Cela fait maintenant plusieurs années que la Chine est devenue le support des visions prospectives des architectes trop à l'étroits en Europe ou en Amérique du Nord, et qui trouvent dans la croissance urbaine chinoise un nouveau terreau à leurs pulsions constructives. (Moi, je rêve de rencontrer un jour un architecte qui dise "Non, là, la meilleure solution serait de ne pas pas construire et de ne rien faire !" Evidement cela n'existe pas.)
Certains projets donnent parfois des images étonnantes, à défaut d'être forcément désirables. Je pense notamment à Beijing Boom Tower (voir photo ci-dessus) dont je vous ai déjà parlé, et qui propose une hyper-densité qui ferait presque passer celle de Hong-Kong pour une cité-jardin. On y retrouve, mais de façon plus clean, l'entassement et l'empilement de la défunte et fameuse walled city.
Si aujourd'hui Beijing n'est plus au coeur de toutes les préoccupations, d'autres villes lui succèdent, et notamment Shenzhen, la plus grande cité dortoir du monde située dans le delta de la rivière des Perles.
C'est probablement la ville qui a connu ces trois dernières décennies la plus forte croissance urbaine. Quand Deng Xiaoping décide, en effet, en 1980 de faire de cette zone une "zone économique spéciale", Shenzen n'est, à l'époque qu'un port de pèche de 30 000 habitants. Vingt huit ans plus tard, ce mariage entre le capitalisme le plus sauvage et la plus grande dictature de la planète, a donné naissance à une mégalopole de 15 millions d'habitants. Soit une croissance annuelle de + 28 % jusqu'en 2006, et d'à peine + 15 % en 2007 !!!
Alors évidement cela donne des idées constructives. Parmi tous les projets qui circulent actuellement dans les expos d'archi, j'ai relevé celui de JDS Architects, intitulé Shenzen Logistic City (SLC), visant construire pas moins de 2,5 millions de mètres carré (sic) dans une méga tour de 1 100 mètres de haut ! Evidement ce projet n'a aucune chance de se réaliser à court terme, mais montre qu'à nouveaux défis urbains répondent nouvelles réponses architecturales et nouvelles logiques urbaines
Sur le plan visuel cela donne les images ci-dessous, qui associent tous les marronniers de l'architecture actuelle. Verdure et éoliennes à tous les étages, le tout enrobé dans un esthétisme de promoteur.
Quand j'ai vu cela, j'ai tout de suite pensé à la fois aux images de Moebius dans l'Incal (voir là et là) mais aussi aux nombreuses représentations de la Tour de Babel, inspirées des ziggourats. Moi évidement je préfère les visions plus bordéliques et crapoteuses des peintres que les images aseptisées des cabinets d'architecture.
Mais si je vous parle de ce projet, c'est, de façon paradoxale, non pas pour ce qu'il nous dit, mais pour ce qu'il nous dit pas de Shenzen aujourd'hui.
En effet, pour justifier son projet SLC, JDS Architects nous explique avec des photos aériennes datant de 1988 et 1996 que la croissance de la ville se fait depuis 20 ans sur la mer via d'importants travaux de poldérisation, et que pour lutter contre cet étalement, il faudrait mieux construire en hauteur.
Voir ci-dessous les gains sur le mer avec les photos de 1988 et 1996.
Pour mieux comprendre, j'ai foncé sur Google Earth pour voir comment cela avait évolué depuis 1996. Les images sont ci-dessous, et parlent d'elles-mêmes.
Oui, c'est impressionnant. Et c'est comme cela qu'à l'occasion d'un projet de tour, on découvre que les Chinois ont fait, en gros, en trente ans ce que les Hollandais ont fait en trois cents ans !!!
La question que je me pose est simple : c'est quoi la croissance urbaine demain en Asie, les ziggourats ou les polders ? La réponse est sans doute "les deux", comme à Hong-Kong, Singapour et Dubaï. C'est juste une nouvelle étape de la croissance urbaine comme on en a jamais connu tant par sa rapidité que par son ampleur.
Rappelons qu'en 1979, quand Deng Xiaoping lance sa politique et donc la croissance de Shenzen, 82% des Chinois étaient paysans. En 2050, 70% de la population sera urbaine. Rappelons aussi une autre réalité trop souvent oubliée, les 2/3 de la surface des villes et des zones industrielles actuelles, étaient encore des terres agricoles en 1980.
Offshoring Audacity
Voir sur ce sujet des nouvelles croissances urbaine hors-Occident, la conférence qui aura lieu le 8 novembre prochain à Chicago sur le thème Offshoring Audacity.
