"J’ai éprouvé un petit serrement au cœur en écoutant toutes ces personnes importantes parler de la smart city, parce que la ville, autrefois, était le domaine exclusif des architectes, mais ces gens-là se la sont tout simplement appropriée. Ce transfert d’autorité s’est fait grâce à une ruse habile, en déclarant la ville intelligente, alors que, ce faisant, on la condamne à être stupide. (...)
"Les arguments en faveur de la ville intelligente seraient plus convaincants si les compagnies de haute technologie avaient choisi de s’établir dans des lieux propres à servir de modèles pour la ville. Mais allez voir la Silicon Valley : les plus grands innovateurs du monde informatique se sont créé un environnement fade et banal de banlieue américaine, qui devient de plus en plus autonome, insulaire, déconnecté de la sphère publique." (...)
Les architectes ont arrêté d’écrire des manifestes au moment où la domination de l’économie de marché s’est affirmée. Nous avons cessé de réfléchir à la ville au moment où la croissance urbaine s’est accrue de façon spectaculaire dans les pays en développement. Le triomphe de la ville coïncide exactement avec la fin de nos réflexions sur elle. Le concept de smart city s’est engouffré dans ce vide. L’implication d’entreprises privées dans ce domaine est en train de faire évoluer la notion de ville elle-même. Ce n’est sans doute pas un hasard si, de plus en plus, des villes « vivables » ou « agréables » – sans relief –, comme Vancouver, Melbourne ou même Perth, prennent la place, dans notre imaginaire, des métropoles traditionnelles. (...)
La voiture est un élément fondamental de la ville intelligente. À son bord, on trouve des capteurs de plus en plus sophistiqués. Certes, ces appareils peuvent aider le conducteur, mais ils peuvent aussi le surveiller de très près. Je ne suis pas convaincu que le public accepte un tel niveau de surveillance. Je crois préférable que la voiture ne soit pas un tribunal." (...)
Quelques lignes extraites de "Études sur (ce qui s'appelait autrefois) la ville", le dernier opus du toujours stimulant Rem Koolhaas.
On peux y lire le désarroi d'un architecte qui comprend que la ville n'est plus de la compétence des seuls architectes, car la ville c'est pas du bâti... mais aussi et surtout du flux - voir, là. Et que c'est pour cela que le discours totalement insupportable sur la la smart city a pu s'imposer.
On peut y voir une analyse a priori pas fausse sur la voiture autonome - "un outil de surveillance" -, mais qui loupe l'essentiel. A savoir que la voiture autonome ne sera plus une voiture... mais une pièce mobile, et donc une question d'architecture - voir, là.
Et moi personnellement, j'aimerai bien voir ce que pourrait être une voiture autonome dessinée par Koolhaas.
On peux y lire le désarroi d'un architecte qui comprend que la ville n'est plus de la compétence des seuls architectes, car la ville c'est pas du bâti... mais aussi et surtout du flux - voir, là. Et que c'est pour cela que le discours totalement insupportable sur la la smart city a pu s'imposer.
On peut y voir une analyse a priori pas fausse sur la voiture autonome - "un outil de surveillance" -, mais qui loupe l'essentiel. A savoir que la voiture autonome ne sera plus une voiture... mais une pièce mobile, et donc une question d'architecture - voir, là.
Et moi personnellement, j'aimerai bien voir ce que pourrait être une voiture autonome dessinée par Koolhaas.