"Le fondé de pouvoir se pencha sur le côté, se racla la gorge et cracha dans une coupelle en tôle qui était à ses pieds "Enfin, bon, fit-il pour finir. L'entreprise Bittermann & Fils a construit dix sept téléphériques, et tu peux me croire que ce ne seront pas les derniers. Les gens ne pensent qu'à glisser sur les montagnes avec leurs planches." Il repoussa sa coupelle sous son bureau du bout de sa chaussure et dévisagea Egger d'un air sévère. "Dieu seul sait pourquoi ! dit-il. Quoi qu'il en soit, il faut assurer la maintenance, vérifier les câbles, graisser les rouages, entretenir les toits des bennes et cetera. Tu n'as pas besoin d'avoir toujours la terre ferme sous les pieds, que je sache ?" - J'crois pas, dit Egger. - Alors c'est bon", conclut le fondé de pouvoir."
"Une Vie entière" (Ein Ganzes leben) - Robert Seethaler
On peut souhaiter que la montagne s'engage dans une nouvelle phase de développement et d'aménagement - voir là et là - sans pour autant rester insensible à la prodigieuse révolution industrielle qu'ont connue les massifs alpins pendant la première moitié du XX° siècle. C'est cette histoire que raconte le très émouvant "Une Vie entière" de Robert Seethaler à travers la figure d'un certain Andreas Egger.
C'est juste magnifique.
