Tuesday, March 30, 2010

ET SI DEMAIN, ON AVAIT TOUS UN WAGON PRIVÉ ?





Lorsqu'au début du XX° siècle - entre 1903 et 1913 précisément - furent creusés sous Park Avenue les tunnels qui allaient abriter les voies ferrées menant à la nouvelle Grand Central Station, le New York Central Railroad avait acquis une grande partie des sous-sols proches de la gare. Parmi ceux-ci, il y avait notamment ceux installés sous le bloc dessiné par la 49 St, la 50 St, Park Avenue et Lexington Ave.

C'est sur ce bloc que fut construit entre 1929-1931, le nouveau Waldorf-Astoria, l'ancien ayant du être détruit pour laisser place à la construction du fameux Empire State Building.

Informés des infrastructures ferroviaires passant sous leur futur bâtiment, les promoteurs de l'hôtel décidèrent alors d'acquérir une partie de ces sous-sols afin d'y installer une gare qui serait réservée aux riches clients disposant, comme cela arrivait souvent à l'époque, de leur propre wagon privé. (voir les images ci-dessus, et notamment l'illustration des soubassements de l'hôtel).

L'histoire de cette gare est très bien racontée , l'histoire du Waldorf Astoria étant, elle, à lire dans l'incontournable "Delirious New-York" de Rem Koolhaas.

Aujourd'hui cette gare est évidement fermée (voir ), et n'a refait les Unes de la presse locale new-yorkaise que lorsque les services secrets américains imaginèrent, en 2002, la réouvrir pour évacuer en cas de menaces terroristes, le président W. Bush, qui résidait alors à l'hôtel à l'occasion d'une séance de l'ONU consacrée à ce qui allait devenir la pitoyable deuxième "Guerre du Golf" (voir "Bush ‘escape train’ under New York City hotel").

Si les voitures privées ont disparu aujourd'hui, il faut se souvenir qu'à la fin du du XIX° siècle, elles étaient très utilisées par les franges les plus aisées et les plus voyageuses du pays.

Le grand initiateur de ce phénomène fut George Pullman, qui avait rapidement compris que, du fait de la taille des Etats-Unis et de la longueur des voyages que cela induisait, il fallait penser le train comme un véritable "hôtel roulant".


"Les trains de luxe américains atteignirent un tel niveau qu'ils parvinrent à rivaliser avec le confort offert en première classe sur les grands paquebots transatlantique", peut-on lire dans "L'Atlas des trains" qui revient longuement sur l'histoire de ces voitures privées.
"Les chemins de fer jouissant d'un tel prestige à la fin du XIX° siècle, non seulement dans la vie quotidienne des Américains, mais aussi dans le monde financier et industriel, il s'ensuivit que la possession d'une voiture Pullman privée apparut comme la consécration sociale la plus enviable. (...) La plupart des voitures privées se conformèrent à une disposition standard : on y trouvait une spacieuse salle à manger, la chambre du maître des lieux, trois ou quatre chambres d'hôtes plus petites, une cuisine et les quartiers du personnels qui comprenait au moins un chef cuisinier et un maître d'hôtel."
Le modèle de la voiture privée ne marcha jamais en Europe, du fait notamment de la qualité du réseau de trains de luxe dont l'exploitation avait été inaugurée en 1883 par l'Orient-Express, puis largement développée ensuite par la puissante Compagnie internationale des wagons-lits.

Cette idée de wagons privés m'a toujours beaucoup plu et toujours semblé pouvoir être un idéal pour un XXI° siècle plus nomade et écolo. Et je pense ne pas être le seul à partager cette idée, comme le prouve, entre autre autres, le superbe projet Skyscraper for Train Wagons in Europe illustré ci-dessous. Voilà comment Etienne Feher, son concepteur le présente.
"The idea behind this project is traveling through Europe. The aim is to discover four major cities within the continent in your own customized wagon. One begins in Paris, continues to Berlin, Budapest, and then Geneva. Four skyscrapers are constructed in each of these cities.
These skyscrapers are mere structures receiving and discharging nomadic wagons.
The wagons are apartments.
The structures are placed next to the train stations, allowing for a mechanism to pull the wagons into the structure and raising them. Inhabitants have the luxury of changing every four months their point of view, and location. The idea revolves around a rotating process, whereby each wagon moves to the next city, followed by another wagon taking its place in the structure.
These skyscrapers are mere structures receiving and discharging nomadic wagons.
The wagons are apartments. The structures are placed next to the train stations, allowing for a mechanism to pull the wagons into the structure and raising them. Inhabitants have the luxury of changing every four months their point of view, and location. The idea revolves around a rotating process, whereby each wagon moves to the next city, followed by another wagon taking its place in the structure."



C'est la version hyper-nomade de l'idéal du Waldor-Astoria revue et corrigée par Pullman. Mais c'est aussi magique et formidablement porteur de rêves, surtout quand on met ces visions en résonance avec les projets chinois de trains trans-continentaux (voir ).

Le début du XXI° s'annonce comme l'ère de la réinvention du train. C'est une très très bonne nouvelle, et j'y reviens très bientôt dans de futurs posts.