts subis par la Nouvelle-Orléans et sa région et la façon dont ils envisagent de recontruire notamment des centaines de villas.
L'administration Bush ayant été d'une rare incompétence, non seulement dans les secours mais aussi dans l'aide à la reconstruction, ce sont surtout des associations privées qui ont entrepris ce travail. parmi elles, la fondation Make It Right fondée par Brad Pitt et qui s'est donnée pour but de proposer de nouvelles architectures et de nouveaux principes constructifs plus adaptés aux menaces d'ouragans et d'inondations propre à la région.
Après un concours international, huit types de maisons ont été retenus, dont certaines sont déjà construites (voir là)
Et parmi ces maisons, celle ci-dessous, qui comme les autres est supposée être "stronger, safer, and storm-resistant".
Le look, notamment du fait des pilotis, fait plus penser à une réinterprétation des maisons traditionnelles cambodgiennes qu'aux villas de la suburbia américaine, mais ce n'est pas ce qui m'a le plus marqué.
Ce qui m'a le plus marqué c'est, en effet, l'installation sur le toit d'un "rooftop access" à l'image des "escape hatch" des voiliers, et ce pour exactement les mêmes raisons, comme le montrent les explications ci-dessous.
En toute logique, si les maisons commencent à se doter des mêmes systèmes de sécurité que les voiliers de course, l'étape suivante devrait être la construction de maisons flottantes.
Et c'est d'ailleurs ce qu'a commencé à faire la fondation MIR avec son projet de FLOAT House conçue par l'architecte Thom Mayne avec des étudiants de UCLA (voir là). Pour plus de détails sur ce projet, voir "Floating house could ride New Orleans' floods ".
Si ce projet allait jusqu'au bout c'est à dire en étant construit à des dizaines d'exemplaires, et qu'un jour une immense inondation devait frapper de nouveau la Nouvelle Orléans, on retrouverait peut-être en Louisiane les images que l'on peut déjà voir à Sausalito Bay ou à Seattle (photo ci-dessous).
Toutes les explications là et les solutions techniques déjà là.
L'étape encore suivante étant, peut-être, des villes entièrement flottantes comme là ?
Sur ce sujet, voir aussi vers de nouvelles relations entre la mer et les villes ?
PS / Et pour les amateurs de hard science fiction, vous pouvez toujours vous jeter sur les très bons Flood et Ark de Stephen Baxter