Saturday, March 13, 2010

FROM BANGKOK TO LONDON WITH A CHINESE HIGH SPEED TRAIN ?


Hualampong, la gare de Bangkok, rêve de devenir l'un des points névralgiques du transport transasiatique et même, dans les dix ans à venir, un pont entre l'Europe et l'Asie.

Moscou reliée à Séoul, Singapour à Kunming, capitale du Yunnan, dans le sud de la Chine, c'est la trajectoire prévue du TAR, le Trans Asian Railway, reliant l'ouest à l'est : un corridor au nord pour rapprocher les nations de l'Europe de l'Est, via la Russie ; un autre, au sud, pour faire le lien entre le Bengladesh, via le sous-continent indien, l'Iran et Istambul.

Puis un tunnel creusé aux porte de la capitale turque, sous le passage du boeuf, le détroit de Bosphore, entre la mer de Marmara et la mer Noire, permettra d'achever l'ambitieux tracé transcontinental
. ” Voir la carte, .
Voilà ce qu'écrivaient Cyril Payen et Florence Compain dans leur excellent « Bangkok, la nuit », paru chez Picquier en 2006. Je me souviens très bien que quand j'ai lu ces lignes au printemps 2007 dans un train de nuit thaïlandais, entre Bangkok et Chiang Maï, j'avais trouvé cela à la fois merveilleux ( j'adore les longs voyages en train et la Prose du Transsibérien de Cendrars est une vieille passion littéraire.), mais aussi malheureusement assez utopique.

C'était une erreur de ma part, car j'avais largement sous-estimé, à l'époque, le formidable appétit des Chinois pour le train à grande vitesse et surtout leur capacité à construire aussi rapidement un vrai réseau dédié à la grande vitesse.

Aujourd'hui, leurs "TGV" circulent déjà entre Wuhan-Guangzhou à 350 km/h avec un grand succès commercial (voir "trains on the Wuhan-Guangzhou line were 98% full", ), et silloneront tout l'est du territoire d'ici quelques années. (voir la carte et des commentaires américains très admiratifs, )

Après le Japon avec ses Shinkansen et Taiwan avec son Taiwan High Speed Rail, c'est donc toute une partie de l'Asie qui bascule aujourd'hui dans la grande vitesse ferroviaire (voir la carte, ).

Et ceci n'est qu'un début avant une expansion vers l'Europe, via l'Inde et les pays arabes. Il y a quelques jours le Sydney Morning Herald révélait, en effet, dans un papier titré "High-speed rail plan to link China to Europe" que la Chine envisageait de bâtir d'ici dix ans trois réseaux reliant l'Europe à l'Asie.

Voilà les faits :
"China is in negotiations with 17 countries to build a high-speed rail network to India and Europe with trains capable of running at more than 320 km/h within the next 10 years.
One network would run from London to Beijing and then to Singapore, according to Wang Mengshu, a member of the Chinese Academy of Engineering.

A second project would carry trains through Russia to Germany and into the European railway system, and a third line would extend south to connect Vietnam, Thailand, Burma and Malaysia.

Passengers could board a train in London and step off in Beijing, 8160 kilometres away as the crow flies, in just two days.

''The best-case scenario is that the three networks will be completed in a decade,'' Mr Wang said
."
Il y a encore peu de temps, j'aurai souri en me disant "Belle idée, mais pas très réaliste", comme je l'ai fait en lisant l'article sur le Trans Asian Railway dont je vous parlais au début de ce post.

Aujourd'hui, je souris, mais pas pour la même raison. Je souris de plaisir et de gourmandise non seulement parce que je trouve cette idée de réinventer le voyage au long cours en train merveilleuse, mais aussi - et surtout - parce que les Chinois nous ont montré en quelques années qu'ils étaient capables d'impulser et de réaliser les projets les plus fous. Et si on sait que le voyage aérien va être très fragilisé dans les décennies qui viennent (voir, et ), il manquait encore cette volonté politique et cette capacité économique de faire du train une véritable alternative à l'aérien sur les trajets trans-continentaux (même si en 2005 la SNCF avait relancé cette belle idée, voir ).

Alors, bien sur, les Chinois ne vont pas pouvoir tout faire, et ce projet ne pourra se construire qu'avec une forte collaborations des 17 pays traversés. Reste qu'aujourd'hui leur pouvoir d'impulsion et leur récente maîtrise de la grande vitesse vont en faire, , dans les années qui viennent, des acteurs incontournable de ce secteur.

Lors de notre Atelier organisé sur le thème "Et cela ressemblera à quoi le voyage dans 25 ans ?", nous avions largement évoqué cette hypothèse de la renaissance des trans-continentaux, mais - honnêtement - nous n'avions pas imaginé que ce genre de projets arriverait aussi vite.

L'autre très bonne nouvelle est que ce type de visions va obliger les industriels et les exploitants à repenser l'aménagement intérieur des trains en s'inspirant sans doute de modèles ferroviaires que l'on croyait oubliés, comme ces merveilleux trains américains des années 30 et 40 qu'admirait tant Le Corbusier (voir, )

Pour continuer à réfléchir sur le sujet, vous pouvez toujours jetez un coup d'oeil, , et .