Saturday, March 27, 2010

(OUT OF) CONTROL

Ces photos pourraient être, d'une certaine façon, l'illustration de Road traffic : the modern killer.

Elles sont issues de la série « Garage » de l'artiste allemande Ricarda Roggan actuellement présentée dans le cadre de très stimulante "Biennale internationale de la Photographie " de Liége qui a pour thème cette année "(Out of) control". (Plus )

Ces clichés, inspirés de l'univers de la morgue, sont juste la face cachée du rêve automobile que l'on entraperçoit parfois en entrant dans un garage, avant que ces épaves ne partent à la casse.

Sans être un accroc du "Crash" de J.G. Ballard, j'avoue que la vision d'une carcasse automobile engendre souvent chez moi à la fois un mélange d'horreur mais aussi de fascination. D'ou probablement mon goût pour les premières versions du jeu "Burn Out", dont le but était justement de déclencher des accidents et donc de casser le plus grand nombre de voitures possible.

Jeu très pervers, mais qui montre que si celui-ci a été créé dans différentes versions qui se sont toutes très bien vendues, c'est qu'il répond à un fantasme destructeur partagé par beaucoup d'entre nous. D'où, sans doute, mon besoin de vous proposer, ci-dessous, un court extrait de "Crash".
« Je pense maintenant aux autres accidents que nous nous décrivions, aux morts absurdes des blessés, des mutilés et des traumatisés.

Je pense aux accidents de psychopathes, accidents peu plausibles, accomplis dans le dégoût de soi et le ressentiment; méchantes collisions multiples mises au point dans des voitures volées, sur l'autoroute du soir, entre employés de bureau fatigués.

Je pense aux accidents insensés de ménagères neurasthéniques rentrant de l'institut prophylactique et se jetant sur des voitures garées dans des rues de banlieue.

Je pense aux accidents de schizophrènes excités heurtant de front des camionnettes de blanchisserie venant juste de caler dans une rue à sens unique, à ceux de maniaques dépressifs broyés lors d'inutiles demi-tours sur les bretelles d'accès aux autoroutes, à ceux de paranoïaques malchanceux percutant un mur de brique au bout d'une impasse signalée, à ceux de bonnes d'enfants sadiques décapitées dans leurs voitures retournées sur de complexes échangeurs, à ceux de gérantes de supermarché lesbiennes brûlées vives dans la carcasse défoncée de leurs mini-voitures sous le regard stoïque de pompiers d'âge mûr, à ceux d'enfants autistes écrasés lors de collisions par l'arrière (leur regard moins meurtri dans la mort), à ceux de débiles mentaux prisonniers de leur autocar et coulant dans un canal le long d'une route, au coeur d'une zone industrielle.
 »