Une photo, juste une photo.
On y voit quoi ?
Une cycliste ... entourée de 6 motos et 4 voitures.
Soit 10 machines polluantes
Soit 12 motards et probablement 16 automobilistes assis et qui ne font aucun effort physique.
Soit au total, 28 personnes qui ne font rien ... pour une qui pédale.
Cette photo c'est celle de la talentueuse cycliste hollandaise Demi Vollering lors d'une échappée dans une course au printemps dernier - là.
Question : combien de temps va-t-on pouvoir continuer à s'extasier sur la performance sportive sans s'intéresser aux externalités négatives du contexte de cette perf ?
Va-t-on pouvoir continuer à parler et à mesurer la performance sportive en ne se focalisant que sur la seule action du ou de la sportive, sans intégrer le coût économique et surtout écologique de cette perf ?
C'est la question que nous nous sommes posées devant cette photo.
La performance sportive n'est pas un absolu.
La performance sportive est une construction sociale.
Elle est le reflet des valeurs d'une époque.
La notion de performance sportive n'existait pas dans la Grèce antique.
Elle n'existait même nulle part jusqu'au XIX° siècle.
La notion de performance sportive n'apparait qu'avec l'invention du sport lors de la première révolution industrielle.
Nous vivons donc avec une notion de la performance qui date de deux siècles et qui s'est construite dans un contexte social et écologique très différent du notre.
Question : comment peut-on expliquer qu'alors que toutes les institutions et les valeurs sociales et politiques apparues au XIX° siécles soient aujourd'hui fortement remises en cause, la performance sportive, ses finalités comme ses outils, ne soit, elle, pas plus interrogée ?
Autre question : est-ce qu'il ne serait pas temps de construire un nouveau système de valeurs pour mesurer la performance sportive ?
Dit autrement : peut-on aujourd'hui continuer juste à regarder Demi Vollering sur un vélo en oubliant tout ce qui l'entoure ?