Et si, loin d'être une exception, Las Vegas n'était au contraire qu'une synthèse des grandes règles du développement urbain du XXI° siècle ?
avec : Bruce Bégout, auteur de Zéropolis.
Véritable célébration du faux et du kitsch réunis, Las Vegas a toujours fasciné les architectes et les urbanistes.
Dans son célèbre livre Learning from Las Vegas paru en 1972, Robert Venturi tentait même de démontrer que pour la première fois dans l'histoire urbaine, l'espace d'une ville n'était plus dominé par l'architecture, mais par le "signe".
La construction de mega hôtels s'inspirant directement de vraies villes (comme le New York New York ouvert en 1997, ou le Paris ouvert en 1999) ou d'une nature idéalisée (fausse île tropicale au Mandalay bay, faux ciel au Caesar's Palace) semblait confirmer cette tendance faisant de Las Vegas une ville totalement à part, peu dupliquable si ce n'est - peut-être - dans certains quartiers de Dubaï, Macao, Singapour ou Tokyo.
Mais si à l'opposé de cette opinion largement dominante, on considérait que Las Vegas était au contraire une ville totalement banale dont la seule originalité n'était en fait que de concentrer sur quelques acres toutes les nouvelles recettes du développement urbain ?
C'est ce que fait en tout cas - et avec beaucoup de talent - le philosophe Bruce Bégout dans son excellent livre Zéropolis qui estime que "la culture consumériste et ludique qui a transfiguré Las Vegas depuis trente ans gagne chaque jour plus de terrain dans notre rapport quotidien à la ville, où que nous vivions".
Pour lui, les choses sont claires : "Ce qui s'est mis en place au coeur du désert de Mojave, la surpuissance de l'entertainment qui dicte le cours de la vie, l'organisation de la ville en fonction des galeries marchandes et des parcs d'attractions, l'animation permanente qui règne jour et nuit dans les rues et les allées couvertes, l'architecture thématique qui mélange séduction commerciale et imaginaire enfantin (...) nous connaissons déjà tout cela et allons être amenés à le vivre de manière plus habituelle encore."
Une analyse que Bruce Bégout élargit en montrant comment Las Végas devient par ailleurs une vraie ville (c'est la ville qui a connu la plus forte croissance aux Etats-Unis depuis 10 ans...) porteuse de critères de développement qui sont loin d'être propres aux Etats-Unis : développement des « cités privées » (gated communities), privatisation de l'espace public, nature artificielle...
Les Ateliers Transit-City ont lieu au Pavillon de l'Arsenal de 8h45 à 11h
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