Voilà comment le débat est posé : Look abroad: whole cities are planned, built, and inhabited in less than a generation. Artificial islands, indoor ski slopes, and the world’s tallest this-and-that are being constructed, not in the West, but in the Middle East, China, and beyond. The result: a sense that the West’s cities are falling behind and, increasingly, watching from the sidelines. A dynamic panel will discuss the accuracy of this assessment of today’s architectural situation. What are the urban implications of so-called offshoring audacity, and how can the phenomenon be described without resorting to nationalism, nostalgia, or even uncritical celebration?
Participera, entre autres, à cette rencontre Joseph Grima, l'auteur du récent et stimulant "Instant Asia: Fast Forward Through the Architecture of a Changing Continent".
Architecture, Mobilité, Nomadisme, Urbanisme, Nouveaux Imaginaires urbains, Nouvelles Fictions, Prospective, Nouveaux imaginaires du corps, Nouveaux imaginaires du sport
Thursday, October 30, 2008
Saturday, October 25, 2008
PIRANESE A BANGKOK
Aujourd'hui, Bangkok est certainement l'une des villes les plus intéressante en matière de centres commerciaux urbains.
Afin de concurrencer des villes comme Singapour et Hong-Kong, positionnées toutes les deux sur le créneau de la shopping city, la capitale thaïlandaise s'est, en effet, lancée depuis une quinzaine d'années dans un vaste programme de shopping mal dont les particularités sont d'être en centre ville, desservis par le sky train et se développant dans des espaces restreint et sur des hauteurs importantes. Soit en gros l'opposé total du mall américain de périphérie.
Sur le plan architectural, cela donne des espaces piranésiens d'un nouveau genre. Le Sian Paragon est, de côté là, l'un des plus élégant et des plus stimulant avec tout son jeu d'escalators se déployant et se croisant dans un espace d'une rare élégance. (photo a droite ci-dessus, et photos ci-dessous) C'est Roissy I, mais en beaucoup mieux !
Evidement quand vous découvrez cet espace, vous ne pouvez pas vous empêcher de faire des liens avec les échangeurs de Shanghaï ou certaines images de Moebius. (voir le montage ci-dessous)
Se dessine là, entre Shanghaï et Bangkok, les nouvelles formes d'un urbanisme asiatique fondé sur la densité, l'empilement et le croisement des mobilités qui entrent en résonances directe avec les visions urbains de Moebius et Dan O'Bannon dans une oeuvre comme le superbe Long Tomorrow
On y retrouve, mais de façon beaucoup plus joyeuse et colorée, les superbes visions piranésiennes qui restent toujours d'une actualité et d'une modernité étonnantes.
Afin de concurrencer des villes comme Singapour et Hong-Kong, positionnées toutes les deux sur le créneau de la shopping city, la capitale thaïlandaise s'est, en effet, lancée depuis une quinzaine d'années dans un vaste programme de shopping mal dont les particularités sont d'être en centre ville, desservis par le sky train et se développant dans des espaces restreint et sur des hauteurs importantes. Soit en gros l'opposé total du mall américain de périphérie.
Sur le plan architectural, cela donne des espaces piranésiens d'un nouveau genre. Le Sian Paragon est, de côté là, l'un des plus élégant et des plus stimulant avec tout son jeu d'escalators se déployant et se croisant dans un espace d'une rare élégance. (photo a droite ci-dessus, et photos ci-dessous) C'est Roissy I, mais en beaucoup mieux !
Evidement quand vous découvrez cet espace, vous ne pouvez pas vous empêcher de faire des liens avec les échangeurs de Shanghaï ou certaines images de Moebius. (voir le montage ci-dessous)
Se dessine là, entre Shanghaï et Bangkok, les nouvelles formes d'un urbanisme asiatique fondé sur la densité, l'empilement et le croisement des mobilités qui entrent en résonances directe avec les visions urbains de Moebius et Dan O'Bannon dans une oeuvre comme le superbe Long Tomorrow
On y retrouve, mais de façon beaucoup plus joyeuse et colorée, les superbes visions piranésiennes qui restent toujours d'une actualité et d'une modernité étonnantes.
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Friday, October 24, 2008
MEURTRE AU GUGGENHEIM
Un autre regard sur l'architecture du Guggenheim.
Plus là.
En voyant ces images de chute dans un tel contexte architectural, j'ai immédiatement pensé à la scène inaugurale de l'Incal, de Moebius et Jodorowski, et à sa réinterprétation dessinée par Janjetov dans Suicide Allée. J'ai toujours trouvé ces images de gouffre urbain absolument superbes et surtout génératrices de visions urbaines radicalement différentes et stimulantes.
Plus là.
En voyant ces images de chute dans un tel contexte architectural, j'ai immédiatement pensé à la scène inaugurale de l'Incal, de Moebius et Jodorowski, et à sa réinterprétation dessinée par Janjetov dans Suicide Allée. J'ai toujours trouvé ces images de gouffre urbain absolument superbes et surtout génératrices de visions urbaines radicalement différentes et stimulantes.
