Friday, February 05, 2010

LA VOITURE COMME PLATEFORME COLLABORATIVE

Suite à mon récent post "Comment vendre une voiture aux 16-23 ans en 2030 ?", je voulais vous proposer quelques extraits de l'interview qu'Anne Asensio, vice-présidente Design Experience chez Dassault Systèmes et ex-designer de chez Renault et G-M, vient d'accorder au Monde.

"Les jeunes générations (25-35 ans) ont l'habitude de customiser, de personnaliser tout ce qu'ils possèdent, de leur téléphone à leur page Web. Le carry over part, qui consiste à mettre les mêmes accessoires sur toutes les lignes de modèles, est devenu une sorte d'agression pour le client.
Les objets nomades qu'ils utilisent au quotidien s'adaptent à leur style de vie. La voiture ne peut pas faire exception à cette règle. C'est pourquoi il est devenu essentiel - mais c'est vrai pour tous les biens industriels -, de placer l'utilisateur au coeur de la conception
."

"Internet nous permet d'accéder à des informations concernant des consommateurs. La difficulté est de savoir comment les utiliser, les exploiter, les interpréter et les mettre en amont de la conception."

"Grâce à Internet, à la 3D ou à la virtualisation, nous créons des applications qui permettront à quiconque, via des expériences très réalistes, d'interagir avec un véhicule avant de se lancer dans la conception d'une voiture.
Au final, on pourra décider si telle voiture à un "droit d'existence", et éviter de produire pour remplir des showrooms ou des parkings de véhicules que l'on veut imposer aux gens. Certains constructeurs sont déjà en train de tester ces outils. Ils vont se répandre très vite. Ça, c'est du développement durable à son niveau optimal
."

"Jusqu'alors, on concevait les voitures à partir d'une succession de contenus fonctionnels définis par des ingénieurs. Puis, épaulé par des spécialistes du marketing avancé, le designer a défini les produits à partir du style de vie des gens, de leurs usages et non pas à partir de ce que l'usine peut produire. Cela a créé une tension. Les matériaux statistiques définis à partir d'une segmentation de la clientèle (cadre supérieur parisien, retraité de province, femme au foyer...) sont devenus obsolètes."

"Demain, ce n'est ni l'électrique, ni la pile à combustible, ni le thermique qui l'emportera : c'est un peu tout cela. Les automobilistes configureront leur voiture en fonction de leurs besoins."

En soi rien de très nouveaux notamment pour ceux qui suivent depuis plusieurs années les travaux de Transit-City sur ces questions des nouveaux imaginaires automobiles, (voir entre autres, Voiture : du produit au service ? ou Pourquoi la voiture a-t-elle aussi peu évolué depuis 50 ans ?), mais cela a le mérite d'être dit clairement par une personne qui a fait toute sa carrière dans l'industrie automobile ... et qui en a compris toutes les limites.

Question pour finir : Et si Dassault était sur le point de devenir le principal bénéficiaire des nouveaux rapports entre voitures et jeux vidéo ? (voir , et )