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New-York
Thursday, October 23, 2008
QUE SAVONS-NOUS DU MONDE ?
Voilà, un matin vous lisez dans la presse une critique de cinéma et vous tombez sur un texte qui rejoint totalement vos questions et vos interrogations sur notre connaissance du monde lointain ou proche.
Ce texte le voici
Ce texte le voici
Nous croyons tout savoir, nous avons l’illusion de tout comprendre, nous imaginons tout connaître. Chaînes d’infos en continu et innombrables magazines nous expliquent chaque jour le monde. Des sites web spécialisés par milliers font leur raison d’être d’une information avec laquelle nous pensons compléter le spectre de notre compréhension de ce monde.C'est un texte d'Olivier Séguret, publié dans Libération (in extenso là) à propos du film de Rabah Ameur-Zaïmeche, "Dernier Maquis".
Nous n’avons aucune excuse : une profusion de médias, de livres, de débats est là pour répondre à ce qui doit bien être une soif d’apprendre, savoir, comprendre. Mais en fait, un seul wagon du métro au matin et c’est le monde entier qui vous retourne comme une claque cette prétention. Nous vivons dans la plus crasse et élémentaire des ignorances à l’égard des peuples, sinon du peuple. Pourtant, nous en côtoyons toute une Babel. Et nous partons sans cesse en découvrir d’autres.
On visite aujourd’hui bien plus de pays et de peuples qu’autrefois et pourtant, nous ne savons toujours pas qui sont ces gens dans l’autobus. Les échanges (économiques, sexuels, musicaux) n’ont jamais été aussi nombreux, mais c’est comme si notre sensibilité décroissait à mesure de cette fréquence. Comme si notre savoir sociologique, culturel, politique, éventuellement touristique, n’avait aucune valeur. Plus on en sait, moins on y pige. Alors imaginez : une simple petite entreprise de banlieue avec son personnel ouvrier d’origine presque exclusivement immigrée... Y a-t-il plus proche et plus grand inconnu ? Question subsidiaire : mais au fait, si notre niveau en connaissance de l’autre est si mauvais, est-ce parce que nous sommes irrémédiablement nuls, ou parce que l’on se fait refourguer depuis toujours un enseignement, une information, de très mauvaise qualité ?
Wednesday, October 22, 2008
DE NY-LON-KONG A TO-KONG-BAï ?
Pour faire suite au précédent post, la couverture de Post American world, le dernier livre de Fareed Zakaria, et celle d'un récent Time qui résument à elles seules le basculement des références urbaines.
Où quand Hong-Kong devient l'illustration du déclin américain face à la montée en puissance de l'Asie.
La question est maintenant de savoir si, dans dix ans, le Time ne devra pas remplacer Ny-lon-kong par To-kong-baï, pour Tokyo, Hong-Kong et Dubaï ?
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Tuesday, October 21, 2008
NY-SHAN-TO
New-York ? Shanghai ? Tokyo ?
Entre mondialisation des codes urbains et modernité métisse, difficile parfois de comprendre où la talentueuse Floriane de Lassée a pris ses superbes clichés.
Entre mondialisation des codes urbains et modernité métisse, difficile parfois de comprendre où la talentueuse Floriane de Lassée a pris ses superbes clichés.
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Monday, October 20, 2008
POUR RELATIVISER NOS CRISES DE RICHES
Une carte, des chiffres et quatre photos de Jonas Bendiksen pour relativiser tous les discours sur les conséquences de la crise financière et économique actuelle et se rappeler que nous, Occidentaux, sommes encore des ultra-privilégiés.
Sunday, October 19, 2008
C'EST QUOI UN CHANTIER EN 2100 ?
La carte ci-dessus est celle des zones qui, en France, seraient totalement noyées sous l'eau si le niveau des mers augmentait de 2 mètres.
Question N°1 : comment construira-t-on les villes en 2100 si un tel scénario catastrophe se réalise ?
Personne ne le sait et ne se penche vraiment sur la question, sauf peut être les Hollandais qui, sur ce sujet, ont toujours eu une longueur d'avance (voir là)
Question N°2 : Et si c'était avec des photos comme celles ci-dessous venant de la société américaine Dockwise, qu'il fallait imaginer ce que seront les futurs chantiers des villes inondées de demain ?
On y retrouve l'esprit de certains grands travaux engagés pendant la seconde guerre mondiale par la Royal Navy, comme les étonnants, et toujours fascinants, Maunsell Forts qui sont, selon moi, parmi les plus belles réalisations de l'architecture moderne, au même titre que les plates-formes pétrolières. (Vidéo à voir là)
Et si c'était dans ces photos que se dessinaient l'urbanisme et l'architecture des villes inondées du futur ?
Sur ce sujet, voir aussi là.
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